Uhl + Karcavul - Cancer Au Presbytère - Split K7

Chronique K7 (25:99)

chronique Uhl + Karcavul - Cancer Au Presbytère - Split K7

Oyé oyé.

Je me lance ici dans un Grand Projet de Réhabilitation du mot « Metal » pour les jeunes générations actuelles et même les futures ! Et même les moins jeunes ! Rien que ça. Grâce à cette très humble et modeste mais très fière chronique du split cassette entre UHL et Karcavul. Suivront, je l'espère, et selon mon emploi du temps capricieux, les chros de Goatvermin (suite des aventures guerrières commencées ici), Einsicht et peut-être bien certaines sorties séparées et respectives des deux premiers groupes évoqués ici. Avec énormément de retard, certes, mais personne d'autre n'en avait parlé ici jusqu'à aujourd'hui. Intolérable ! Insoutenable ! Réparation est exigée !

 

Même si nos amis n'en ont certainement rien à cirer d'une hypothétique réhabilitation du sens du mot Metal. En vrai, moi non plus d'ailleurs.

Et pourtant... le Metal c'est sale, ça pue, ça craint, c'est pas bien. Le Metal ça se regarde pas la bite (ou pas pour rien en faire), ça ne devrait pas se pâmer sur les distos à triple étages de gain, du tout net surcompressé tout propre, jouer des biceps en sortie de sale de muscu ou rêver de gros show « à l'américaine » (avec des ballons et des cotillons?), frimer avec des mises en place saccadées à l'unisson « bien efficaces », gratter le crowdfunding ou les subventions pour squatter les SMAc et les tremplins à la zob, faire copain-copain, on est de la même famille !, avec des beaufs inconnus. C'est de la musique du sous-sol, mecton ! C'est un truc de losers ! Metallica, Max Cavalera Seul (tagada, tagada!) et euh... tiens, Gojira ont tué le Metal ! Salauds ! Social-traîtres !

Heureusement, le Metal c'est aussi la musique de la MORT.

 

UHL te le fait bien sentir tout le long de sa face.

Duo Black-Metal, guitare/voix de sorcière et batterie. Point. Bien sec. Guitare en allers/retours moulinés sans temps mort, batterie à l'avenant. UHL c'est le Black-Metal à l'os à moelle chez les Punks à chiens, avec ces abrutis de antifas qui se pointent au concert pour guetter, valider – ou non – la soirée. Comme si ces deux personnes aussi gentilles que discrètes pouvaient avoir quoi que ce soit en rapport avec des... hum, fascistes ! Mouah ! Laissez-moi rire, bande de crétins ! Laissez-nous vivre, sale milice ! On est au moins autant antifas que vous, on a juste pas besoin de se le marquer sur la gueule ou de défouler nos poings ! C'est que vous en deviendriez aussi cons que ceux que vous... ouhlaaa, « combattez » !

Il est vrai qu'il y en a pour confondre la haine mise en musique, pure, étincelante, la haine de tout, avec la haine de certaines catégories de gens... Encore des abrutis, voilà tout !

Donc haine et désespoir, « offrandes à la mélancolie », et il y a de quoi ! UHL réussit - et spécialement dans le précédemment bien nommé - malgré ou grâce à l'aridité de leur orchestration, à incarner cet instant où tu réalises que tout est vain, au final. Ce qui est construit dure et disparaît ensuite. Quand tout ne s'écroule pas au fur et à mesure que tu fabriques et bidouilles de tes petites mains abimées. Le Black-Metal est là pour te rappeler cette Ultime Vérité : des Bidouilles, et c'est Tout !

De quoi foutre en rogne : "Demonic Cult Of The Damned" tranchouille cette mélancolie d'un coup d'épée rouillée. La voix de Cécile est plus que convaincante, elle est parfaite ! Petit bout de femme possédée, je la revois en concert avec sa grande guitare qui se prend des grosses baffes de partout. Un grand moment ! Et le Jojo tranquille qui mouline derrière sa batterie, serrant les dents sous la douleur !

Je vais pas vous faire un dessin, allez écouter. Fort, très fort ! Et sachez que nous n'aurez pas le son gras de la cassette. En analogique du pauvre, c'est encore meilleur ! "Anywhere Out Of The World", premier titre, mettra tout le monde dans le bain d'acide, direct. Pas vraiment de surprise pour la suite, ça déboule donc du début à la fin, ce qui n'empêche pas quelques nuances de noir de cohabiter dans le cloaque, comme je le disais plus haut.

Pour résumer: ceci est du Black-Metal.

Et du bon.

 

Karcavul prend la suite. Je ne les ai vus qu'une seule fois en concert. C'était dans l'enceinte d'un hôpital psychiatrique, pour de vrai, un festival organisé pour les patients par notre bon ami Tonton La Merde Vivian, dehors (mais dedans) dans le parc, en plein après-midi de printemps. Il faisait très beau, un grand soleil, un ciel bleu, il faisait chaud et c'était dément de voir/entendre ça ! Au delà de ces circonstances un peu particulières, le trio chant/guitarawctaver/batterie m'avait fait partir loin dans les limbes.

Ici, qu'un seul titre sur la face, de presque 15 minutes. J'avais déjà aimé leur "Rawctaver", (chronique peut-être un jour) mais là je crois que je préfère encore cette plage dégueulasse.

On retrouve l'excellent chant Black/Death bourré d'échos psychédéliques, aux variations infinies. « Satanversmoinslinfini » ! Ah-ha !

Et cette guitare qui a toutes les fréquences du spectre libres pour gargouiller dans le grave.

C'est qu'y'a du Doom là-dedans !

Plusieurs samples du type bande ralentie et des voix pitchées fusillées rajoutent de la graisse cartilagineuse sur le grill des enfers, et on notera de prodigieuses accélérations-pilons, poussant leur Metal cadavérique à la déambulation martiale mécanique sous les coups d'une espèce d'Indus hostile.

Ils jouent aussi sur la frustration, comme vers les 11:20, où le cauchemar semble prendre forme, enfin, une forme de libération violente dans la grandeur, avant que tout ne retombe dans l’innommable Lovecraftien. Mais c'est pour mieux recommencer ensuite, glauques parfums de torture et déchaînement cruel.

Cette longue pièce n'est pas au bout de tes surprises, et cache même un plan arpégé presque Post-Hardcore, mais bien vu, qui servira de tapis aux élucubrations démentes de l'autre frappa-dingue derrière le micro, avant une fin qui te laisse sur la tienne.

Merde ! Encore !

 

Autoreverse, tu connais cette expression ? Dépêche, dépêche ! T'es dans la dêche ? Dépêche, dépêche, remets-toi la musique du Malin, bête de sous-sol, cas social, sous-homme ! Tu n'es pas forcément ce que l'on veut que tu sois, et encore heureux ! Il y a bien pourtant une place pour toi dans ce monde pourri : dans l'ombre, mec, dans l'ombre.

photo de El Gep
le 03/06/2015

3 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 04/06/2015 à 13:58:50

Ce ne sont pas des chroniques qu'il nous écrit le Gep, ce sont des éditos, des compte-rendus de l'air du temps, des "J'accuse!", des éjaculations de poivrots ! :D

Ne change jamais Geppy ! ;)

pidji

pidji le 04/06/2015 à 16:29:58

C'est clair. Il faut un livre recueil de ses textes ^^

el gep

el gep le 05/06/2015 à 10:41:23

Arf! Merci les loups!
Mais surtout allez écouter les groupes (je sais pas si Uhl sera vote came à vous deux, peut-être plus Karcavul, mais qu'en sais-je?!?)

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