Gory Blister - 1991.Bloodstained

Chronique CD album (35:26)

chronique Gory Blister - 1991.Bloodstained

Vous m'auriez demandé il y a encore quelques petits mois de cela, je vous aurais dit – sans vérifier la chose plus avant là où ces choses se vérifient (sur le site Metal Archives par exemple) – que Gory Blister était tout aussi mort que le mythique label Sekhmet Records. A vrai dire je pensais bien qu'un 3e album avait été enregistré après Skymorphosis, mais guère plus. Tu parles Karl, en réalité on est loin du trois p'tits tours et puis s'en vont: depuis 2006 les Lombards ont consciencieusement sorti un album tous les 2-3 ans, ce qui fait de 1991.Bloodstained leur 6e album! Heureusement que Mighty Music organise des campagnes promotionnelles plus conséquentes que les petits labels qui ont abrité les sorties précédentes du groupe, sinon le bouclier alpin nous aurait une fois de plus masqué le magnifique bouquet de riffs que ces éternels Techno-Deathsters nous proposent cette fois encore.

 

Vous vous en souvenez (ou pas), mais la « caractéristique » de Gory Blister c'était – du moins jusqu'à Skymorphosisun amour un peu trop évident pour Chuck Schuldiner et Atheist. Il y a pire comme défaut, certes, mais bon: ça sautait aux yeux avec un petit peu trop d'évidence. Et de ce point de vue la donne a légèrement évolué. Pas drastiquement non plus, l'ombre de Death planant toujours de-ci de-là sur une bonne partie des nouvelles compos, et un « The Frailty of Life » devant toujours beaucoup au groupe de Kelly Schaefer. Mais le parallèle n'est plus aussi flagrant, et donc bien moins gênant. Cela est en partie dû au « nouveau » (depuis 2014 quand même) chanteur Paolo John, dont le registre est plus proche de Jeff Walker de Carcass, mais pas seulement, les Italiens ayant semble-t-il enfin réussi à ronger le cordon ombilical. Il semblerait également que John Zazula, fondateur de Megaforce Records et découvreur de Metallica, leur ait prodigué ses conseils après avoir entendu les démos du nouvel album, et que ceux-ci aient été pris très au sérieux par nos 4 vétérans italiens.

 

Toujours utile que l'on profite plus pleinement du riffing fougueux typique du groupe, de ces bourrasques incisives, telle celle qui souffle sur le titre d'ouverture, « Trails of Lies », dont on sent plus nettement qu'auparavant les racines Thrash. On a d'ailleurs du mal à croire qu'une formation ayant démarré en 1991 (oui, le titre est bien une auto-référence commémorative) puisse avoir une énergie aussi rageuse. Comme quoi ça entretient les années et les sandwiches à la vache maigre! Et le robinet de l'inspiration ne s'est pas plus tari que celui de la vitalité, car au-delà du haut degré de maîtrise technique, Gory Blister nous montre à maintes reprises qu'il a suffisamment de beaux restes et de captivantes mélodies pour ne pas craindre les jeunes bimbos du Tech-Death. Comme à 1:17 sur « Mutable Past », où, dans la suite d'une bouillonnante prise d'élan, le groupe allume les turbo-réacteurs pour une échappée héroïque que n'aurait pas reniée Tonton Chuck. Ou à 1:12 sur « The Frailty of Life », quand nos amis prennent le temps d'une ample et lente pause mélodique au milieu de la tourmente. Et même chose sur son pendant rêveur, à la fin de « My Insanity », à l'occasion de ce qui aurait pu être un magnifique tomber de rideau pour l'album. Je dis ça mais le plus nettement Melodeath « The Last Call » remplit tout à fait bien son office, malgré ce léger changement de registre qui s'opère en toute fin de course. Plus tôt sur la tracklist, « Anthropocene » est encore un autre de ces titres qui combine vélocité, enluminures techniques nombreuses et mélodicité certaine en une célébration fastueuse de ce que cette scène peu produire de meilleur.

 

Ce « retour » sur le devant de la scène est donc une indéniable réussite, plus inspirée que la moyenne, plus Thrash, un peu moins sous influence... A vrai dire il ne lui manque que cet indéfinissable petit je-ne-sais-quoi – qu'aucun scientifique ne réussira sans doute jamais à théoriser – qui distingue les grands albums des « simplement bons » pour en faire une véritable tuerie ultime. Mais en l'état il y a déjà de quoi se pourlécher abondamment les babines. Ce que nous faisons avec force coups de langues et appuis récurrents sur le bouton Play.

 

 

 

 

PS: à noter que pour marquer son indépendance vis-à-vis de Death, souligner son approche légèrement plus Thrash et cligner de l’œil en direction de Mister Zazul', le groupe nous propose en bonus une cover réussie de Metallica en reprenant un « Damage Inc. » impétueux introduit par un extrait d'interview où l'on entend un James H. plus jeune de quelques années...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: six albums et 27 ans d'activité, ce n'est semble-t-il pas assez pour assagir les vétérans de Gory Blister, 1991.Bloodstained étant aussi fougueux et inspiré que s'il avait été conçu par de jeunes premiers ayant la rage au ventre. En mettant plus en avant son héritage Thrash et en prenant – juste un peu! – ses distances avec la mère nourricière Death, les Italiens réussissent à gagner en pertinence sans pour autant se dénaturer. Bravissimo!

photo de Cglaume
le 19/11/2018

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 20/11/2018 à 19:49:00

Woaw j'ai failli décrocher au premier lead. J'ai bien fait d'attendre un peu car on imagine bien les gars en live, suant et puant eul'Metal. Par contre le chant est bof.

cglaume

cglaume le 21/11/2018 à 12:40:15

Le chant tutoie souvent le registre de Jeff Walker. Ça change des harpies à la Atheist / late Chuck S. je trouve...

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