Arkona - Khram
Chronique CD album

- Style
Pagan - Label(s)
Napalm Records - Sortie
2018
écouter "Album"

Arkona annonce la couleur dès sa pochette, Khram (le temple) n'en aura pas.
Leader d'une scène dans laquelle les suiveurs se comptent par milliers, les Russes n'ont jamais stagné, enrichissant sans cesse leur musique dans un crescendo trouvant son point d'orgue dans le complexe et riche Yav. Un album accusant un virage vers un Pagan moins folklo et de plus en plus sombre.
Ce huitième album renforce cette impression étouffante, tout en ouvrant de nouveaux horizons certes inquiétants mais d'une richesse troublante.
Les morceaux s'étirent ainsi et se convulsent dans les méandres de mélodies tourmentées et d'éclats de férocité comme le groupe n'en a jamais produit. La guitare, ainsi que la basse, prennent une place importante, accusant des accents progs ou se mêlant à de rares montées orchestrales ou trad, jamais pompeuses.
L'alchimie fonctionne à merveille et je défis quiconque de trouver un aspect artificielle à un quelconque morceau même si on touche parfois le post-black... à la mode du moment.
Voilà pour le résumé.
"Mantra" interpelle dès l'ouverture de l'album. Masha se transforme en la sorcière du Beowulf. Du fond des entrailles de la Terre, elle en appelle aux forces chthoniennes, plaçant la plaque sous le sceau du mysticisme, des incantations les yeux à l'envers et des célébrations saturées de champottes et de boue étalée sur le corps.
Vous n'avez jamais tenté l'expérience ? Oh ! Faut sortir le soir hein ! Z'avez l'air tout pas bien, un sacrement païen ne vous fera pas trop de mal.
Malgré un "Shtorm" de très bonne tenue mais classique pour les Russes, les 17 minutes de "Tseluya Zhizn'" écrasent, sans contestation possible, le reste de l’œuvre. Et le titre éponyme, finalement primitif en comparaison.
De part sa longueur et les émotions qu'il suscite. Il faut bien plus d'une écoute pour envisager le morceau dans sa totalité et même ainsi, de part sa composition en plusieurs couches se rajoutant ou disparaissant au gré de l’inspiration des musiciens, il reste une aventure à lui seul.
"V Pogonie Za Beloj Ten'Yu" permet également d’étaler le talent de la frontwoman dont on a jamais douté une seule seconde depuis les débuts du groupe. Surtout pour ceux ayant vu ce ptit bout de bonne femme se démener en Live. Le clavier tranche, sans choquer toutefois, avec l'aspect organique prédominant jusque là. On tombe dans le contemplatif pour une bouffée d'oxygène avant se prendre un break écrasant et hurlé. Bam.
Arkona expérimente, oh non pas en brandissant l’étendard d’une quelconque révolution musicale, mais en suivant son propre chemin personnel et ses propres visions.
Ainsi, "V Ladonyah Bogov" et son piano en intro avance sur la corde raide et pourrait salement se casser la gueule dans la fosse aux lions. Mais rien ne fait rire, rien n'est surfait. Tout a sa place au poil de gnou près.
"Volchitsa clôt le débat". Arkona pause et s'impose. Les Russes ouvrent la saison des branques et des bancales.
De ceux, qui se plongent dans les pierres et la forêt. Pas trop non plus, juste pour ne pas devenir fou de progrès. Ou de Dieu.
Et c'est pas dommage.
2 COMMENTAIRES
Margoth le 26/02/2018 à 09:25:36
La vodka russe passe quand même vachement mieux en païenne qu'en folklorique :D
Crom-Cruach le 03/03/2018 à 19:32:01
ça se dispute: je tiens Vo Slavu comme un de leur meilleur.
AJOUTER UN COMMENTAIRE