Iniquity - Serenadium

Chronique CD album (41:22)

chronique Iniquity - Serenadium

C’était en 1995. Je ne sais plus trop comment on en était arrivé là, mais la compilation Brutal Youth avait atterri sur la modeste pile des CDs que je possédais à l’époque. La locomotive de cette sortie estampillée Diehard était alors incontestablement Illdisposed, formation polygrowlique qui venait tout juste de nous secouer bien fort par le fond de la salopette avec son excellent EP Return from Tomorrow. A ses côtés s'agitait alors une poignée de compatriotes tous plus énervés les uns que les autres. Si l’on n’a plus beaucoup de nouvelles des Revolting Phimosis, Coitus Interruptus et autres ostrogoths ayant échoué à s’extirper de la fange undergroundo-danoise, on y trouvait quand même deux morceaux de Saturnus, ainsi qu’une autre paire de compos tout aussi couillues, mais issues cette fois d’un scrotum sur lequel était tatoué "Iniquity". Et bordel, c'est peu dire que cette dernière formation nous aura marqués d’une empreinte indélébile avec le premier de ses 2 titres, « Prophecy of the Dying Watcher ».

 

… A ce point indélébile que, le jour où parut, au détour de l’un des tous premiers numéros payants de Metallian, la chronique de Serenadium, la pavlovienne salive se mit à couler aussi sec (façon de parler…), et le coup (de fil à la VPC de l’époque, Adipocere sans doute) partit avant même que le solde du compte en banque n’ait été sérieusement consulté.

 

Comme quoi les achats compulsifs ne sont pas toujours mauvais!

 

M’enfin tout cela ne vous dit pas ce qui vous attend si vous tombez un jour sur ce 1er album au détour d’un bac de la Foire du Disque d’Occase de St Barnabé sur Yonne. Eh bien la référence à l’aîné Illdisposed est un bon début pour se faire une idée, bien qu’au lieu de la versatilité vocale de Bo Summer, il faut plutôt vous attendre derrière le micro à des émanations borborygmiques gardant certes un reste d’humanité, celui-ci étant néanmoins en équilibre précaire entre le porcin et le bruit de vieille plomberie mal embouchée. D'ailleurs cet aspect, allié à un groove bien vicieux, rappelle occasionnellement les vieux Cannibal Corpse, dans une version toutefois plus travaillée – plus cérébrale pourrait-on même presque dire.

 

Mais il est à présent grand temps de nuancer le propos. Car si évoquer le duo Illdisposed / Cannibal Corpse peut donner une vague idée du grumeleux de la forme (… grumeleux renforcé par un son craspec, gras et bourdonnant juste comme il faut), il est loin d’indiquer de quoi le fond est fait. Car sans être tirée par les cheveux ni même être difficilement assimilable, la structure des morceaux écrits par Iniquity n’en est pas moins généralement super chiadée, suivant un flot accidenté tout en habiles cassures, en relances juteuses et en variations nombreuses. On passe régulièrement de plages atmo-doomy truffées de soudains appesantissements et autres torpeurs pachydermiques à des accélérations foudroyantes, des riffs voletant furieusement tels des frelons maléfiques, et autres charclages d’humus sans concession. Et histoire de bien dérouter les headbangueurs à nuque épaisse, le groupe n’hésite pas à laisser un violoncelle s’inviter par 2 fois dans la tracklist.

 

C’est vrai, le coup de maître « Prophecy of the Dying Watcher » reste le point d’orgue de ces 40 grosses minutes de Death Saindoux-mais-Subtile. Mais cela n’enlève rien au mérite des 7 autres compos qui, même quand elles semblent vouloir rater le coche, finissent sur un formidable coup d’éclat (... Et là je pense tout particulièrement à « Encysted and Dormant » qui efface ses errements initiaux à l’aide d’un riff de tueur à 4:17). Seul le final « Retorn » se révèle malheureusement un peu décevant car trop plat, ceci malgré une recette semblant pourtant être appliquée avec la même application que sur le reste de la tracklist.

 

Aussi gras qu’extrêmement fouillé, aussi pesant que foudroyant, aussi groovy qu’accidenté, alternant atmosphères éthérées et remugles de fond de bidet, doté d'un son cracra mais séduisant: Serenadium fait se rejoindre les extrêmes… Et croyez en les oreilles d'un lapin crétin élevé aux carottes de l'Extrême, l’Oxymore Brutal Death Atmo-technique résultant est foutrement sexy!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: aux côtés d'Illdisposed, Dominus, Konkhra, Saturnus ou encore Invocator, Iniquity fait partie de ces groupes qui ont révélé l’underground danois à la face du monde. Et Serenadium – premier album de ces derniers – fait sans doute partie de ce qui se faisait de mieux à l’époque en terme de Metal extrême mais contrasté mariant le meilleur du Brutal Death, du Doom Death et du Death technique.

photo de Cglaume
le 11/09/2016

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