Godspeed You! Black Emperor - Luciferian Towers

Chronique CD album (43:50)

chronique Godspeed You! Black Emperor - Luciferian Towers

Et bien ça y est, après un premier album - à l’accueil mitigé – faisant suite à leur come-back, et leur permettant de se repositionner au premier plan de La Cène, puis un deuxième, et maintenant un troisième, on sait – pour qui pouvait en douter – que les canadiens étaient bel et bien à construire une nouvelle œuvre (et pas à simplement cueillir les recettes de leurs réussites passées). Avec ce nouveau recul on ne peut que savourer d’avantage les deux étapes qui les ont mené à ce Luciferian Towers. Trois disques différents, Godspeed You! Black Emperor d’hier (les montagnes russes émotionnelles à coups de charges orchestrales), d’aujourd’hui (l’arrivée du drone et de sons plus « heavy »), pour annoncer des lendemains forts et confiants.

La structure des trois nous amènera même à penser à un triptyque. Trois disques d’une quarantaine de minutes (quand ils nous avaient habitués à des albums du double de temps), quatre morceaux à chaque fois, sur ce dernier Luciferian Towers 2 morceaux déclinés en trois parties pour amener à un total de huit pistes, soit la somme du nombre de pistes des deux précédents, et qui ferait de lui le grand final des trois pièces. Oui, on s égare, et oui beaucoup de « trois » et de « quatre », qui font « douze »… Je m’égare encore, désolé (mais tout avis et lecture des chiffres sera écoutée). Ou seulement, simplement, la même histoire qu’il réécrivent encore et encore… Bref, l’invitation à écouter (ou a réécouter) l’ensemble de ces trois mouvements comme la composition d’un ensemble, est posée.

 

« Allelujah... » en 2012 marquait le retour du groupe avec force, jusqu’à troubler les repères, tout en rappelant son discours sans ambigüité.

« Asunder... » en 2015 faisait tomber l’obscurité pour mieux illuminer la colère, et la laisser gronder.

« Luciferian... », de 2017, en toute continuité,  semble donner la parole à ceux laissés de côté, dans la folie et la tristesse, tout en appuyant le besoin de se lever. « Don’t Bend! Ascend! » annonçait déjà le premier mouvement en 2012. On reconnaît les thèmes arborés par les canadiens dans leur musique.

 

Le disque se lève, progressivement, sur un "Undoing a Luciferian Towers", et ses grandes étendues semi-désertiques. La lumière éblouie, le sax et la trompette appellent puis  étourdissent, la guitare bourdonne. Les violons nous montrerons ensuite le chemin.

Et puis "Bosses Hang", en trois parties, tout d’abord mélodieux et amical ensuite nous hypnotise - violement - à nous en faire perdre la tête. Le travail à la chaîne. La misère, la tristesse, le malheur à la chaîne plutôt. Les notes, les instruments, les images, iront jusqu’à faire naitre des sons fantômes, quand par exemple ce qui semblait être un chœur vocal, au loin, perdu dans la nappe sonore, se mue au final en une ligne de guitare. Les temps sont durs, les temps sont troubles, les guitares sont dures et les violons sont fous, les cris sont maintenant audibles. Et l’explosion. Forcément. Alors la mélodie, ensuite, domine. Et nous emporte. "Fam/Famine".

Arrive "Anthem For No State", également en trois parties, qui avance, tout en beauté, pour révéler force et conviction, pour un  appel à l’union. Le final, forcément, est majestueux. « À la Godspeed ». On notera que "Bosses Hang" et "Anthem For No State" ont la même découpe, en trois parties, avec les mêmes variations de tons entre chacune d’entre elles. On acquiescera quant à la qualité de ces deux longs morceaux.

 

L’enchaînement de ces quatre titres, est comme toujours, fait de mélodies guitares-violons-basse-contrebasse-batterie qui se répandent, échangent, se répondent, évoluent à leurs rythmes, pour - souvent - finir à l’unisson. En comparaison avec les 2 précédents albums, il n’y a pas sur Luciferian Towers de sons véritablement « étrangers » à l’identité Godspeed, quant le bourdonnement drone et des rythmiques « heavy rock » avaient fait leurs apparitions sur les disques avant, ce qui pourra enlever ici toute notion de réelle surprise. Et rendre l’album « traditionnel » dans la formule. Voir « court » dans sa proposition. Pourquoi pas. Mais en le prenant pour ce qu’il est, individuellement, ou en tant que pièce d’un ensemble, mélodiquement on ne pourra que le féliciter. Et l’on retrouve aujourd’hui le plaisir d’écouter du Godspeed d’hier, en attendant avec impatience et confiance celui de demain. Parce que oui, on le sait, la route va être longue, et les chemins pas toujours balisés.

 

P.S : Peut-être que les notes faites par le groupe, à propos de l’album, auraient été suffisant :

 

« this, this long-playing record, a thing we made in the midst of communal mess, raising dogs and children. eyes up and filled with dreadful joy – we aimed for wrong notes that explode, a quiet muttering amplified heavenward. we recorded it all in a burning motorboat.

 

(context as follows:)

 

1. UNDOING A LUCIFERIAN TOWERS – look at that fucking skyline! big lazy money writ in dull marble obelisks! imagine all those buildings much later on, hollowed out and stripped bare of wires and glass, listen- the wind is whistling through all 3,000 of its burning window-holes!

 

2. BOSSES HANG – labor, alienated from the wealth it creates, so that holy cow, most of us live precariously! kicking at it, but barely hanging on! also – the proud illuminations of our shortened lives! also – more of us than them! also – what we need now is shovels, wells, and barricades!

 

3. FAM / FAMINE – how they kill us = absentee landlord, burning high-rise. the loud panics of child-policemen and their exploding trigger-hands. with the dull edge of an arbitrary meritocracy. neglect, cancer maps, drone strike, famine. the forest is burning and soon they’ll hunt us like wolves.

 

4. ANTHEM FOR NO STATE – kanada, emptied of its minerals and dirty oil. emptied of its trees and water. a crippled thing, drowning in a puddle, covered in ants. the ocean doesn’t give a shit because it knows it’s dying too.

 

 

finally and in conclusion;

the “luciferian towers” L.P. was informed by the following grand demands:

+ an end to foreign invasions

+ an end to borders

+ the total dismantling of the prison-industrial complex

+ healthcare, housing, food and water acknowledged as an inalienable human right

+ the expert fuckers who broke this world never get to speak again

 

 

much love to all the other lost and wondering ones,

xoxoxox god’s pee / montréal / 4 juillet, 2017 »

 

(http://cstrecords.com/cst126)

 

PERSONNEL

Aidan Girt: Drums

David Bryant: Electric guitar, MG-One

Efrim Manuel Menuck: Electric guitar, organ, OP-1

Mauro Pezzente: Electric bass

Michael Moya: Electric guitar

Sophie Trudeau: Violins, organ

Thierry Amar: Contrebasse, electric bass

Timothy Herzog: Drums

Karl Lemieux & Philippe Leonard: 16mm film projections

 

 

GUESTS ON TRACK ONE

Bonnie Kane (saxophone, flute, electronics)

Craig Pederson (trumpet)

 

Recorded by Greg Norman at Thee Hotel2Tango.

Mixed by Greg Norman and GYBE at Thee Hotel2Tango.

Masted by Harris Newman at Greymarket.

photo de R.Savary
le 01/11/2017

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