Yurodivy - Tell Me When The Party’s Over

Chronique CD album (42:46)

chronique Yurodivy - Tell Me When The Party’s Over

Yurodivy était une formation encore méconnue à mes oreilles jusqu’à ce que Zegema Beach Records ne fasse la lumière sur des Strasbourgeois.es dont la révélation tardive n’a pas manqué d’émoustiller l’auditeur de musique dépressogène que je suis. Evoluant dans un registre des plus métissé, Yurodivy nous sert sur cet engageant Tell Me When The Party’s Over un Post-Hardcore Skramzy monté sur un NoiseCore sur ressort.

En première instance ce qui a retenu mon attention c’est d’abord l’Artwork du skeud, son symbolisme froid et morbide, sa poésie tragique et la technophobie raisonnable qu’il inspire. Une image morbide et une atmosphère urbaine dont la teinte grise/bleutée rappelle beaucoup l'esthétique Post-Punk.

 

Il y a quelque chose de l’ordre de la simplicité et de la brutalité froide sur Tell Me When The Party’s Over, avec pourtant en contre point des moments d’une délicatesse et d’un raffinement absolu ; tout ça emballé dans un flot et un arsenal technique des plus chiadés.

Le combo propose une série de riffs hachés et sur la brèche à la guitare « Four Drones », « Don’t Define Me As A Pessimist », une série d’accalmies lyriques, intimistes et confidentielles où la langueur instrumentale est de règle « Algorithm », « Bad Habits » ; enfin des explosions hardcore lorsque la batterie met tous les éléments en branle « Achievement ». A noter aussi la fulgurance du solo tout en groove du bassiste sur « Citizen ». Un des nombreux chants est quant à lui assuré par le clone du regretté chanteur de Draft, Jean Marc. Un Screamer hors-pairs remercié à l’époque comme un mal propre (c’est notoire et su de toutes et tous depuis que Piotr Pavlenski a tout balancé à CoreandCo Webzine) … Un groupe qui n’aura pas longtemps survécu à telle trahison puisque déposant les armes après un quand bien même réussi Harmonic Distorsion.

 

Mais bref ne réouvrons pas les blessures du passé, le présent et l’actualité de Tell Me When The Party’s Over nous minent déjà bien assez le moral comme ça… et on en redemandera dans les heures qui viennent c’est sûr…Pour finir sur le chant, « At The End Of The Night » est sûrement le titre qui cristallise le mieux la diversité et la puissance tragique des sorties du/d’un des chanteurs. Son monologue vengeur en fin de piste nous invectivant avec l’horreur insupportable de ses émotions accompagné par un riffing qui va crescendo vers un explosif point de rupture nous emporte irrésistiblement.

 

Même si seulement trois titulaires figurent sur la feuille de match de Yurodivy, Tell Me When The Party’s Over est aussi une œuvre collective, avec sa ribambelle de Guest voice qui nous fait partager ses skills vocaux et ses tessitures d’une bien attachantes complémentarité. On a même l'intervention un peu surprenante d'un chant bluesy sur "Bad Habits". Une fulgurance blues plutôt originale, qui dénote beaucoup avec le reste et bien sûr rien n'y fera pour réchauffer la délétère froideur de "Tell Me When The Party's Over"

 

Des titres comme « Don’t Define Me As a Pessimist » ou encore « Bad Habits » font par moment penser – la production en moins - à No Vale Nada. Un Alter Ego et un rapprochement plutôt flatteur avec un groupe qui a su faire l’unanimité autour de lui en 2019. Seul petit regret donc, celui de constater les manques d’une production vraiment en retrait, modestement mise en place et peu vivace. Un manque de meussole et de dynamique pour un Post-Hardcore aussi dense que celui-ci mais une démarche qui privilégie l’authenticité DIY et la rudesse du propos donc au final on ne chouinera pas plus longtemps.

 

Yurodivy propose des ambiances, un riffing et des notes dont la force et la beauté sont aussi fragiles qu’inquiétantes. Les cordes lumineuses et à la fois menaçantes de « Four drones » en sont le parfait exemple. Des idées du trouble, de la vulnérabilité, des dissonances cognitives et instrumentales étayées par un propos qui sert à la perfection "l’œuvre" totale et maîtrisée qu’est Tell Me When The Party’s Over. Ce skeud est une expérience auditive délicate et glauque, puissante et profonde, trouble et déchirante et dont les conséquences affectives et émotionnelles devraient en désarçonner et refroidir plus d’un.e…  

photo de Freaks
le 13/03/2020

2 COMMENTAIRES

Dams

Dams le 11/03/2022 à 16:14:49

Découverte tardive, mais belle baffe !

Pingouins

Pingouins le 11/03/2022 à 16:39:20

Yep Dams bien d'accord, ce skeud est tout à fait excellent (mieux que leur dernier opus ai-je trouvé).

Par ailleurs ils seront en tournée en avril avec Yarostan, dont le disque à sortir en avril est aussi excellent, donc ça peut faire de très très bons concerts !

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