Jack And The Bearded Fishermen - Interview du 08/06/2022

Jack And The Bearded Fishermen (interview)
 

Huit années d’absence depuis la sortie de Minor Noise. Pourquoi vous vous êtes fait aussi discret tout ce temps ? Pas trop dure la reprise après cette longue pause ? On a toujours la même envie qu’il y a huit ans ?

 

Peete: Alors, prenons les choses dans l’ordre. Notre « pause » – entre nous on parlait plutôt de sieste d’ailleurs – était dû au fait qu’on arrivait un peu au bout d’un cycle. Ça faisait dix ans qu’on jouait ensemble pour certains d’entre nous, qu’on avait investi pas mal de temps, d’énergie d’émotion dans le groupe. Et on avait envie de faire un peu autre chose, sur le plan musical ou autre. On a d’ailleurs pas exactement chômé entre-temps. Chacun de notre côté, on a fait notre chemin avec Horskh, Red Gloves ou Go Spleen. Une fois qu’on a un peu assouvi ces envies, je crois qu’on a juste été prêt à rejouer ensemble. Et les retrouvailles se sont très bien passées par la suite. Je crois qu’on a jamais mis si peu de temps à composer un disque et des chansons qui nous plaisent à tous.

 

Serge Morattel n’est plus aux commandes et pourtant la production de Playful Winds se rapproche beaucoup de vos anciens albums ? Vous aviez envie de rester sur les mêmes canons ? Pourquoi avoir privilégié le choix du fait maison ?

 

Peete: Nos goûts en matière de mélodie et de production n’ont pas changé radicalement depuis Places to Hide. On aime toujours les productions à la fois massives et naturelles, les rythmes ternaires, les guitares qui s’entrecroisent, etc. Donc la continuité elle est là. Par contre, je crois que, par rapport à cet album que Serge Moratel avait produit – qui reste un excellent souvenir d’enregistrement et humain au passage –, on est plus assuré dans nos choix et on va plus vite à l’essentiel. Ce qui donne je pense plus de cohérence à Playful Wind. Je ne sais pas si c’est vraiment conscient de notre part de travailler au final les mêmes ingrédients. C’est tout simplement que c’est ce genre de musique qu’on se plaît à jouer ensemble, sur laquelle on se retrouve. Pour le choix du Zèbre de Flavien Van Landuyt (qui est un ami de longue date par ailleurs et qui avait déjà enregistré les prises de Minor Noise), c’est vrai qu’on avait envie de faire le disque en local cette fois, avec quelqu’un avec qui on peut échanger en direct, qu’on connaît bien par ailleurs – et qui maîtrise totalement son sujet, ce qui ne gâche rien. Pour Minor Noise, on avait travaillé avec un New-Yorkais (Andrew Schneider). Et, si le résultat était au final super, les échanges à distance, avec le décalage horaire, ce n’était pas d’une fluidité à toute épreuve. Donc, oui, le choix du local.

 

Vos compositions et vos riffs sont souvent minimalistes quand bien même l’agencement des idées lui est plutôt finot : l’idée c’est de faire le plus dépouillé possible, d’aller à l’essentiel ?

 

Boris: Pour Playful Winds plus que pour les autres encore : oui. On a essayé d’enlever tout le superflu (les breaks improbables, les ponts alambiqués) pour ne garder que l’essentiel et essayer d’insister davantage sur le jeu, les textures et l’exécution. Après, une fois que tu as trois guitares, c’est difficile de se contenir à 100 % - surtout si on essaye de ne pas jouer tous les mêmes parties. Mais c’est quand même ce qu’on a essayé de faire ici.

 

Est-ce qu’on est resté sur les mêmes thématiques que vous avez abordés par le passé ? Y-a-t-il un fil rouge qui se dessine sur Playful Winds ?

 

Hervé: Nous n’avons pas spécialement de thématique de prédilection. On essaie de rester perméable à ce qui se passe autour de nous à de nombreux niveaux: politique, social, artistique, culturel, personnel. Et puis de cette expérience du quotidien et de ce qui retient notre attention ou notre émotion, on construit de petites histoires, des univers bien souvent très abstraits qui nous semblent correspondre à l’humeur de la musique. On essaie de laisser de la place aux auditeurs pour qu’ils se fassent leur propre film de la chanson.. On essaie de garder un peu de mystère dans chaque titre, dans chaque disque, pour pouvoir rêver ce qu’on en a envie.

Pareil, les compositions sont souvent pleines de mystères, l’atmosphère est souvent énigmatique et retorse, c’est quoi l’intention musicale ? Que vouliez-vous qu’il s’en dégage ?

 

Peete: Si je dois essayer de définir un peu ce qu’on essaye de faire et d’exprimer quand on compose, je dirais que c’est avant tout l’expression de la complexité des émotions et des personnalités qu’on vise. C’est sûrement ça qui donne aux chansons ce côté un peu « mystérieux » dont tu parles. On est tous les cinq pas des gens spécialement triste ou 100 % joyeux tout le temps (d’ailleurs, pu de gens ne sont que l’un ou l’autre au final). Le côté un peu fiévreux que peuvent avoir nos titres reflète ce truc-là : le fait que nous sommes des personnes sensibles, et que notre sensibilité peut amener du réconfort comme des souffrances, souvent les deux mêlées. C’est ce qui fait que notre musique peut avoir un fond mélancolique – la mélancolie c’est au final un peu le fait de se remémorer voir de regretter de bons souvenirs.

 

Au niveau du chant, on est toujours sur des voix claires très bien foutues. Ceci dit vous n’étiez pas tenté des fois, sur les moments plus énervés de lâcher quelques cris d’oiseaux ?

 

Boris: Je parle au nom des chanteurs ici, mais je crois pouvoir dire que non, cela ne les a pas titillés. Dans le cadre des Jack, j’ai l’impression que ce serait incongru.

 

Vous disiez à l’époque que du politique on pouvait en trouver un peu partout dans vos chansons même si vous évitiez l’ostentation et le prosélytisme. Du coup, et vu que c’est d’actualité, vous pensez quoi des élections ? Pièges à con.ne.s ou moment politique susceptible de faire bouger les lignes ?

 

Peete: Je dirais que de base, on n’est pas hyper fan des postures artistico-politico-radicales – parce qu’on est attaché à ce que font concrètement les gens dans leurs vies de tous les jours. Donc pour les élections, c’est un peu pareil. Si ça peut permettre de rendre certains trucs moins pourris, pourquoi pas. C’est pas non plus l’alpha et l’oméga de la politique.

 

Qu’est ce qui vous met le plus le seum dans cette société ?

 

Peete: Au hasard, qu’on saoule et harcèle des gens pour leur sexualité/origine sociale/pratiques culturelles etc., alors qu’on atteint des températures délirantes ce printemps encore – et que c’est ça qui devrait mobiliser les énergies.

 

Quels sont les groupes qui vous ont inspiré ce Heavy Rock qui vous va si bien, et que l’on reconnait à la seconde ?

 

Boris: En vrac, on écoute ou a écouté beaucoup Unsane, Quicksand, Impure Wilhemina, Shannon Wright, Hot Snakes et à peu près tout ce qui tourne autour. Killing Joke aussi.

 

Vous avez déjà pu jouer l’album sur scène. Quelle est l’accueil pour le moment, tant au niveau du public, que de la presse musicale ?

 

Boris : Pour l’instant c’est vraiment top. Que ce soit les gens que l’on croise aux concerts, les retours dans les médias, c’est très positif – et ça nous fait très chaud au coeur. On retrouve aussi des personnes qui nous suivent depuis presque quinze ans. Bref beaucoup d’émotions – qui donnent envie de continuer pendant quelques temps encore.

 

Vous allez partir en tournée ? Vous avez envie de défendre l’album en Live ?

 

Boris: Nous aimerions beaucoup repartir en tournée, c’est certain ! Pour le moment les dates sont un peu éparses mais nous espérons pouvoir jouer un peu plus en 2023, l’avenir nous le dira ! Jusqu’ici défendre cet album en live a été un réel plaisir alors oui on en veut encore…

 

C’est quoi le festival ou le lieu dans lequel vous aimeriez beaucoup jouer ? Personnellement, je vous verrai bien au RoadBurn 2023…

 

Boris: On signe de suite pour le Roadburn ! Des fois on se dit que jouer au Hellfest serait quand même un sacré truc à vivre également.

 

Quels sont vos derniers petits crush musicaux ?

 

Boris: Pour ma part j’ai adoré l’album de Jerôme Beaulieu et François Jalbert « this is a real place », le dernier album du pianiste Omri Mor, « Assala », j’ai découvert tout récemment Imperial Triumphant également, un groupe assez incroyable et puis il y a aussi Adam Baldych qui fait des choses magnifiques…

 

Peete : Le dernier Impure Wilhemina est magnifique. C’est plutôt de l’ordre de l’amour de longue date que du crush pour être honnête. Mails il faut le souligner.

 

Vous avez le mot de la fin…

 

Boris: Un classique mais chaleureux remerciement à COREandCO, vous nous suivez depuis un moment et ça nous fait bien plaisir !

 

 

 


 

Merci à vous et encore bravo pour ce très bon cru 2022 !

photo de Freaks
le 15/06/2022

1 COMMENTAIRE

Tookie

Tookie le 16/06/2022 à 06:59:34

Excellent groupe avec d'excellents goûts (Impure Wilhelmina <3)

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