Anna Sage - Downward Motion

Chronique Maxi-cd / EP (20:28)

chronique Anna Sage - Downward Motion

Anna Sage est la triste incarnation de ce que pourrait être un acte de délation le plus crasse et amorale. Cette jeune poucave américaine s’est en effet illustrée dans une compromission sans faille avec les autorités de l’époque pour ni plus ni moins avoir servi sur un plateau d’argent (récompense à l’appui) l’ennemi public n°1 John Dillinger aux agents du FBI. Certains crieront à la sorcellerie et d’autres n'y verront que l’acte désespéré d’une femme soumise à pas mal d’injonctions paradoxales. Pour les curieux, il y a pas mal de littérature traitant de ce sombre épisode/personnage. Pour le reste, et pour ce qui nous intéresse vraiment dans ces pages, il y a un point commun univoque entre l’acte de la poucave sus nommée et la musique des Parisiens d’Anna Sage : la noirceur de l’œuvre.

 

Quasiment exclusivement composé sur le mode de la dissonance, avec quelques moments Punk-Hardcore plus conventionnel, ce Downward Motion ne cherche pas le consensus et ne sera donc pas à la portée de toutes les oreilles. Souvent Métallisant, avec des séquences de double millimétrée « When Prophecy Fails », quelques chatouilles Blast-Beatées de ci de là, l’EP des parisiens d’Anna Sage est d’abord et avant toutes considérations techniques une œuvre sombre et exigeante.

 

Le ton est donné en préambule de « Last Dose » avec un Gimmick tout simple mais des plus courants dans le genre, à savoir un Riff de batterie nerveux conjugué à un bon vieux larsen des familles. Si le genre ne t’es pas étranger, tu peux à l’écoute des toutes premières secondes de Downward Motion deviner de quel bois se chauffent les membres d’Anna Sage. De buches metalcore imposantes rangées chaotiquement en stères de 30. Seuls les bucherons pourront se représenter cette image fumeusement boisée. Alternant entre des séquences chaotic-core déchainées et des moments plus lourds de conséquences, à la limite de l’aérien « Rope », disons pour rester raisonnable aérés ; le metalcore plaqué sur Downward Motion est d’une très bonne facture, avec pour seul argument massue des compos soignées, tranchantes, massives voire par moments sensibles. De la variété dans le chant, avec des sorties lyriques « Goddess » entrecoupées de saignées hardcore « Rope ». Un ensemble très équilibré, de l’éloquence dans la construction des morceaux et dans l’agencement des riffs et des ambiances. La production n’est pas des plus américanisantes possible d’où cette agréable impression de naturel. Le son n’est pas hyper-produit, ni même hyper boosté, pas d’effets inutiles, une approche frontale et authentique semble commander la réalisation de cet excellent Downward Motion. Mention spéciale pour le titre « Missing One » dont l’exhaustivité Hardcore et son mélancolique et déchirant final m’ont littéralement fait phaser dessus. On pourrait citer The Chariot, Norma Jean, Converge ou encore Botch pour définir les contours référentiels majeurs du combo Parisien mais ne noyons pas le groupe sous les influences, et ne minimisons pas l’effort produit par Anna Sage. Car même si l’originalité n’est pas au rendez-vous, les membres d’Anna Sage semblent être les dignes héritiers et représentants de la scène HxC Chaotique actuelle. Avec Pilori, Morse ou encore The Dawn dans une certaine mesure, Anna Sage devrait jouer un rôle prédominant dans la cour très fermée des formations Hardcore criardes, offensives, mordantes et aussi affutées qu’un merlin encore ému par les délicates saillis d’une meule.

 

Une seule question pour finir en guise d’ouverture et qui traduit mon engouement pour cet EP : à quand le format long ? Peut être après les retombées (symboliques et autres...) de ce fraîchement sorti Downward Motion.

photo de Freaks
le 08/02/2019

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