Oestre - An zéro

Chronique CD album (38:00)

chronique Oestre - An zéro

Il y a des choses que l'on aime voir grandir.
Ses enfants, son sexe (les deux ne sont liés que dans la région des Hauts-de-France) et des groupes comme Oestre.

Pour le dernier, c'est un peu moins évident. Malgré son très bon dernier album en 2014, le groupe ne se fait pas encore un nom sur la scène nationale. Il y a des choses comme ça qui ne s'expliquent pas. (ndr : ce qui doit me perturber sérieusement puisque j'en parlais déjà en 2012 et 2014)
Mais ceux qui suivent le groupe depuis maintenant 15 ans ont pu observer de franches progressions.

 

Des évolutions palpables lorsqu'on se penche sur nos articles datant de 2004, 2012 et 2014 bien qu'elles soient évidemment, encore plus flagrantes avec l'écoute des disques.
Oestre a toujours eu une identité, plutôt originale d'ailleurs, avec son electro-metal mais aussi quelques changements de line-up.
Inévitablement, cela s'est accompagné de mutations, le metal du groupe étant, par exemple, devenu bien moins frontal, beaucoup plus djent, alors que la facette electro de la bande s'est considérablement affinée pour mieux s'affirmer.

 

Avec An Zéro, le grand pas n'est pas que musical. Cela ne signifie pas que le groupe stagne à ce niveau-là.

Bien qu'Oestre ait encore de sérieux relents de Textures (particulièrement palpables sur des passages guitare / chant) trop audibles pour ne pas provoquer cette moue, le groupe est passé à un autre niveau d'écriture.

Sous ses airs de Meshuggah / Textures-like auquel on ne pourrait prêter qu'une oreille inattentive pour se fatiguer les cervicales, Oestre a pris une nouvelle dimension pour la finesse de ses compositions.


Il y a donc tous les ingrédients pour un bon album de djent classique, mais là où les limougeauds se démarquent, c'est sur l'incrustation de l'élément "electro".

Utilisé auparavant pour noircir et alourdir une ambiance déjà bien suffocante (grâce aux autres instruments), l'élément "electro" manquait un peu de mordant, s'intégrait au sein des titres (ou de l'album) plutôt bien mais demeurait dispensable. 
Pour An Zéro, si l'atmosphère est toujours malsaine grâce à quelques samples bien choisis, c'est lorsque l'electro éclaire que tout se joue.

 

Le voyage avec Oestre commence avec son nom : An zéro, une notion astronomique que Wikipedia t'expliquera mieux que ma paraphrase
Il se poursuit avec une pochette et la lecture d'une tracklist qui sont autant d'indices sur la thématique de l'album que le pouvoir de l'imagination : un vaisseau entouré de 8 formes géométriques complexes.

L'espace est donc le mot-clé de ce disque, quelque part entre mathémathiques, géométrie, métaphysique et cosmologie.
Les dénominations des titres "Icosidodecahedron", "Continuum", "la symphonie du Multivers" en disent un peu plus encore sur ce que les paroles confirmeront.
La science-fiction, l'hyperespace sont au coeur de cet album. Un effort conceptuel que l'electro vient enrichir en s'éloignant des samples sombres et étouffants.

C'est là qu'Oestre rend son album particulièrement intéressant : avec des sonorités claires ou grâce à de courts passages plutôt orientés Dubstep, et même des samples de violons parfaitement intégrés aux compos, on arrive au point de confluence entre l'électrique et l'électronique. 
Les deux se mêlent tout en demeurant bien distincts, audibles, complémentaires. On est alors pleinement plongé dans l'univers musical du groupe avec, une fois n'est pas coutume, le regret qu'il ne soit pas accompagné d'une véritable vidéo (en dehors de ce court teaser).
 

Cette réussite créative est une forme d'aboutissement musical pour Oestre qui en fait son leitmotiv depuis 2003. Il aura fallu 15 ans mais le groupe aborde enfin son concept de manière suffisamment claire pour se faire comprendre visuellement et musicalement tout en demeurant assez nébuleux pour ne pas fermer l'imagination de l'auditeur.
An zéro n'est pas qu'un aboutissement, il est aussi un commencement. Oestre sachant maintenant exploiter ses ressources techniques, il aborde son metal de manière quasi-futuriste et avant-gardiste. Certaines influences encore mal digérées demeurent le seul point noir d'un groupe qui prouve que la persévérance paie toujours.

photo de Tookie
le 28/06/2018

1 COMMENTAIRE

Xuaterc

Xuaterc le 28/06/2018 à 16:46:33

C'est clairement trop djent pour moi, mais je trouve ça plus intéressant que le Textures moyen

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