Avatar - Dance Devil Dance
Chronique CD album (41:11)

- Style
Melting pot Metal jouissif - Label(s)
Black Waltz Records - Date de sortie
17 février 2023
écouter "Gotta Wanna Riot"
Avatar, Russkaja, même combat.
Les phrases lapidaires, voire contre-intuitives, sont les plus accrocheuses. D’où ces 4 petits mots tous secs balancés en amorce, bien insuffisants pour décrire une réalité forcément moins binaire. Néanmoins le parallèle proposé n'est pas inintéressant. Car ces deux formations pratiquant des mélanges musicaux de haute volée ont eu, ces dernières années, des parcours discographiques étonnamment parallèles. Ainsi, en 2013 les Russotrichiens sortaient un Energia! qui emballera profondément votre interlocuteur (…à l’intérieur d’une bonne demi-douzaine de matriochkas, sans doute)… Tout comme le Feathers & Flesh que les Suédois livreront 3 ans plus tard – l’un comme l’autre des groupes ayant été découverts sur le tard par un lapin sacrément à la bourre. Les jalons discographiques suivant plurent encore, mais avec une intensité décroissante… Jusqu’à ce que, PLOUF, No One Is Illegal (en 2019) et Hunter Gatherer (en 2020) coulent le porte-avion de notre enthousiasme – du moins cela fut-il le cas lors de la découverte des singles qui en furent extraits. À un point tel qu’on zappa purement et simplement ces sorties en ces pages. Sauf qu’en 2023, l’une et l’autre formation s’extirpèrent avec fracas de l’indifférence polie où on les avait laissées macérer, ceci via des albums égalant quasiment les premiers émois discographiques vécus ensemble. Je vous laisse lire la suite de la déclaration d’amour faite à Turbo Polka Party dans la page qui lui est toute dédiée (si toutefois vous en aviez quelque-chose à carrer), afin que l’on puisse, une fois ce paragraphe clos, se concentrer sur le seul 9e album de la bande à John, Jonas et Johannes.
Dance Devil Dance marque donc le retour du Avatar inspiré, song-writant au sommet de son art, touillant les genres avec un naturel confondant afin que de ce mélange jaillissent les contrastes croustillants et les détours malins qui sont comme autant de rebondissements cinématographiques rendant l’aventure haletante et l’expérience attrayante. Car si l’on ne sait jamais trop où le groupe va nous emmener, on peut en revanche lui faire à nouveau confiance pour que ce soit en des contrées musicales d’où l'on aurait envie d'envoyer des cartes postales tant les lieux sont attachants.
Une telle diversité de tons et d’atmosphères : je me vois forcé de vous emmener faire un tour d’horizon tracklistesque. Obligé. Cela permettra de dresser le bilan des genres pratiqués – même si, allez, l’affaire peut se résumer rapidement en le pot-pourri suivant : du Death, du Heavy, du Groove/Thrash, du Metal martial à l’allemande, du Hard Rock, du bon vieux Rock’n’Roll, du Néo, plus des traces Pop/Rock, Nawak et « southern ».
Paré ?
Alors non, on ne va pas suivre le parcours Ikea bateau, qui commence dans les logements témoins du 1er étage pour finir dans les ustensiles de jardinage du rez-de-chaussée : attaquons directement par les tubes qui foutent les poils, comme ça, si vous deviez lâcher avant la fin, vous aurez quand même croqué dans les plus beaux morceaux. Premier Rhaalovely avec un Râle majuscule, « Gotta Wanna Riot ». Ce morceau a tout pour plaire au nawakophone que je suis : des clins d’œil Pop/Surf/Barbershop à la Beach Boys, le chant plus gourmand que jamais de Johannes, un Metal efficacement nuancé de Rock, un refrain gigantesque dessinant une superbe courbe dans le ciel… Du Love-at-first-sight, ou pas loin. Puis « Hazmat Suit » s’impose comme de la pure graine d’hymne de stade, un gros condensé d’énergie canaille qui s’épanouit en un crescendo culminant sur un « Release the Kraken !! » juste parfait. Et l’on adjoindra à cette paire que seuls les plus irascibles trouveront « -fectibles » le tube Néo balnéaire « On The Beach » et son refrain les-cheveux-au-vent qui donne envie d’aller piquer une tête.
Mais Dance Devil Dance a tant à offrir encore ! Son morceau-titre, mi-Folk’n’western mi-Teutonic Metal, qui brille par sa profondeur de champ et sa capacité à raconter une histoire. Un « Valley of Disease » gras mais lardé de trilles electroïdes. Un « The Dirt I’m Buried In » au pizzicato et à l’écho rafraichissants, à la coloration subtilement Rock’n’Funk (ouh la jolie basse !), qui brille d'un éclat vif dans le petit matin. Un « Violence No Matter What » en compagnie de Lzzy Hale (Halestorm), qui conclut l’album sans esbrouffe mais dans un dernier sursaut de pertinence headbangueuse et d’efficacité extrême. Sans compter deux grosses incursions en terres Death Metal à l’occasion de « Do You Feel In Control » et « Clouds Dipped in Chrome » (tu le sens mon Canniboule, sur ce dernier ?).
On pourrait dire que oui-mais-quand-même-gnagnagna-ceci et sans-déconner-gnagnagna-cela en évoquant les reflets rosâtres de « Train ». Oui mais non. Car Dance Devil Dance est une vraie réussite, point. Peut-être un poil au-dessous de Feathers & Flesh. Quoique j’avoue qu’il m’est complètement impossible de faire le pas en arrière nécessaire pour en juger en parfaite objectivité. Les deux sont à touche-touche, ça c’est une certitude. Et l’on rugit de plaisir quand – alors que l’on s’agrippe à notre siège pour profiter au mieux du trajet à bord de ce formidable Grand Huit métallique – on réalise à quel point ce dernier Avatar nous met la marmite en émoi. Alors pour une fois on écoute Stromae, et l’on suit cette impérieuse injonction qu’il partage avec les Suédois : on danse !
La chronique, version courte: Dance Devil Dance, c’est le retour d’Avatar au top. C’est la revanche de ce méli-mélo métallique, pas vraiment Nawak mais clairement Nawak-compatible, qui fait naître des tubes démentiels d’un capharnaüm aménagé aux petits oignons afin d'inciter à la copulation Death, Heavy, Néo, Pop, Groove, Tanz Metal, un café et l’addition. C’est l’album qu’espéraient les fans de Feathers & Flesh mais qu’ils n’osaient plus demander au Père Noël, de peur que celui-ci le prenne mal et décide conséquemment de ne plus exister. C’est un sourire ultra-bright derrière des cheveux longs, un coup de K2R détachant sur vos vieux patches fatigués. Aaah putain c'est dingue ce qu’il fait beau aujourd’hui, vous ne trouvez pas !??
4 COMMENTAIRES
noideaforid le 30/05/2023 à 12:51:46
Canniboule ?
Et dans la sphère core and co, Avatar fait l'unanimité ou tu te sens un peu seul( comme moi) à vendre les qualités du groupe.
cglaume le 30/05/2023 à 16:33:58
Canniboule, méoué !! 😁
Et sinon Avatar ne déclenche pas des effusions de joie ici a priori, non 😅
Tookie le 31/05/2023 à 05:50:10
Non mais si c'est sympa et vraiment bien foutu...mais, j'sais pas, ça manque...de charme quand même.
noideaforid le 31/05/2023 à 13:06:40
Si ce n'est pas encore fait, il faut les voir en tournée, c'est vraiment cool, pas en festival car ça perd de son charme.
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