Fractal Universe - Rhizomes of Insanity

Chronique CD album (51:30)

chronique Fractal Universe - Rhizomes of Insanity

La classe...

 

Que ce soit 5 secondes après avoir appuyé sur Play, ou en l'évoquant après coup lors d'une discussion avec un pote amateur de belles dentelles métalliques, c'est en gros ce qui résume le mieux ce que l'on pense de Rhizomes of Insanity: la classe. Et pas seulement parce que le 2e album des Nancéens porte le logo de Metal Blade sur le haut de ses chaussettes, non. C'est tout simplement ce que dégage naturellement ce Tech-Death progressif et racé, précis et mélodique, élégant sans être prétentieux, accessible et pourtant loin d'être aisé. Mais il est vrai que c'est une constante chez Fractal Universe, car Boundaries of Reality et Engram of Decline, leurs 2 réalisations précédentes, nous avaient déjà habitués aux petits plats dans les grands et à la découpe au scalpel. Même l'artwork, bel équilibre entre abstrait et figuratif, lumière crème et auburn intestinal, apporte un support graphique particulièrement classe au thème de la folie autour duquel s'articule cette nouvelle sortie.

 

Sur Rhizomes of Insanity la ligne de conduite suivie par le groupe ne change que peu par rapport au chapitre I de son œuvre. Et on ne s'étonnera donc pas que ce nouvel album puisse plus particulièrement plaire aux amateurs de musique qui trouvent leur compte à la confluence d'un Prog à gants blancs soignant ses ambiances autant que la structure de ses morceaux, et d'un Death technique chirurgical, ne misant pas tout sur la débauche démonstrative et considérant la scène « Modern Death » et le fan club de Meshuggah comme des interlocuteurs dignes d'intérêt. Ainsi les fans de Cynic, Kalisia, Symbyosis, voire même de Nevermore – et pourquoi pas également d'Animals As Leaders, bien que la présente galette ne comporte absolument aucune de ces saccades typiquement Djent – risquent fort de trouver ici tout ce qui provoque habituellement chez eux de grandes bouffées d'enthousiasme.

 

S'il faut absolument comparer les 2 dernières entrées dans la discographie fractaluniversienne, on notera que le groupe gagne en personnalité, les interventions des twins ne faisant plus automatiquement penser à Gorod – allez, à l'exception notable du morceau « Flashes of Potentialities ». Le nom de Gojira ne revient quasiment plus jamais explicitement lui non plus, même si on pourra penser aux Landais au détour de « Madness' Arabesques », ou sur les lourdes saccades de « Chiasmus of the Damned ». Non, la seule vraie constante par rapport à Engram, c'est la présence ponctuelle d'un groove déhanché et séduisant typiquement Trepaliumesque, celui-ci exprimant toute sa saveur sur un « Fundamental Dividing Principle » qu'une intervention de saxo amène plus proche encore des ambiances de Voodoo Moonshine – dans un approche plus jazzy toutefois. Par ailleurs on notera que Vince a un peu réduit la quantité de ces confessions délicatement murmurées qui pouvaient finir par irriter sur le précédent opus. Par contre le recours aux voix robotiques typées Cynic est en nette hausse. Et pour continuer avec le chant, notons que les refrains sont cette fois l'occasion de penser à d'autres formations de qualité – Darkane, Scarve, Hacride –, « Masterpiece's Parallelism » par exemple donnant l'impression d'être en présence du Andreas Sydow de Expanding Senses.

 

Alors oui, ce côté hyper classe, cette sophistication, cette relative froideur ainsi que des morceaux plus délicats (comme « A Reality to Foreclose ») ne conviendront pas à certains, qui trouveront le groupe un peu trop bobo, un peu trop précieux, un peu trop velours et coupes de champ'. Mais ceux qui mettront en avant ces « défauts » risquent déjà de ne pas être très fans des références citées plus haut. Et tant pis pour eux, ils passeront à côté de la séduisante et ondoyante ligne de guitare ouvrant « Oneiric Realisations ». Ils ne connaîtront jamais la plénitude ressentie à l'écoute de cette ascendante éclosion mélodique qui fleurit à 2:31 sur « Chiasmus of the Damned ». Ils ne goûteront jamais au panard intégral que procure un morceau comme « Masterpiece's Parallelism ». On les plaint, en fait. Et on vous conseille de ne pas commettre le même impair. D'autant que n'ayant pas apprécié le dernier Rivers of Nihil, si Rhizomes of Insanity était trop chichiteux, on vous l'aurait dit. Alors tous à bord du vaisseau du Capitaine Fractal pour prendre une vraie leçon de ce qu'est la Classe...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Rhizomes of Insanity confirme ce que les 2 sorties précédentes de Fractal Universe laissaient pressentir: les Nancéens ont toute leur place dans le club de moins en moins fermé mais toujours assez restreint des formations hexagonales de Death technique qui comptent hors de nos frontières. Et Metal Blade ne s'y est pas trompé.

photo de Cglaume
le 29/04/2019

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