Helrunar - Vanitas Vanitatum

Chronique CD album

chronique Helrunar - Vanitas Vanitatum

Oui, pondre un truc en latin de la Bible pour un album, accessoirement aussi titre d'un livre d'Andreas Gryphius de 1643, et une intro au violon, ça fait peut prêter à sourire.

Pourtant, on ne rigole pas avec les deux allemands. Trois ans que les ogres germains ne nous avait pas secoué la lanterne, faut dire.

Loin des singeries du genre, ce sixième album refuse toute intégration tout en portant bien haut sa propre flamme.

 

Heavy quelquefois, thrash aussi, mélodique sûrement (Raaaah "Lotophagoi"), acoustique aussi, Helrunar construit sa musique sur la superposition. Une structure galvaudée pour certains mais toujours efficace surtout quand les morceaux sont judicieusement encadrés par trois instrus. Alors que la prod moderne laisse de la place à chaque son parfaitement personnel. Des couches de riffs simples mais diablement composés s'ajoutent, des aplats d'atmosphère suffocantes se cumulent, tout en conservant souvent un mid tempo vindicatif, une révérence absolue envers la Norvège ("In Eis Und Nacht", le terrible "Blutmond") et un sens du funèbre carrément glaçant.

Du Black peu typique et tellement classique.

Aucune démonstration de violence débile ne sourde. Rien n'est en trop.

Le chant de Draugir est toujours aussi militaire et froid, tel le mercenaire lansquenet ne témoignant aucune émotion face aux ravages qu'il perpétue. Grave et sans pitié, Helrunar nous montre la futilité de la vie comme les vanités du XVIIème siècle, dans une Europe si éclairée et tellement barbare. Celle d'hier, celle d'aujourd'hui.

 

Ooooh Sainte Indignation que tu es veine.

Res publica, fais donc tourner 50 pélos sur un rafiot en mare medi terra, l'Europe de souche votera peut-être pour toi.

 

Thématiquement parlant, la plaque actuelle prend alors directement la succession des terreurs de la précédente en exposant la survivance des superstitions face aux Lumières. Anglais, grec et surtout allemand se mélangent. Et c'est de notre époque dont parle, en définitif, le duo.

En ceci Vanitas Vanitatvm s'impose comme une œuvre parfaitement réfléchie et cohérente. "Nachzehrer" ouvre alors une fenêtre sur la nuit absolue, renvoyant au folklore vampirique des suicidés de l'Europe du Nord. Évoquant surtout la misanthropie absolue de notre temps. Un air joué par un désespéré, perché au sommet d'un gibet, comme un sombre office, en sera la conclusion, comme il en a été de son ouverture. La boucle est bouclée et bien serrée, autour du cou.

 

Helrunar capture, le temps d'un album, les miasmes d'une époque semblant révolue mais tellement présente encore, faisant de Vanitas Vanitvm un objet musical totalement inscrit dans le présent.

photo de Crom-Cruach
le 03/12/2018

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