Hollenthon - With Vilest of Worms to Dwell

Chronique CD album (45:10)

chronique Hollenthon - With Vilest of Worms to Dwell

Emphase, audace, puissance, démesure, justesse: Domvs Mvndi, l'exceptionnel premier album de Hollenthon, avait (… “a”!) toutes les qualités. Lui donner une suite digne de ce nom revenait à peu de choses près à envisager de passer à la vitesse supérieure après avoir explosé le record du monde du 100 mètres. Bref: c'était loin d'être du tout cuit pour réussir à faire mieux, voire juste aussi bien... Voire simplement de ne pas décevoir! Perso, ayant découvert le groupe par le biais du single “Lords of Bedlam” (une, deux écoutes... Puis achat direct!), je n'ai pas eu à passer par cette phase d'angoisse et de doutes. Mais je peux imaginer à quel point la découverte de With Vilest of Worms to Dwell a dû être un sacré soulagement pour les fans. Car s'il serait un peu osé de prétendre que les Autrichiens ont réussi à faire encore mieux sur ce second album, ne pas s'incliner devant la maestria renouvelée de ces 8 “nouveaux” morceaux serait faire preuve de mauvaise foi, ou d'une encore plus mauvaise oreille.

 

Contrairement aux habitudes de certains, nul bouleversement de line-up, nul tremblement de terre ni opération des testicules à déplorer entre la sortie de Domvs Mvndi et l'enregistrement de l'opus suivant. C'est donc sans surprise que With Vilest of Worms to Dwell embraye dans la foulée de son prédécesseur, les seuls changements notables pouvant mériter une mention étant la quasi-disparition des éléments “World” qui coloraient agréablement nombre des anciennes compos. L'espace libéré par ceux-ci a profité à une dimension Médiévalo-Folk renforcée, l'ombre de Skyclad planant nettement sur “Woe to the Defeated” et “The Calm Before the Storm” – ce dernier titre évoquant même parfois les veillées au coin du feu de Blind Guardian. Par ailleurs le chant clair s'épanouit désormais avec de moins en moins de complexe, le micro passant plus régulièrement qu'avant des mains de la goule fielleuse à celles des fiers paladins de service, et vice-versa.

 

Mais nul changement fondamental sur le fond: Hollenthon continue d'être ce prodigieux alchimiste ayant découvert non pas le secret de la pierre philosophale, mais celui du mélange symphonico-métallique idéal, où chacun des éléments magnifie l'autre sans jamais sonner incongru. Et même si cela est sans doute un peu moins marqué que sur le premier album, c'est cette fois encore via une suite de magnifiques tableaux que le groupe nous livre sa vision du métissage Classique / Extrême. Avec, pour démarrer sur des fondations solides, un morceau flamboyant, “Y draig goch”, dont la vocation semble être de présenter les règles du jeu à l'auditeur non averti, ceci sans trop dévier du postulat de base. Sur “Woe to the Defeated”, c'est cette fois un chœur monacal qui joue les éléments baroques, avant d'être secondé par des violons aux forts relents celtiques, les uns et les autres jouant au bras de fer avec de bons gros riffs Thrash pour un résultat Mmmmmouarghhh-Rhââ-Lovely. A noter au passage une belle série de solos à mettre en autre au crédit de Rob Barrett (Malevolent Creation, Cannibal Corpse...). Puis arrive la part du lion: le légendaire “Lords of Bedlam”, qui offre un nouvelle vie au “Dance of the Knights” issu du Roméo et Juliette de Prokofiev.

 

Et là le temps suspend son proverbial vol, les misères humaines s'effacent dans l'éclat du Divin...

C'est qu'on touche au sublime. Chair de poule garantie pendant 5 minutes et 35 secondes.

 

L'ennui avec un morceau aussi fort que “Lords of Bedlam”, c'est que, par ricochet comparatif, cela risque fort de nuire au reste de la tracklist. Sauf que les fougueux chœurs lyriques qui ouvrent la voie pour “To Kingdom Come” balayent ce genre de craintes infondées, le morceau développant par ailleurs une attitude héroïco-tragique qui devrait flatter la corde sensible des fans d'Amon Amarth. Et on monte encore d'un cran dans la pompe martiale et les épanchements tragiques avec “Fire Upon The Blade” qui fait souffler des vents d'apocalypse sous l'égide de chœurs féminins rappelant fort Carmina Burana. Petite faiblesse de l'album, “Conquest Demise” est un peu trop nonchalant, voire un peu trop guimauve (ces chants clairs...) pour supporter la comparaison avec ses confrères de tracklist. Heureusement la barre est redressée en 2e partie de morceau. Marque des grands albums, With Vilest of Worms to Dwell se termine sur un apogée de noirceur et d'inquiétante solennité intitulé “Conspirator”. Eblouissante débauche de Metal et de faste orchestral, ce titre incarne le slogan “Démesure, majesté et sombres desseins” avec un panache et une force de conviction rares!

 

Allez, des fois que je n'aurais pas été clair, redisons le simplement: With Vilest of Worms to Dwell est – comme Domvs Mvndi avant lui – une œuvre impressionnante et somptueuse à déguster à genoux, le cœur transi et l'esprit chamboulé par tant de grandeur... De la grosse baboule de compète dirait MC-Jordan-de-la-cour-de-récré!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: fier héritier du somptueux Domvs Mvndi, With Vilest of Worms to Dwell renouvelle l'exploit en abandonnant toutefois les éléments “World” qui donnaient une saveur particulière à son prédécesseur. Exploit pas anodin: l'album réussit à faire preuve d'une excellence suffisamment uniforme pour ne pas se voir déséquilibré par la puissance phénoménale du titre “Lords of Bedlam”, variation sur le “Dance of the Knights” de Prokofiev qui avait été mis tout particulièrement en avant lors de la sortie de l'album.

photo de Cglaume
le 28/08/2016

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