Fuck The Facts - Stigmata High-Five

Chronique CD album (33:53)

chronique Fuck The Facts - Stigmata High-Five

 

Des CDs bradés pour 3 francs 6 sous (paie ton expression de vieux croûton!), des bacs regorgeant de trésors impatients de venir se nicher dans votre lecteur, des pochettes bien typiques du genre, des noms de groupes déjà croisés au détour de mags ou de webzines … On a tous acheté des albums improbables d’occase ou en solde. Core&Co profite de l’occasion (ouarf) pour vous livrer ses impressions sur des CDs qui n’auraient peut-être sinon jamais été chroniqués en ces lieux.

 

Je fais des découvertes grâce aux soldes – épisode 2

 

Oui bon alors c’est vrai: Core&Co vous a déjà parlé de Fuck The Facts à l’occasion de la sortie de l’album « Disgorge Mexico », via son envoyé spécial Mat(taw). Mais perso, ce groupe n’avait jusque là jamais réussi à appuyer à l’endroit adéquate avec suffisamment de conviction pour trouver le chemin de la liste de mes achats à venir. D’autant qu’à cause d’a priori plus ou moins fondés – peut-être dus à la présence du groupe chez Relapse, ainsi qu'à un patronyme fleurant bon le « This is real motherfucker » – je m’étais fait d’eux l’image d’une formation de grind/hardcore furieux et moderne... Mais si vous savez: du genre à aboyer sa haine en mode « urban shriek », à coller de pleines cargaisons de dissonances rebrousse-poil et d’harmoniques sifflées en travers d’un chaos de batterie hyper blastée et polyrythmée, et à balancer sporadiquement ces petits geysers de guitare mathcore apoplectique très en vogue dans les milieux metallo-branchouilles. J’avoue d’ailleurs qu’une première écoute inattentive de « Stigmata High-Five » – 6e album du groupe, vous imaginez la bande de petits jeunots sans expérience… – m’aura renforcé dans cette vision erronée.

 

Sauf qu’en fait non: la musique proposée par ces canadiens est étonnamment plus riche que ça. Alors certes, le côté chien fou de l’extrême qui fait rien qu’à nous brosser la couenne à la laine de verre est un aspect important de leur personnalité musicale. ‘Y a qu’à voir « La Dernière Image », « The Wrecking » ou « Taken From The Nest »: tout ça démarre sur des plans de truc-core vénères mais pas franchement francs du collier. Par contre on se prend aussi dans les dents du parpaing plus solidement grind ou brutal death, comme en attestent les débuts furieux de  « Carve Your Heart Out » et « The Sound of Your Smashed Head ». Et il y a une vie à côté du poil à gratter sonore, de la pluie d’obus et du karaoké pour goule écorchée vive (mes salutations à Mel, dont la voix à la féminité du yéti en crise d’amok): ainsi les compos du groupe sont truffées de passages purement melodeath avec twin guitars et tout le toutim, de plans black/death épique (vers 1:00 sur « What's Left Behind »), de passages dark doomy atmosphérique (à partir de 4:30 sur « Dead In The Ruins Of Your Own City »), de riffs thrashy, d’énergie punk, de gros death baveux et de gang backings de babouins … On a même le droit à un break rock acoustique sur « The Wrecking » et à un synthé sur « La Dernière Image »! D'ailleurs on constate qu’au moins un morceau sur deux finit dans le mélodique ou le mélancolique à tendance dépressive. Vous voyez qu'on est donc loin du pur Brutal Dillinger Meshuggrindcore...

 

Ajoutez à cela que le groupe n’hésite pas à étendre ses compos sur des durées relativement longues pour le style pratiqué – plus de 7 minutes par 2 fois – et vous (enfin « je »!) en viendrez assez logiquement à comparer ces canadiens à leurs compatriotes de Cephalectomy, autre groupe longtemps amateur de formats plutôt longs, et surtout promoteur d’un melting-pot intelligent des sous-genres les plus extrêmes du metal. Ces structures alambiquées mais compréhensibles, ces transitions multiples mais fluides entre des passages a priori pas conçus pour se côtoyer, ce souci régulier de la mélodie, cette surabondance de breaks et de changements de braquet … C’est le même trip à bien y regarder, et si la composante principale de Fuck The Facts était le brutal death au lieu du grindcore made in 21st century, et que le chant était plus varié et guttural, les deux groupes évolueraient alors clairement dans la même cour, voire joueraient aux billes ensemble.

 

Etant fan de Cephalectomy et d’œcuménisme métallique, mais beaucoup moins des tortillons épuisants du modern bleuargl-core, je reste un peu partagé face à ce « Stigmata High-Five ». Néanmoins l’impression reste globalement positive, les compositions sont d'une grande qualité et la furieuse énergie dégagée par le groupe est indéniablement communicative. L’un dans l’autre, je ne peux que vous recommander chaudement cet album… Tout au moins si vous n’êtes pas trop rebutés par les caractéristiques ci-avant énoncées, inhérentes au style de prédilection des baiseurs de faits :)

 

A noter que – Relapse oblige  – le CD offre une partie multimédia bien sympathique avec photos, deux morceaux bonus au format MP3 (les instrumentaux « Stigmata High-Five » et « Ants », aussi délicats qu’ambiancés), une vidéo de « The Wrecking »  ainsi qu’un mini making-of de l’album. C'est pas l'bonheur ça ma bonn' dame?

photo de Cglaume
le 29/10/2010

6 COMMENTAIRES

vkng jzz

vkng jzz le 29/10/2010 à 10:31:31

c'est la première fois que j'arrive a lire une de tes chroniques en entière, malgré ton paragraphe sur cephalectomy qui est de trop a mon sens ;) attention à l'indigestion (ca vaut pour Fuck The Facts aussi) chanteuse sexy avec chant de porc, le rêveeeeeeeeee

cglaume

cglaume le 29/10/2010 à 11:24:15

Contrairement à la presse papier qui doit économiser l'espace, on est sur la web mon bon Vicky, et on a le droit d'approfondir (ou de s'appesantir selon ton point de vue) les sujets que l'on traite. Mes chroniques ne sont pas pour les websurfeurs qui papillonnent, mais pour ceux qui veulent en savoir un peu plus ... Et tant pis si ça restreint le public potentiel ! Il y a déjà bien assez de zine qui torche des chros vite fait mal fait sur le Net ;)

cglaume

cglaume le 29/10/2010 à 11:25:17

"de zineS qui torchENT des chros" ... Sorry !

mat(taw)

mat(taw) le 29/10/2010 à 13:17:04

j'avoue faire partie des adeptes du vite fait mal fait impulsif.

Pidji

Pidji le 29/10/2010 à 13:36:11

Haha... Et l'avantage, c'est qu'on a tous les profils sur COREandCO :P

Sam

Sam le 02/11/2010 à 08:45:36

ouais, même le profile de celui qui n'écrit jamais... :p

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