Greta Van Fleet - From The Fires

Chronique CD album (32:11)

chronique Greta Van Fleet - From The Fires

Si vous faites partie de ceux qui n'ont pas aimé le dernier album solo de Robert Plant, Carry Fire, car il ne sonnait pas assez Led Zeppelin à votre goût, je vous ai dégotté un truc à vous mettre sous la dent qui risque de vous convaincre davantage. C'est que, malgré la petite introduction piquante que j'ai pu faire, je ne suis quand même pas si vache. Après, ne vous fiez pas aux apparences : sur photos, les mecs de Greta Van Fleet ont beau avoir un petit quelque chose s'apparentant aux frères Hanson – mais si, ces gamins qui nous incendiaient les oreilles avec des « Mmmbop, ba duba dop, ba du bop, ba duba dop » dans les années 90 – modèle hippies nouvellement adultes, d'autant plus que le groupe repose sur un trio de frangins, il n'en demeure pas moins qu'il n'y a pas plus Led Zeppelin qu'eux à l'heure actuelle. A se demander d'ailleurs s'ils ne seraient pas plus Led Zeppelin que ses protagonistes-mêmes, devenus aujourd'hui de vieux croûtons, fougue de la jeunesse aidant.

 

Parce que lorsque je parle de comparaison, ça va même beaucoup plus loin que cela : le résultat, From The Fires, se présentant comme un album mais n'étant en fait qu'une re-issue de leur premier EP, Black Smoke Rising, sorti quelques mois plus tôt agrémenté de quatre morceaux supplémentaires, est profondément troublant. Musicalement, ça sonne comme du Led Zeppelin de la grande époque, à comprendre des quatre premiers albums (voire jusqu'au suivant, Houses Of The Holy d'ailleurs), le tout avec un chanteur possédant le même timbre de voix, tout en sensualité, que Robert Plant lui-même, allant même jusqu'à des sonorités de guitare et frappes de batterie similaires. Autant dire : plus Led Zep' que Greta Van Fleet, tu crèves ! Même Airbourne, grand singeur d'AC/DC devant l'éternel ne peut prétendre à mieux niveau mimétisme. C'est donc sans surprise que ces jeunes louveteaux sont considérés chez beaucoup de médias rock britanniques et d'Outre-Atlantique comme la nouvelle sensation old-school en vogue.

 

Après, entre mimétisme hommage et plagiat, il n'y a qu'un pas. Qui se révèle par ailleurs sacrément mince avec ce From The Fires. Je laisse le plaisir à chacun de déterminer sa propre limite entre les deux. En revanche, je ne me mouillerai pas en faisant ce constat évident : même si cette galette sonne comme un affreux plagiat ne méritant sans doute pas toutes les louanges dithyrambiques que leur allouent actuellement la presse anglophone, il faut admettre que les mecs ont au moins eu l'audace de proposer des compositions solides et inspirées dans son souci de reproduction. Ce genre-là même qui auraient été acclamé dans les 70's si Jimmy Page les avait sorti de sa besace. Laissez-vous tenter par le single « Highway Tunes » qui n'aurait sans doute pas fait tâche sur III aux côtés de « The Immigrant Song » et osez me dire qu'il n'y a aucun feeling qui s'en dégage et je vous ferais bouffer vos oreilles dans le bouillon du souper de mamie. De la même manière que « Meet On The Ledge » et son refrain aussi imparable qu'émouvant, à mettre davantage aux côtés de « Stairway To Heaven » version courte.

 

Et vraiment, je serais honnête en vous affirmant que je reste plutôt farouche vis-à-vis des groupes perdant leur temps – voire leur talent s'il y en a – à jouer les maîtres copistes, j'ai eu beau chercher la petite bête reléguant From The Fires au rang de vulgaire contrefaçon « made in China », impossible d'y parvenir. Aussi troublant paraît cet album, une aura véritable s'en dégage. Peut-être que Greta Van Fleet utilise celle des autres mais au moins semble-t-il y croire. Suffisamment pour qu'on lui accorde du crédit et une légitimité certaine. Même lorsqu'il se réapproprie un « A Change Is Gonna Come » de Sam Cooke, se situant entre racines soul originelles et classic rock, magnifique. Ou à instaurer une part de magie dès l'entame de « Safari Song » et son cri introductif, faisant un peu rappeler ce frisson que pouvait filer « Black Dog » sur IV. Pour ensuite coller ce feeling cocooning simple et décontracté d'un « Flower Power » très hippie au coin du feu comme l'illustre la pochette.

 

Le plus aguerri percevra sans nul doute un côté sudiste plus marqué à Greta Van Fleet par rapport à son modèle mais la subtilité est telle que cela ne suffit clairement pas à lui amener une quelconque émancipation. Que l'on espérera plus marqué dans le futur. Parce que si ça marche aujourd'hui pour From The Fires, premiers pas de jeunes à peine sortis de l'adolescence, nul doute qu'il n'y aura sans doute pas la même indulgence – qu'elle soit de la part des médias ou des auditeurs lambda – s'ils ne cherchent pas à se créer une identité plus marquée. C'est qu'après tout, on ne peut pas dire qu'Airbourne ait réussi à conserver aujourd'hui le même engouement qui l'entourait il y a dix ans.

photo de Margoth
le 12/04/2018

1 COMMENTAIRE

Carcinos

Carcinos le 13/04/2018 à 12:25:42

Meet on the Ledge, j'avais déjà entendu ce morceau, par Fairport convention

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements