Thee Oh Sees + Räpe Blossoms le 11/05/2013, La Lune des Pirates , Amiens (80)

Thee Oh Sees + Räpe Blossoms (report)
Voilà un concert que je n’avais pas vu venir. Hé même si je n’habite plus Amiens depuis un petit moment, la newsletter rappelant aux étourdis le concert a eu l’effet escompté puisque dix minutes plus tard, magie d’internet aidant, j’avais ma place en main.

Thee Oh Sees, donc, le groupe qui a sorti plus de disque en 5 ans que les Stones en 50 ans de carrière (j’exagère à peine…) et qui en plus de cela, paraît tourner inlassablement. Des stakhanovistes du garage rock, en quelque sorte, et qui, d’albums en albums, affinent un style qui s’est affirmé sur the Master’s Bedroom is worth spending a night in (sorti en 2008), première bombinette d’un groupe qui a vu le jour comme projet solo il y plus de 15 ans.

Mais commençons par le commencement, Räpe Blossoms, groupe belge qui ouvre le bal sanglant avec son post punk noisy du plat pays, digne héritier d’un TC Matic (Premier groupe d’Arno, assez unique en son genre…). Le groupe est jeune, dans tous les sens du terme. Les gaillards semblent avoir à peine dépassé la vingtaine et le groupe n’a sorti qu’un (gros) EP. Pourtant, tout cela sonne terriblement en place et l’univers du groupe s’avère très cohérent. L’entame est assez impressionnante et le son est à l’avenant. Batterie métronomique en mode Joy Division, basse hypnotique qui rappelle Joy Division, et chant hanté digne de Ian Custis de heu… Joy Division. Et c’est un peu là la limite de l’exercice. Car si l’on ajoute à cela le look « back in black» et les chorégraphies empruntées du chanteur, les déhanchés timides du bassiste, tout cela rappelle un peu trop nos joyeux anglais. Seul le guitariste s’écarte quelque peu de la ligne directrice en torturant sa guitare consciencieusement à la manière d’un Thurston Moore en plein âge tendre.
Certes, ce constat peut s’avérer un peu mitigé/sévère, mais si l’on fait abstraction de l’influence écrasante citée plus haut, le groupe s’en sort quand même sacrément bien, intégrant des éléments no-wave à son post-punk massif (D’ailleurs, on pourrait aussi ajouter aussi bien Gang Of Four, Bauhaus, des groupes plus issus de la scène new-yorkaise comme DNA ou Mars, que des groupes plus actuels comme A Place To Bury Stangers ou Iceage à la liste des influences, volontaires ou pas, mais que voulez-vous j’ai fait un blocage…). Enfin, c’est toujours intéressant de voir de jeunes groupes comme cela, avec un univers si cohérent, qui maîtrisent autant leurs instruments et leur son, quand on sait quel boulot cela demande…Et puis, si le bassiste avait eu des dreadlocks et un jogging, le chanteur une brosse et un t-shirt fluo, le mimétisme m’aurait sûrement moins sauté aux yeux…bref, une première partie agréable et une bonne surprise pour ma part.

Deux bières, et quatre bonjours plus tard et on entend (déjà) les basses qui vrombissement de l’autre coté du mur. Thee Oh Sees ne fait pas dans le détail et entame le concert avec « The Dream » issu de Carrion Crawler/The Dream. Le morceau alterne passages garage bien speed, solos noisy de guitares et accalmies hypnotiques, et la tambouille sonne un peu comme la rencontre d’un 13th floor elevators très énervé et de Monks égaux à eux-mêmes pour tapper dans les références sixties. 7 minutes plus tard, tout le monde est bien rentré dans le concert, les jeunots qui squattent le devant de la scène (bah oui, le garage, c’est à la mode aussi chez les jeunes…) sont déjà en trance et j’ai le sourire aux lèvres. Les musiciens maîtrisent à mort, aguerris par leurs 200 concerts par an. Ça joue sec, sans en faire trop, même si chacun a son rôle, et sait le tenir : John Dwyer, en chef d’équipe, mène sa mauvaise troupe du bout du manche, à la fois concentré sur son micro quand il chante et déchainé dès qu’il peut s’en éloigner. Le bassiste psychopathe (qui n’a pas du bouger les pieds de place du concert, comme ancré sur place) agite la tête comme un bovin chassant un moustique. Le batteur est imperturbable, placé sur le devant de la (petite) scène et la demoiselle indispensable mais très discrète, est comme cachée derrière ce dernier ; Elle double (quasiment toutes) les voix de canard de Dwyer, frappe son tambourin sur tous les morceaux paires, joue du synthé sur les autres (et qui ira jusqu’à faire les trois en même temps…).

Thee Oh Sees, c’est donc la grande classe ; Trois ou quatre morceaux speeds (qui contiennent à chaque fois leur lot de digressions kraut et de déroulements psychédéliques) qui galvanisent la salle, et un morceau plus posé qui fleure bon la fin des années soixante et permet au public de se (re)poser, le tout répété quatre fois. Ça parait tout con comme ça mais ça marche du feu de dieu ; à chaque début de phase, les gens sont plus énervés qu’à la précédente et c’est sans aucun doute l’effet recherché…jusqu’au choix du dernier titre, lent et un peu rébarbatif qui va frustrer une bonne partie de l’auditoire, entraînant nécessairement une abondance de cris désespérés demandant le retour du groupe pour un dernier coup de boutoir digne de ce nom, ce qui ne manquera pas d’arriver. Malin, malin…

Bref, un concert salvateur, qui a su redonner le sourire à tout le monde en ces temps de crise économique (rien à voir, mais bon…). Les néophytes, les curieux, les connaisseurs ; tous semblaient impressionnés par la maîtrise du groupe sur scène, sa bonhomie, et le coté abordable des musiciens qui viendront faire un tour au merch, boire leur bière au bar, sans forcément jouer la proximité mais avec un naturel qui manque parfois à certains.
photo de Crousti boy
le 17/05/2013

2 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 17/05/2013 à 14:57:49

J'ai jamais vraiment réussi à entrer dans la musique de Thee Oh Sees. J'ai essayé pourtant ! ;)

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 17/05/2013 à 16:21:31

Je vous en dit plus dimanche, je vais les voir au Grand Mix
Album de la semaine chez les Canards environ toutes les 6 semaines.

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