Undeath - More Insane

Malgré mon goût prononcé pour les franges les plus extrêmes du metal, jamais je ne me prétendrai expert dans le death au sens large, et de toute manière la team CoreAndCo regorge de spécialistes infiniment plus calés que moi en la matière. Mais bon que voulez-vous, sous ses dehors d’obscure divinité chthonienne délaissée par Lovecraft par crainte de faire de l’ombre au reste de son panthéon Crom-Cruach reste humain avant tout, nécessité faisant loi il faut bien quelques rédacteurs zélés pour prendre en main ce que son monstrueux planning ne lui laisse le loisir de chroniquer.

Z’avez de la chance, à ce niveau-là, que ma fascination pour tout ce qui relève de l’ultraviolence comme du gore gratuit me permette d’en récupérer les miettes les plus salingues, toute proportion gardée – imaginez un peu l’ampleur de ce que je vous épargne en termes de noise ou de cybergrind à la SpermSwamp… Coup de chance (pour moi en tout cas, de votre côté c’est à vous de voir) : More Insane remplit l’intégralité du cahier des charges susmentionné, sens du détail et inspiration zombifique en supplément sauce Sichuan, dès son artwork du plus bel effet. D’entrée de jeu, Undeath s’érigerait presque en version tout aussi décérébrée, quoique plus mature vis-à-vis le sérieux de sa démarche, d’un Waking The Cadaver dopé à la benzylpipérazine.

Ça ne trompe pas : enrobée d’une production au karcher de nature à résorber la calvitie de Monsieur Propre, la brutalité d’Undeath décape au dernier degré dans la moindre de ses aspérités. Très classique dans sa structuration – Cannibal Corpse ou Malevolent Creation ne sont jamais très loin –, son sens de la brutalité n’en exacerbe pas moins une réelle catharsis en regard d’un martèlement de riffs particulièrement abrasifs (« Brandish The Blade ») et de noise gates orgastiques (« Disattachment of a Prophylactic in the Brain »). Que relèvent une chrestomathie de soli révélateurs d’un ahurissant sens de la mélodie (« Disputatious Malignancy » et les inflexions Autopsy-like parcourant le sien) ou de breaks fuligineux (« Wailing Cadavers » ; à quelques lettres et syllabes près on n'est vraiment pas loin de Waking The Cadaver, comme quoi j'exagérais à peine au paragraphe d'avant).

On devine même à peine la fascination morbide d’Undeath envers le putride et le macabre, engoncée dans la netteté virginale de ses compos comme autant de cadavres soigneusement bichonnés par un légiste chargé de quelque étrange maniaquerie fétichiste. More Insane, à cet égard, ne pèche même pas par linéarité comme je peux avoir à cœur d'en régulièrement critiquer moult groupes contemporains et parvient à délivrer un death metal chargé de fluctuations mélodiques et harmoniques bluffantes (« Bounty Hunter », que je cite exclusivement parce que, comme dirait l’autre, il ne peut en rester qu’un). D’éparses touches thrashisantes (« Bones Clattering in the Cave ») en parachèvent l’impétuosité d’inflexions somptueusement communicatives.

Le son d’Undeath confirme une orientation résolument old school sans se priver d’une modernité aussi désarmante qu’efficace. Suffisamment en tout cas pour demeurer confiant en regard des bonnes intentions dont le genre peut encore espérer se voir pavé sur le chemin de l'Enfer, si tant est que le roaster annuel de mes estimés confrères ne vous en avait pas d'ores et déjà convaincu. Si seulement le cinéma pouvait confirmer le paradigme en termes de films de zombies, on se retrouverait avec de bien meilleures références que World War Z… Comme quoi, rien de mieux que la musique pour adoucir aussi bien les mœurs que les craintes envers les beaux jours se profilant aussi rarement.

Aldorus Berthier

le 02/12/2024