Fractal Universe - Boundaries of Reality

Chronique Maxi-cd / EP (24:15)

chronique Fractal Universe - Boundaries of Reality

Dans la vraie vie je ne suis pas patriote. Du tout. Niet. Parce que c’est complètement con d’être fier d’être né quelque-part. Fier de ce que l’on accomplit, OK. Mais fier d’être ceci plutôt que cela, parce que les dés lancés par M. Hasard en ont décidé ainsi? Et pourquoi pas être fier d’être gaucher, bègue ou daltonien à ce compte là? Non, n’insistez pas, vous vous heurteriez à un mur... Sauf que dès qu’on cause metal, ma tendance naturelle à la patriotophobie s’altère imperceptiblement, et je me retrouve à promouvoir avec exaltation des groupes méritants, pour bonne partie en raison du fanion tricolore qu’ils arborent à leur boutonnière. Contradiction? Mouais… Disons plutôt que les formations locales peinent trop souvent à s’exporter, et que c’est un peu le boulot des « médias de proximité » que de les aider à sortir la tête de leur clocher.

 

Donc oui, Fractal Universe a entendu parler de « nos ancêtres les gaulois » à l’école, et mange quotidiennement des sandwiches baguette / calendos / cuisses de grenouilles. Et oui, avec Boundaries of Reality, le groupe nous propose un EP qui sent bon le sable chaud du technodeath progressif et racé, dans la grande tradition du genre. Et ça fait plaisir, parce que le dernier Carcariass date de 2009, que Kalisia et Symbyosis sont à la retraite depuis bien plus longtemps encore, et qu’hormis l’exception-qui-confirme-la-règle Gorod, la scène hexagonale n’est plus forcément aussi florissante qu’il fut un temps. Certes, certes, Dungortheb, Sentence…  Mais pas plus que ça non plus. Seul Lost Ubikyst In Apeiron nous a un peu décollé la pulpe récemment, dans un registre proche-mais-pas-exactement-le-même.

 

Mais voilà que brillent à nouveau nos yeux grâce à ces nancéens aux doigts magiques.

 

C’est qu’en 4 morceaux pour approximativement 24 minutes, l’amateur de metal technique et exigeant est exposé à un peu près tout ce qui le fait habituellement bicher. Des compos alambiquées et denses mais aérées et accessibles – limite accrocheuses, si si. Des twin guitares qui s’entremêlent en de magnifiques canevas mélodiques. Des lignes vocales variées partagées entre growl, chant éraillé, discours, voire lignes plus modernes, à la Gojira (tiens, sur « Tears of Misanthropy »). Des atmosphères changeantes, généralement typées "futuristico-spatiales" – mais pas que, « Boundaries of Reality » offrant par exemple une parenthèse pastorale p’tites fleurs & soleil dans les prés (vers 2:20, avant de passer la main à une séquence de chant vocodé très Cynicquien), tandis que « Starless Aether » prolonge une floraison guitaristique flamboyante par une bulle zen groovy flottant en apesanteur. Sans oublier (... je reviens à la liste de ce qui fait bicher le technodeath freak) une belle introduction orchestrale mais pas connement prétentieuse, histoire de démarrer du bon pied.

 

Et comment ne pas se sentir comme à la maison quand, en se baladant dans cette galerie décidément bien fréquentée, on croise Morbid Angel et ses sombres méandres (au début de « Mourning… »), les coups de scalpel d’un Nocturnus sans synthé, les galipettes tournicotesques d’Atheist, des riffs rappelant les tout derniers Death, ou encore des assauts massifs à la Augury? D’autant qu’il existe une présence plus palpable encore en ces lieux. Une présence qui me chatouille les glandes avec plus de vigueur encore: celle des guitares mélodico-rythmiques jumelles de Gorod. Franchement, à partir de la barre des 4 minutes sur « Mourning… », non? Bordel, quand même: ce groove nonchalant et imparable qui ouvre « Tears of Misanthropy »!? Et le break mortel à 0:44 sur le morceau titre? Et le tricot céleste à partir de 1:44 sur « Starless Aether »? Z’ont été faire un stage d'œno-guitarologie du côté de Bordeaux nos amis, c’est moi qui vous le dis! Quoique Fractal Universe soit globalement plus "académique" (pour le genre) que la bande à Matthieu Pascal et Barby, et peut-être plus ouvertement progressif aussi. Mais ne vous y trompez pas: il n’y a ici aucun début de tentative d’accusation de coller trop aux basques de Gorod. C’est juste que les nancéens vont parfois s’ébattre dans la même cour de récréation (et avec tout autant de talent mazette!), ce qui a pour conséquence heureuse de nous coller une banane d’enfer!

 

Mais concluons vite, concluons bien: vous êtes fans de metal intelligent, extrême, progressif et qui bute? Alors envoyez-vous les 4 gélules métalliques du paquet Boundaries of Reality issu des laboratoires Fractal Universe. Vous retrouverez aussitôt teint de pêche, fesses roses et poil soyeux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: ça faisait assez longtemps, finalement, que la France ne nous avait pas livré une vraie petite perle de technodeath à tendance progressive. Eh bien l’Hegaxone se rattrape avec ce 1e EP de Fractal Universe en nous offrant 4 titres qui non seulement répondent à 200% aux critères d’exigence, de technique et d’ambition en vigueur dans le domaine, mais qui de plus rendent hommage aux références du genre (dont Gorod, notamment), et ce tout en proposant du matériel frais et accrocheur. A ne pas louper!

photo de Cglaume
le 02/04/2015

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