Anna Sage - Anna Sage

Chronique CD album (40:49)

chronique Anna Sage - Anna Sage

Anna Sage, ce personnage sombre et sordide est de retour, la poucave des poucaves qui par goût prononcé pour les uniformes de merdeux avait fait tomber à l’époque l’ennemi public numéro 1, John Dillinger. Un opportunisme malheureux chez une femme qui voulait en fait éviter l’expulsion du territoire Ricain. Un pseudo deal passé avec le FBI plus tard et hop!hop!hop! retour à l’envoyeur chez nos camarades Roumains.es. Comme quoi, il n’a jamais été de bon ton de traiter/négocier avec l’Etat, ses promesses et sa parole ne valent rien, c’est notoire, et sa violence se retourne toujours sur les minorités.

A l’inverse et dans certains milieux, la parole est action et engage celui qui la porte publiquement. John Dillinger était surement homme de parole. Un ennemi publique numéro 1, qui sans faire l’apologie du gangstérisme avait eu au moins le courage de sortir du circuit ennuyant du travail respectable, d’une vie casanière et rangée. Des vies violentes en marge et que des conditions de vie matérielles préexistantes provoquent sans trop laisser le choix à ses protagonistes d’y résister. Un non choix en réalité que des forces sociales agissantes ont su construire et déterminer. Et comme dit Krav Boca: " Où as tu fais tes choix? Beaucoup préfèrent encore se jouer des lois..." Les Affranchis dans l’absolu n’existent pas, car souvent en réactions, à part peut-être les Dillinger, qui, affranchis d’une scène Hardcore 90’ ont su faire comprendre esthétiquement que la violence se veut par essence chaotique et vient exploser l’ordre qu’elle qu’il soit. La catharsis fait violence et nous libère dans un même mouvement. Un point commun et une inspiration directe pour Anna Sage, le combo Parisien cette fois.

 

Avec un premier album relayé par des labels aussi en vu que Season Of Mist ou encore Zegema Beach Records, Anna sage et son Chaotic-Darkcore revient très fort dans le milieu keupon ; un milieu qui lui fait de la violence un enjeu de contestation et d’émancipation sociale, et non de pouvoir comme la mafia dans tous ces Etats…

 

Si on est tenté de comparer Anna Sage avec Dillinger Escape Plan, c’est surtout lorsque les acceptions hardcore se veulent zbeulesques. Aussi, si la filiation est avérée même si très poussive et de circonstance, la démarche des Parisiens a quelque chose de bien plus premier degré. Tristoune dirons-nous et beaucoup moins chafouine et récréative que le bordel « Ah que tu comprends pas toujours tellement c’est l’bazard» chez Dillinger. L’ambiance tend bien plus vers le Hardcore de Converge et de Breach sur Anna Sage, « The Holy Mice ».

 

Pour grossir le trait, l’esthétique d’Anna Sage est sombre, la mélancolie est dosée et subtile, souvent en filigrane, et les éruptions Hardcore sans aucune pitié. Le truc déglingue à chaque velléités Punk-Hardcore typées 90’. Le riff esseulé de « V » qui relance le morceau après un interlude abyssal et Post-Hardcore est d’une sévérité que même t’as envie de grimacer. C’est sobre et méchant, et avec une voix qui emmène de son crescendo viscéral ce petit riff « l’air de rien ». La conclusion du titre est dense et compacte. Un titre aux accents progressifs, et une manière vraiment stylée de dérouler des ambiances accidentées par un riffing ultra remuant dans ses intentions Melting-potcore « Sinner Ablaze », « Walls Of Hate ».Le chant est foncièrement Hardcore quand la batterie grenade tous ces riffs, et à quelques encablures d’un screamo blackisé à la Old Soul lorsque le tempo retombe. Des transitions vocales introduites par des breaks très généreux.  

Pour la production je vous renvoie à « Hostile Cage » et à son riff Rock’in Core. Des guitares légèrement réhaussés et pleine façade sur la deuxième partie du riff. Une idée toute bête qui conforte un riff intrinsèquement efficace et qui permet d’apprécier un son fougueux et dynamique.

 

Pour les gens qui aiment la totalité d’un skeud jusque dans ces idées graphiques, je les laisserai apprécier une couverture à propos. Une superposition d’idées à l’image d’un ensemble musicalement très variés dans ces différentes manifestations hardcore.

 

Un premier album éponyme que tellement qu’il est bien que faut l’écouter. Pour les fans de Death Engine quand l’énergie est à la noirceur profonde, de Dillinger Escaple Plane, Breach et de Converge quand synonyme de désordre, et enfin de Old Soul quand le chant en appelle au spleen brulant « Lost In Frame ». Un Hardcore alternatif comme le défini le groupe lui-même et qui comme toute alternative saura courtiser bon nombre de Coreux; de l’emo-Kids, au Coreux en recherche de violence et donc de chaos, en passant par celui qui apprécie le Post et ses ambiances sombres et douloureuses.

 

 

photo de Freaks
le 25/05/2022

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 25/05/2022 à 12:04:18

Très bonne kro pour un son qui m'a laissé aussi froid que les bourses à Ötzi.

Freaks

Freaks le 25/05/2022 à 21:33:01

Le son en vrai dans la musique on s'en fout ça vient en dernier.. La musique c'est surtout du bruit inconséquent.. Oui j'ai pris le partie du nihilisme forcené aha!

Pingouins

Pingouins le 02/06/2022 à 14:08:27

Après avoir enfin pris le temps de l'écouter (plusieurs fois, même), c'est très doux à mes oreilles, tout ça.
Comme tu me le disais je suis un peu le coeur de cible ahah !
Je trouve tout de même que la première moitié de l'album est plus solide que la seconde ("Sinner Ablaze" par exemple est excellent !), mais ça peut venir du fait que j'étais plus concentré sur l'écoute à ces moments-là. Peut-être que ça évoluera à l'avenir, en prenant plus le temps, mais pour le moment il se place tout de même bien dans ma liste provisoire des prétendants au top :).

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements