Avatar - Avatar Country

Chronique CD album (43:18)

chronique Avatar - Avatar Country

En 2016, au terme de la digestion de l’excellent Feathers & Flesh, on avait quitté un Mr Loyal foldingo mais sacrément talentueux et sa bande de joyeux baladins en promettant de se revoir très bientôt. Ce qui fut fait au Hellfest, où les zigs ont copieusement mis le feu à la Main Stage. Mais on ne s’attendait pas à les retrouver aussi vite, et dans un cadre aussi fastueux... C’est que le cirque est devenu royaume, l’uniforme de saltimbanque est devenu tenue d’apparat royale, la baguette de chef d’orchestre est devenue sceptre! En l'espace de deux ans Johannes Michael Gustaf Eckerström (eh oui, c’est qu’il est suédois le bougre) a accédé au titre de leader maximo de Avatar Country, pays de cocagne où le Metal guérit tous les maux et contente tous les besoins.

 

Bon, ça c’est pour le décorum…

 

Si l'on s'en revient à la musique, ce 7e album est dans la fidèle continuité du précédent, avec peut-être juste un peu plus de cette fierté outrancièrement pompeuse qui fait le sel du True Warrior Metal. Par ailleurs, si j’en crois les mots que j’avais utilisés pour décrire l’opus précédent, la touche légèrement Néo qu’on pouvait alors déceler ci ou là a complètement disparu sous la zibeline royale. Avatar Country, c’est beaucoup de Heavy flamboyant à twin bavardes, beaucoup de Metal « extrême » mélodique, plus des excès loufdingos, le tout mis au service d’une muse carrément calée pour pondre de bons petits tubes de Metal fédérateur. Pour caricaturer, ces 10 nouveaux titres parleront tout particulièrement à ceux qui sont à la fois fans de Blind Guardian, d’Exmortus et d’un Into Eternity qui aurait troqué ses penchants progressifs pour le viagra de Manowar. Une bonne dose de second degré est donc également recommandée pour profiter à plein de l’épopée.

 

Sur ce nouvel opus, on se régale cette fois d'un « The King Welcomes You To Avatar Country » qui joue avec le registre Hard’n’Blues redneck (le chant va parfois frôler le registre de Brian Johnson), d'un « King’s Harvest » au saucissonnage martial évoquant autant l’ancien tube « For The Swarm » qu’un improbable rejeton de Fear Factory et Rammstein, d'un « A Statue of the King » qui mêle l’emphase de Blind Guardian, un break à la Sodom et des tressautements à la 6:33 dans une farandole bigarrée, ou encore d'un « King After King » qui fait de doux gouzi-gouzi dans le palpitant.

 

Maintenant, là où Feathers & Flesh avait de faux airs de sans faute, Avatar Country est moins irréprochable. Car tout en proposant moins de titres, il souffre de plus de remplissage. Je vous convoque 'de suite les accusés à la barre, que vous vous fassiez une idée: « Glory To Our King » n’est qu’une courte intro bouffonesque. « The King Speaks » est un sketch / discours qu’on zappe dès la 2e écoute. Et « Silent Songs of the King Pt. 1 - Winter Comes When the King Dreams of Snow » est un long instrumental noyé dans une gelée féerico-électro-synthétique qu’il aurait été plus justifié d’utiliser en guise d’interlude, sur une durée réduite à 30 secondes. Et une fois réglé le cas de ces 3 crapules, si l’on veut continuer à être sévère, on dira que « Legend of the King » abuse un peu trop des twins et du sucre, que « The King Wants You » ne réussit pas à exploiter au max de ses possibilités son riff stéréo caoutchouc, et que les au-revoirs instrumentaux de « Silent Songs of the King Pt. 2 - The King's Palace » sont un poil trop faciles, et laissent un goût de trop peu. Sans parler de tous ces passages, disséminés au long de la tracklist, lors desquels on sent bien que le groupe a voulu ménager de la place pour des « Hey! Hey! Hey! » que les moutons du public devront bêler tous en chœur (je me demande si je ne vais pas désormais systématiquement retrancher 2 points à tout disque utilisant ce stratagème…).

 

Maintenant que la dernière goutte de fiel a été évacuée dans les égouts du paragraphe ci-dessus, on reconnaitra que l’abondance de celui-ci (le fiel!) vient surtout de la comparaison avec l’exceptionnel opus précédent. Parce que soyons honnêtes, Avatar Country apporte son lot d’hymnes over-the-topesques sur lesquels on tripera méchamment, balais à 6 cordes à la main. Jugé pour ce qu’il est, sans tenir compte de l’ombre du grand-frère, il faut dire ce qui est: il vaut largement l’argent nécessaire à son acquisition. C’est juste qu’on se dit qu’en virant le gras, on aurait pu avoir un EP de folie, ou avec un an de composition supplémentaire, on aurait eu droit à un album de la trempe de son aîné.

 

Allez, foin d’inutiles regrets: le roi n’est pas mort, vive Avatar!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Avatar a son monde bien à lui, fait de Heavy accrocheur, de Metal extrême apaisé, de frasques fantasques, et de titres repris en chœur par une foule d’adeptes fervents aux faciès rigolards. Sur Avatar Country, ce monde devient pays. Ce qui revient – ah oui tiens, finalement – à une perte de terrain, géographiquement parlant. Mais positivons: si le niveau d’excellence chute un brin comparé à Feathers & Flesh, les tubes sont toujours là. On renouvelle donc notre allégeance au souverain!

photo de Cglaume
le 12/02/2018

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