Platypus - The Adventures of Platypus

Chronique CD album (26:25)

chronique Platypus - The Adventures of Platypus

C’est d’abord dans l’œil que Platypus m’a tapé, l’ornithorynque à clope de la pochette ayant balancé une lourde madeleine de Proust dans la mare de mes années « cartable & carnet de liaison ». Mais peut-être certains d’entre vous ont-ils également déjà feuilleté des épisodes de la BD Canardo. Non? En tous cas la ressemblance est troublante…

 

Puis, une fois l'objet calé dans mon lecteur, c’est au palmipède du pape de la scène Nawak que j’ai forcément pensé:

 

Sauf que ces Anglais sont plus systématiquement cuivrés que la bande à Bungle, et peut-être plus sages également. Plus Rock que Metal, aussi, au passage. Quand eux vous diront Zappa, nos oreilles, elles, entendront Primus, Aspirateur de Langue, Sebkha-Chott et, à la marge, That Handsome Devil. De sympathiques références ma foi...

 

Par ailleurs, Platypus semble aimer le mystère. Avare en détails sur son histoire, son pourquoi, son comment, son qui-est-qui et qui-fait-quoi (ça porte du masque chez les ornitho!), le groupe a inexplicablement retiré de Bandcamp l’EP dont on vous parle aujourd’hui, n’y laissant plus que quelques morceaux épars (à l’exception d’« Inverterbrate »). C’est sur son Souncloud qu’il faut désormais se rendre pour dégoter l’objet… Qui s’y trouve rebaptisé en Platypus Forever, avec une tracklist à l’ordre chamboulé…

‘M’ont pas l’air super stables ces loustics!

 

Mais concentrons-nous plutôt sur les tribulations musicales consignées au sein des 5 titres ici proposés. Empaquetée dans une prod’ correcte mais exhalant tout de même des relents peu discrets de fait-à-la-maison, la musique du groupe peut se résumer en un Rock cuivré cartoonesque parfois intenable, parfois indolent, mais tout le temps fripon. « Amphibians » démarre l’aventure sur une course-poursuite James Bondienne cuivrée, rebondit follement telle une balle en caoutchouc, avant de s’offrir une pause planante dans de douillets coussins où elle finira sa croisière – la chambre capitonnée où se déroule l’action s’avérant être une cabine du paquebot de La Croisière s’Amuse. « Birds » commence Surf Rock plein pot, mais préfère finir sur un ressort Ska. Pour « Fish », la recette s’agrémente d’une mélopée orientale, avant de finir dans les fumées d’un bar lounge « so chic ». « Invertebrates » est plus franchement échevelé, plus farfelu, plus Funk aussi, et mérite à ce titre pleinement sa médaille Nawak – dégraissée pour une fois du suffixe « -Metal ». Et le plus long « The Mexican » de faire honneur à son titre en ajoutant à la formule déjà déclinée par 4 fois des parfums plus hispaniques (ou plutôt faudrait-il dire « sud-américains », les froufrous de la fin du titre lorgnant quant à eux vers le Brésil) – mais sans en faire trop, par petites touches bien dosées.

 

Au-delà de la performance technique sur laquelle il n'y a rien à redire, on sent comme de l’indolence, de la frivolité, voire un zest de je-m’en-foutisme chez Platypus – cette impression étant sans doute renforcée par la prod’ un peu amateur. D’où, entre autre, les parallèles avec Aspirateur de Langue et Sebkha-Chott. Et d’où, pour l'auditeur, ce plaisir réel mais pas générateur d'un enthousiasme suffisant pour taper plus haut que la note qui s’affiche tout là-haut. Ce drôle d’animal est néanmoins un ajout de choix au bestiaire Nawak qui, décidément, commence à pas mal grouiller, entre les chenilles, les hominidés simiesques de Toumaï et les cabots de Dog Fashion Disco

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: du bon Nawak Rock cuivré qui devrait plaire aux amateurs de Primus, Aspirateur de Langue, Sebkha-Chott voire That Handsome Devil, voilà en somme ce que promet ce premier EP de Platypus.

photo de Cglaume
le 17/04/2019

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