Birds In Row - We already lost the world

Chronique CD album (34:24)

chronique Birds In Row - We already lost the world

Six années séparent You, me and the violence de ce second album, mais Birds in row n'a jamais eu le temps de se faire oublier, entre un EP mémorable (Personal war) et des tournées à n'en plus finir...


Il y a des amis que l'on peut ne pas voir pendant des années, mais que l'on retrouve comme si nous nous étions quittés la veille.
Birds in Row est de ceux-là. Eux qui savent créer un lien particulier avec leur public (mon expérience de 2018) et dont on entretient le souvenir à chaque fois que l'on pose un de leurs disques sur une platine.

Avec We already lost the world, on retrouve le trio comme si rien n'avait changé. 
Ce sont bien les mêmes musiciens derrière leurs instruments. Il s'agit toujours d'Amaury Sauvé aux manettes. 
Le slogan "Consommez local" mériterait d'être ici remplacé par "Créez local", car l'on fait de belles choses en Mayenne.
Pour ce qui est du label, les choses sont un peu plus éloignées de Laval, puisque le groupe est de nouveau dans le catalogue de Deathwish Inc.
Bref, un des trous du cul de la France a d'incroyables talents. 

 

Ces premiers coups d'essais réussis n'ont pas empêché le groupe à songer à son évolution.
Il n'a pas abandonné ce qui fait son essence, il ne semble pas avoir rompu avec sa philosophie, mais il a avancé, peut-être même a t-il vieilli. Et ça, c'est une excellente nouvelle.

 

We already lost the world parle autant au lycéen de 17 ans que j'étais, qu'à l'adulte que je suis aujourd'hui.

 

Il y a toujours une fureur très adolescente dans Birds in Row, surtout si l'on se focalise sur le chant. Ce cri à la fois primaire et naïf, cette voix sur la brèche qui manque de vriller, de se briser, comme une mue imparfaite et inachevée, habitée par une certaine souffrance.
C'est en tout cas le sentiment que laisse l'interprétation hurlante au micro, sans même prêter attention aux paroles. 
Le mix oscillant entre punk et hardcore garde cette explosivité intacte durant les 34 minutes de ce disque...

Mais, la prestation du chanteur va bien au-delà de cette mise en surrégime des cordes vocales.
Sur "We vs Us" la voix n'est poussée dans ses retranchements hurlants qu'à partir des mots "I'm just sick of them all", une phrase qui, à n'en pas douter, sera bientôt reprise par tous ceux qui écouteront l'album. Cette phrase traduit, explique pourquoi le scream n'a rien de gratuit et comment les paroles justifient ce choix de chant. Un constat que l'on fera également sur le brillant "15-38".

 

Lorsqu'on dépasse le chant pour se pencher sur les mots, on découvre une écriture très importante pour une meilleure appréhension de l'album (bien que certains titres demeurent parfois difficiles à interpréter). On retrouve alors une écriture coincée entre questionnements, certitudes, désillusions, déceptions et espoirs. Autant de sentiments confus, parfois contradictoires (d'une piste à l'autre) qui balaient à peu près tout ce que l'on peut ressentir. 

Mais ces mots et cette interprétation apparaîtraient bien fades si l'orchestre n'était pas aussi inspiré, si les morceaux n'étaient portés par une certaine ambiance. On retrouve le talent qui nous avait déjà transporté sur You, me and the violence. En plus de la mélancolie, de la colère, du besoin d'extériorisation qui expliquent l'hyper-intensité de certains passages ("Love is political"), il y a un fort accent mis sur des passages lents, riches en réverb' qui marquent encore plus les moments saturés.
Cette construction, assez classique, rend l'album particulièrement respirable. S'ajoutent des moments tout simplement efficaces, "coups de poing", ceux qui te mettent une claque par un phrase bien sentie, un mot bien placé, un toucher de basse bondissant.


On obtient alors quelque chose qui va bien au-delà des considérations techniques.

Il est possible de décortiquer l'album dans tous les sens, de souligner le son de la basse et du couple parfait formé avec la batterie. On pourrait s'attarder sur les qualités du mix, du master etc. mais tout cela serait vain, parce qu'au-delà de la minutie avec laquelle sont créées ces 9 pistes, assez égales en qualité, il y a une aura qui flotte sur We already lost the world.
Le genre d'aura qui explique l'inexplicable : ce besoin d'écouter sans cesse une musique qui éveille et sublime ce que l'on a de plus douloureux.

photo de Tookie
le 12/07/2018

6 COMMENTAIRES

Freaks

Freaks le 12/07/2018 à 09:47:00

Nous le commun des auditeurs allons devoir patienter jusqu'à demain... En tout cas, tu rajoutes une bonne couche de suspense ;)

pidji

pidji le 12/07/2018 à 14:11:35

excellent album encore une fois, miam !

nipalvek

nipalvek le 08/02/2019 à 16:58:49

Découvert grâce au top des fin d"année 2018, c’est vraiment excellent. il y a beaucoup d’émotion différente dans cet album ,curieux de voir ce groupe en concert

Tookie

Tookie le 09/02/2019 à 07:57:44

C'est tout ce que nous te souhaitons !

https://www.coreandco.fr/reports/coilguns-birds-in-row-le-poche-bethune-62-31032018-299.html

https://www.coreandco.fr/reports/birds-in-row-coilguns-ken-mode-le-petit-bain-paris-29-11-2018-318.html

Freaks

Freaks le 10/02/2019 à 00:16:58

Si nous devions faire un top des concerts de l'année passée, BIR serait sans conteste parmi les élus.. J'en ai la chair de poule rien que d'en parler Aha


Garth Algar

Garth Algar le 10/02/2019 à 13:09:36

Un vrai bijou dans le genre, intense et subtil... Les mecs ont tout pigés. Mention particulière à la splendide We vs. Us et sa montée en puissance euphorisante!!!!

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