Fleshdoll - Animal Factory

Chronique CD album (38:31)

chronique Fleshdoll - Animal Factory

En 1965, France Gall squattait les postes des foyers français avec ses histoires de poupées de cire et de poupées de son (des poupées plutôt gonflantes en l'occurrence). Début 2011, l’Hexagone ayant quelque peu changé de visage, c’est maintenant France Death qui met à mal les écouteurs de nos lecteurs MP3, avec cette fois une poupée de chair, qui doit plus à Chucky qu’à Barbie. Fleshdoll est en effet un groupe de death toulousain qui sort avec Animal Factory son 2e et nouvel album, cette fois sous la houlette de Pervade Productions... Le jury de l'Eurovision n'a qu'à bien se tenir!

 

Autant on s’arrache parfois les cheveux à trouver l’appellation exacte qui conviendra le mieux pour vous permettre d’appréhender le style de musique pratiqué par un groupe, autant là, pas de nœud au cerveau: Fleshdoll fait du death metal, point. Pas du modern math-deathcore djenteux. Pas du sympho-death mystico-atmosphérique. Pas du dark death/black gothique. Pas du brutal slammoshing ultra-guttural death/gore. Non, du death classique, sans excès de blast, sans fioritures excessives, sans tortiller du popotin. Le groupe reste en effet ancré dans des standards érigés depuis fort longtemps déjà, notamment aux US. Pas mal de noms en provenance de l’autre côté de l’Atlantique nous traversent d'ailleurs l’esprit au détour de tel ou tel morceau. Un peu du pelage hirsute de Cannibal Corpse ici, quelques incantations Morbid Angeliennes là, et puis des saveurs plus proches de chez nous également, un riff corrosif à la Carcass, un peu de lave provenant des cratères de Stockholm, et enfin – et surtout! – une majesté pesante typique de Bolt Thrower, tout ça sans sonner bêtement daté. Les morceaux sont variés, voire accrocheurs, avec une mention spéciale au très bon début d’album constitué du trio de choc « No Beast So Fierce » / « The Animal Factory » / « Bite Me Fan Boy ». Le groupe propose également quelques angles d'approche alternatifs en se frottant notamment à l’exercice de l’instrumental sur « Transmission 11 », ainsi qu’au morceau orientalisant sur « Go Dig Your Grave In The Sand » – le premier trainant quand même un peu trop la patte à mon goût, tandis que le second réussit à décoller brillamment en fin de parcours, jusqu’à rivaliser avec les Arkan et autres Nile.

 

N’empêche, ces mélodies inspirées, ce côté imposant, majestueux et presque épique assis sur des tempos pas forcément échevelés – ce qui évoque Bolt Thrower donc, mais pas que –, ces guitares complices au riffing puissant et parfois légèrement chevrotant, ces habiles harmonisations et ces décrochages subtiles… Bon sang, tout ça me rappelle quelque-chose. Et nom de nom, cet extraordinaire final qu'est « Sweet Apocalypse » est tout simplement grandiose mais … Bordel, j’ai déjà entendu ça quelque part!!!?? Quel est le spectre qui rôde ainsi derrière l'œuvre de Fleshdoll et dont l’ombre m’empêche de céder complètement à l’enthousiasme?

 

Eh bien il aura fallu se coller à nouveau entre les feuilles l’excellent Colossal Titan Strife pour trouver la réponse à cette question. Cette majesté alliant un peu de Nile et de Bolt Thrower, ces twin complices, ce riff illuminant « Sweet Apocalypse »: bon sang mais c’est bien sûr, c’est du pur Kronos, dans un registre un peu moins brutal, plus coloré "old school". D’ailleurs le riff précédemment incriminé, on le retrouve quasiment note pour note à 0:42 sur le morceau « Colossal Titan Strife », dans une version tapant toutefois plus dans les graves. J’avoue qu’avoir décelé cette similitude un peu trop fortement prononcée a tendance à me gâcher un peu le plaisir, même si ça n’enlève pas tant que ça au talent évident dont le groupe fait preuve sur une grosse partie de l’album. Mais j’ai un peu du mal à ignorer l’ombre des vosgiens qui apparait systématiquement en surimpression sur le logo des toulousains à chaque fois que je pose l’oreille sur leur musique.

 

N’empêche. N’empêche que l’album est vraiment plein de bonnes choses, qu’il revient avec plaisir sur la platine, et que certains morceaux se sont installés avec une telle facilité dans ma caboche que j’imagine sans mal la fiesta que ça serait de les voir sur scène. D’autant que ces derniers temps, c’est Mr Sam Santiago himself, batteur en chef chez les excellents Gorod, qui assure le show pour dépanner ses voisins mais néanmoins amis. Bref, Animal Factory est donc à conseiller aux amateurs de death classique et bien fait. Vous savez ce qui vous reste à faire...

photo de Cglaume
le 12/05/2011

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