As A New Revolt - Interview du 18/06/2022

As A New Revolt (interview)
 

Commençons par ce concert, qu'est ce que vous avez ressenti en remontant sur scène ce matin ?

(Manu) Ben, c'est rigolo ces dates du matin, à 11h00 mais c'est quand même super cool, c'est un très gros festival donc on savait très bien que ce serait ok, qu'il y aurait des gens, et parmi eux des gens réceptifs. D'ailleurs, le matin, les gens sont hyper réceptifs, c'est incroyable. Le soir, c'est un peu plus dur à gérer parce qu'ils sont plus en mode "ouais, enculé, à poil!" mais là, il y avait vraiment une très bonne vibration.

(Julien) Ouais, on était dans un petit cocon, parce qu'il y a 3 ans, on a joué sur la HellStage et c'était pas la même.

(Manu) Là, c'était la grosse fête.

 

Justement, en terme de public, c'est plus conséquent ?

(Manu) Ouais, c'est la plus grosse scène qu'on ait faite.

 

Être programmé au Hellfest, c'est une sacrée reconnaissance mais c'est aussi un sacré challenge. Comment vous avez réagi quand on vous a dit "C'est bon, vous jouerez à 11h" ?

(Manu) On était très content !

(Julien) Oui, surtout que les groupes qu'on a vus et qu'on préférait, c'était sur cette scène donc on était vraiment content de jouer là même si c'était à 11h du matin.

 

C'est vous qui avez toqué à la porte du Hellfest où ils sont venus vous chercher?

(Manu) En fait, ils nous avaient déjà vus sur la Hellstage et du coup, il y a eu un peu des atomes crochus, je crois. On est resté en contact et après c'est notre management, qui sait très bien s'y prendre, qui a pu mettre les billes là où il fallait...

 

Vous êtes un peu le groupe hip-hop/électro de l'année. Chaque année, il y en a un, cette année c'est vous.

(Manu) Ouais, c'est cool que la programmation soit ouverte comme ça parce qu'avec As A New Revolt, on fait tellement de mélanges, electro, hip-hop, metal, world music et de jouer dans les endroits comme ça qui sont très métal, c'est trop bien.

 

 C'est pas trop dur à défendre devant un public très "metal", même si le matin le public est peut-être plus ouvert que le soir ?

(Manu) En fait, c'est pas une histoire de "trop dur", c'est une question de mood, une fois que tu es convaincu, que tu arrives sur scène et que tu fais ton truc comme tu l'as toujours fait, sans t'adapter spécialement à l'endroit où tu joues et que tu restes entier, les gens savent que tu n'es pas en train de tricher et du coup, ça matche 

(Julien) Le petit doute, c'est qu'on n'a pas de guitare donc on a peur que les metalleux n'aient pas leur dose de gratte mais comme le son booste, il n'y a pas de frustrations.

 

Vous avez eu une grosse actu concert depuis la fin du confinement avec des belles affiches, un live streamé...C'est le rattrapage post-covid ? J'imagine que la scène devait vous manquer ?

(Manu) Ouais, ça a été très compliqué à gérer. Surtout que dans As A New Revolt, notre délire, c'est vraiment la scène. On vit par ça, quand on écrit un morceau, on l'écrit pour la scène, on défend vraiment notre côté "performer" donc le fait d'être resté enfermés, on avait l'impression qu'on n'existait plus. C'était extrêmement compliqué à gérer mentalement, il fallait avoir des activités à côté. Et concernant les lives streamés, c'est un cauchemar....

(Julien) Tu dois te donner en live alors qu'il n'y a pas de public, uniquement des personnes qui te filment ...

(Manu)  Ouais, il faut te mettre à 120% devant...4 cadreurs !

(Julien) Et tu n'as aucun retour du public, les gens sont derrière leurs ordis.

(Manu) C'est hardcore, comme dans les salles où les gens sont assis.

(Julien) Après, ça créé une frustration et quand on repart, on est à bloc!

 

Justement en live, comme vous êtes deux, comment vous gérez ça ? C'est plus difficile, plus physique d'occuper l'espace quand on n'est que deux ?

(Manu) Déjà, la musique, elle fait beaucoup de choses, il y a des breaks, des instrus, du coup, il y a des moments où tu peux rester figés, d'autres où tu peux repartir à la charge. Il faut effectivement meubler parfois, avec de l'énergie d'où le côté performer. Nos influences, ce sont aussi les groupes reconnus sur scène.

(Julien) Par exemple, At The Drive In, ils étaient réputés pour être un des meilleurs groupes live...

(Manu) Oui, ou Refused, Deftones, ça fait partie de nos références. Depuis qu'on est gamin, on voit ces groupes là et on se dit "Ah c'est ça qu'il faut faire sur scène...ok", donc en gros, on ne se pose pas de questions et c'est ce qu'on fait.

(Julien) Et avec cette configuration à deux, avec beaucoup de samples, les shows doivent être millimétrés.

 

Du coup, est-ce que vous avez de la place pour l'impro ou est-ce que les choses sont "fixées"?

(Manu) Effectivement, si on veut laisser une place à l'impro, il faut qu'on le calcule avant. Par exemple, on peut se dire "on va laisser boucler tel passage avant que ça parte en sucette". Je pense que quand tu laisses de la place à l'impro, c'est que tu as un gros level. 

(Julien) Il peut y avoir des petites variations sur le chant ou la batterie...

(Manu) Oui, voilà. Les chansons ont un squelette qu'on conserve mais si Julien a envie de partir autre part avec la batterie ou si j'ai envie de partir autre part avec la voix, on peut le faire aussi. Donc c'est cadré mais ça peut déborder. C'est un peu la cour de récréation.

 

Je continue sur le live parce que votre formation est vraiment particulière. Vous n'avez jamais eu envie d'intégrer de nouveaux musiciens, uniquement pour le live par exemple?

(Manu) Avec Ju, on a eu beaucoup de groupes avant...En fait, As A New Revolt, au début, on était plusieurs et ça a vite sauté en l'air.

(Julien) Oui, à deux, c'est plus pratique, plus efficace, ça va très vite.

(Manu) Avec Julien, on savait où on voulait aller, on savait ce qu'on voulait faire et on travaillait un peu plus que les autres. On était tout le temps au local, tous les deux à bosser. Du coup, c'est venu naturellement, surtout qu'on tirait la couverture artistique à nous...

(Julien) Et avec les égos de tout le monde, c'est compliqué. A deux, ça file droit!

 

Du coup, vous êtes partis sur un son avec plus de machines au début pour combler?

(Julien) Il y avait déjà des machines mais forcément ça nous a fait cogiter pour les arrangements, la démarche artistique.

(Manu) Maintenant, les guitares, les basses, elles sont dans l'ordi...

 

C'est vous qui enregistrez les guitares et les basses ?

(Manu) Oui, on enregistre tout! On fait tout chez nous, on est un peu des rats de labos quand il s'agit de faire de la composition.

 

Fares, votre EP, est sorti il y a un an et demi. Chez CoreAndCo, on a pas mal apprécié pour plein de raisons notamment son côté très frais. Avec la canicule de la semaine dernière, on se demandait si un prochain EP était en cours d'écriture?

(Manu) Je crois qu'il y a un album qui est en pleine écriture. On aimerait bien qu'il sorte en 2023...On va tout faire pour qu'il sorte en 2023!

 

Donc ce serait un album? 

(Manu) Oui, on va rester sur 9 ou 10 titres. C'est un format qu'on aime bien. J'écoute plein de musique sur Spotify, notamment des albums et des fois, il y a 22 titres sur un album! Je me demande toujours "Comment ils font ces mecs pour faire 22 titres?"

(Julien) C'est peut-être un album de grind? 

(Manu)  Ouais, c'est peut-être ça.... Non mais franchement, comment ils font? Déjà, 10 titres, c'est pas facile, alors 22...10 titres, c'est bien, tu as le temps d'écouter l'album, tu n'es pas saoulé.

 

Oui, je suis d'accord. D'ailleurs, je me souviens de Serj Tankian de System Of A Down qui disait que pour les concerts, il ne fallait pas jouer plus de 45mn, après le public lâchait l'affaire.

(Manu) Oui, rien que pour la condition physique qu'un concert demande. Une heure pour nous, c'est un bon gros show. Notre format préféré, c'est plutôt 45 minutes. 30 minutes, tu restes sur ta faim, tu en as encore sous le pied. Une heure, il faut s'économiser, calculer un peu donc 45 minutes, c'est un bon juste milieu...

 

 Pour rester sur la composition, au niveau du process d'écriture, vous avez chacun votre rôle bien défini ou alors vous touchez vraiment à tout tous les deux pendant la phase de composition. Comment ça se passe? Est-ce que Ju propose des lignes de voix et inversement, est ce que Manu propose des plans de batterie?

(Manu) C'est presque ça. Je commence par faire des squelettes, des espèces de brouillons avec des batteries pétées juste pour avoir une base rythmique. Après, Julien travaille un peu de son côté avec ces squelettes...

(Julien) On ne vit pas dans la même ville donc il m'envoie tout ça pour que je bosse les batteries

(Manu) Oui, voilà, je suis à Grenoble et lui à Marseille...Mais il est souvent à Grenoble quand même!

 

 Donc, vous bossez ensemble?

(Manu) En fait, je lui envoie les fichiers, il bricole un peu dessus, puis on s'envoie des mises à jour. Une fois qu'on se retrouve dans le local de répèt, on regarde tout ensemble; ce qui est bien, ce qu'on garde, ce qu'on ne garde pas et à partir de là, on va commencer à mettre des coups de ciseaux. Par exemple, il y a des choses qui humainement ne fonctionnent pas qu'on supprime ou qu'on bricole à nouveau.

 

 

On a une petite question de Boris qui a chroniqué Fares sur CoreAndCo. Il vous adore, c'est un gros fan mais c'est aussi un gros fan d'auto-tune. Il se demandait s'il y en aura sur le prochain album ?

(rires)

(Manu) Ah, il y a une blague dans la question je crois! Vu qu'on est encore en phase d'écriture, je vais te dire "Surprise! On ne sait pas! Des fois, oui, des fois, non!"...Mais c'est quand même tentant!

 

Je dois pas être le premier à faire le rapprochement de ta voix avec celle de Zach de La Rocha, désolé d'en remettre une couche encore une fois...

(Manu) Quand c'est pas Zach, c'est les Beastie Boys!

 

 Oui, voilà, je pense à toute cette scène. J'imagine que ça a été une influence. Mais est-ce que c'est volontaire?

(Manu) En fait, dans le rap américain, j'adore aussi Eminem et plein d'autres trucs dans le style. Le problème, c'est que je suis un putain de blanc-bec et en fait, les blanc-becs quand ils rappent ils ont un peu cette voix, je crois. Après, sur une musique un peu vénère, il y a ce côté un peu hargneux et forcément le côté Rage Against The Machine, il ressort facilement. Surtout que Rage Against The Machine, c'est le groupe le plus médiatique dans ce style donc c'est la première référence que les gens ont. Mais c'est pas volontaire, et vu qu'on a souvent cette réflexion, j'essaie vraiment de faire d'autres choses...

 

Donc tu cherches à t'en éloigner?

(Manu) Ouais, j'essaie..

(Manu) En fait, c'est dur parce que c'est un truc que tu as beaucoup écouté. Moi, c'est pareil à la batterie. Des fois, je joue des grooves, je me dis "mais c'est le truc qu'on a entendu mille fois". - Les influences, elles sont vraiment ancrées en toi - Surtout que Rage, c'est un des trucs qu'on a le plus écouté.

 

Ca me fait penser à un groupe, Ze Grand Theft. Quand je vous ai écouté, je me suis dit que ça ferait une super affiche. Vous connaissez?

A la base non, pas du tout mais on en a entendu parler du coup on a un petit peu écouté.

 

C'est de la super musique, avec un très bon flow, ça matcherait à mort.

Ok, on note!

 

Autre question...Fares, ça n'a rien à voir avec Rabbi Jacob?

Euh, non...Pourquoi ?

 

Bah si, le méchant dans Rabbi Jacob, c'est Fares !

Ah mais ouiiiii! C'est vrai!

 

Le prochain album, c'est pas Salomon, rassurez nous

(Manu) Oh merde! C'est Fares dans Rabbi Jaccob !

(Julien) Alors, en fait, c'est le prénom d'une connaissance et comme le truc sonnait bien, on a gardé...

 

Bon, bah c'est démystifié, c'est bon! Et c'est pas "fèrze" (Fares avec l'accent anglais, ndlr) comme certains le disent?

(Julien) Non, non, ça se prononce "Farèsse" !

 

Vous restez encore un peu au HellFest ce week-end ?

On est là jusqu'à demain...

 

Vous avez prévu d'aller voir qui?

Nine Inch Nails, ce soir !

 

 

 


 

Et ils ont bien eu raison, ce concert de NINE INCH NAILS était tout simplement énorme !

Encore merci à Ju et Manu pour leur temps passé avec nous pour cette interview.


Interview réalisée par Cglaume & Pidji, retranscrite par 8oris.

photo de 8oris
le 12/11/2022

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