Andsolis - Vigil

Chronique CD album (49:49)

chronique Andsolis - Vigil

La plupart du temps, un album de death prog peut se résumer à un tourbillon de feuilles automnales virevoltant au-dessus d'un canevas rubis et cendres tandis qu'une compagnie de fougueuses amazones aux seins d’albâtre s'éloigne en galopant sur fond d’orage grondant. Ou à la rigueur à la variante qui consiste en une brume légère drapant de mystère le spectacle grandiose de coulées de lave qui dessinent de complexes arabesques autour de bâtisses victoriennes derrière les fenêtres desquelles pleurent des âmes en peine tout de velours et de dentelles vêtues…

 

...'fin vous voyez l'truc.

 

Eh bien Andsolis respecte à fond l’esprit du genre: à la teutonne (ouh le vil préjugé!), le groupe évite bien de nous choquer avec des frivolités incongrues et autres touches d’exotisme hors sujet. Ah ça, du côté du respect des codes en vigueur, ces artistes sensibles restent sur les rails à un point qui frôle la « cheminot attitude ». Le truc c’est que lorsque l'on adopte une démarche 100% orthodoxe (j’ai un peu du mal à prononcer ce mot en parlant de « prog », mais bon), pour tirer son épingle du jeu il faut quand même faire preuve d’un brin de personnalité, ou au moins d’accroche, sans ça on risque de lasser le chaland. Et malheureusement nos jeunes amis se vautrent lourdement dans cet écueil béant. Car leurs belles mélodies nous glissent dessus comme de la vaseline dans un rectum consentant, leurs sonorités 70s font 3 p’tits tours et puis s’en vont au fond de notre poubelle mémorielle, les passages bouh-ch’suis-pô-content-je-shriek’n’growle ne nous trifouillent pas franchement le fond de la tripaille… Et du coup tout ça finit par s’évanouir dans un mélange humidement tiédasse de clichés extraits de Crimson (Edge of Sanity), ainsi que des discographies d’Insomnium, Amorphis et Into Eternity. D’autant que c’est quasiment toujours la même recette qui est appliquée, le summum de l’irritant étant atteint lors de ces refrains-clônes en chant clair progressivo-plaintifs qui lorgnent (jusqu’à en loucher) sur la copie d’Into Eternity (… donc) sans réussir à recréer la magie de la formule canadienne.

 

« N’empêche, … », remarquez-vous, « … la note attribuée à l'opus reste honorable. Cela voudrait-il dire que les afficionados du genre auront ici de quoi attendre honnêtement le retour aux affaires d’Opeth? »

 

On ne peut rien vous cacher!

 

Hormis le fait que ce décorum hyper calibré et ces morceaux-marathons flirtant avec les 10 minutes devraient ravir les fans de metal à gants blancs, on sauvera 2 morceaux du bac à compost. « Days of Recending Light » tout d’abord, qui tire son épingle du jeu dès un riff d’intro scintillant, et qui vire dans le Dark melodeath frigorifico-épique à la Insomnium – que même qu’on en mangerait. Puis le long au-revoir « The Laughter Echoes », dont l’électrocardiogramme n’est certes pas très riche en pics majestueux, mais qui convainc par on ne sait quel mystérieux mélange d’accroche et d’inspiration. On en aurait presque envie de se remettre l’album, tiens.

 

Mais – une fois n'est pas coutume chroniquons-vite-concluons-bien en adoptant l’approche directe du hardcore plutôt que les circonvolutions franfreluchesques gothico-dark-prog: Vigil est un album de death prog trop classique, trop peu surprenant, et dont l’impact reste faible malgré quelques bons moments. A réserver aux fanatiques du genre, donc.

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: classique mais terne, sans relief et déjà-vu chez Insomnium, Into Eternity ou encore sur Crimson, Vigil est un album de death prog qui recèle tout de même quelques bons moments, mais en trop petites quantités pour séduire le métalleux qui se sera arrêté par hasard dans cette chapelle pleine de dentelles, parce qu’il avait vu de la lumière.

photo de Cglaume
le 09/02/2015

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