Portal - ION

Chronique CD album (36:56)

chronique Portal - ION

Quand Endon nous balance sa déflagration nucléaire, cela paraît logique : ils sont Japonais, la bombe atomique, ça les connaît. En revanche, que ce soit des Australiens qui soient à l'origine de Portal nous livrant un délire pas si différent en terme de déflagration sonore dissonante en marge de tout sens de la musicalité comme on le connaît, ça peut sembler un brin incongru. Et pourtant, pas si étonnant que cela d'une certaine manière. Parce que l'Australie, ce n'est pas que le soleil, les plages, le surf et le rock'n roll, c'est aussi l'environnement naturel le plus mal famé de la planète car abritant les bestioles les plus dangereuses qui soient. Jusqu'au point où l'on se demanderait si le simple petit papillon innocent là-bas ne serait pas foutu de se poser sur notre crâne afin d'aspirer tout notre flux cérébral par les micro-pores du cuir chevelu. Alors que ça donne envie à certains de s'enfermer dans une grotte stérile de tous dangers et prédateurs jusqu'à en devenir totalement frapadingue, ça peut se comprendre. Voilà peut-être le pourquoi du comment de la naissance de Portal. A moins que le papillon n'ait pas eu l'occasion de finir le boulot dans son vampirisme de matières grises. RIP à lui car on imagine que sa mort ne devait pas être belle à voir quand tu vois les énergumènes qui l'ont chopé.

 

C'est ainsi qu'en ce début 2018, les Australiens rempilent pour un cinquième album long format, ION. De quoi amener un peu de chaleur dans les froides chaumières... Et surtout les oreilles. Car encore une fois, le pèlerin ignorant qui irait en écouter une tranche au petit bonheur la chance ira bien vite consulter l'ORL de toute urgence afin de vérifier si un essaim de guêpes n'aurait pas élu domicile dans son conduit auditif. Et détestera sûrement au passage si les délires drone/expérimentaux ne lui parlent pas. Pour les autres connaissant le pot-aux-roses, il n'y a pas à aller voir plus loin : ION ne démérite pas.

 

Seule différence à constater, les Australiens se sont calmés sur l'aspect dense de leur musique. Moins de couches pour un résultat plus brut de décoffrage. C'est ainsi que ION sonnera moins marécageux que ses grands frères. Et honnêtement, cela lui va rudement bien, d'autant plus que cela donne l'impression que Portal est réellement parvenu à franchir une marche d'évolution plus importante par rapport aux autres où les variantes et nouveautés étaient dans l'ordre du subtil. Peut-être d'ailleurs, grâce à ce plus grand dépouillement, qu'il s'agit du meilleur album pour le profane avide de découvrir la bête. Tout paraît en effet plus net et moins « noyé », au point d'en discerner nettement tous les détails. Techniquement fameux et impressionnante (cette batterie !) d'ailleurs une fois l'intro dark ambient noisy passée.

 

De ce simple allègement de couche vient faire pas mal de différences : même si Portal ne gagne ni en musicalité, ni en positivisme guilleret, l'atmosphère globale ne sonne pas vraiment de la même manière que ce que l'on connaissait. D'une attaque menée sous une brume poisseuse et floue, on a maintenant carrément l'impression d'en recevoir une directe et percutante jusqu'à nous écorcher vif. Et si on le prend plutôt pas trop mal sur les premiers titres, la seconde moitié, bien plus vicieuse et au premier abord confuse, viendra retirer toute envie de sourire : de cette amorce à mi-parcours jusqu'à la partie plus calme de l'outro – histoire de nous faire redescendre sagement afin d'évaluer les dégâts reçus – on passe du stade de tortillage de boyaux se transformant progressivement en état nauséeux, au bord du malaise. Et pour cela, bel exploit qu'accomplit ION.

 

Parce que ça semblera saugrenu aux sains d'esprit d'émettre ce constat mais c'est bel et bien dans la transmission de malaise – et de mal-être – que Portal a brillé hier, brille encore aujourd'hui et brillera sans doute demain. Alors certes, on ne ressort pas de ION spécialement serein mais par-delà des entrailles endolories, c'est une sensation édifiante qui nous parcourt. Celle d'avoir eu affaire à une expérience viscérale, intense et profondément fascinante.

photo de Margoth
le 06/04/2018

5 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 06/04/2018 à 07:49:11

Ah, c'est guilleret pour bien commencer la journée

gulo gulo

gulo gulo le 06/04/2018 à 08:07:45

Rooh, y a quand même une bonne tradition de metal frappé de démence omnivore, là-bas aux antipodes (Australie, Nouvelle-Zélande...). Sinon, cap bien redressé après un Vexovoid ronronnant au propre comme au figuré.

gulo gulo

gulo gulo le 06/04/2018 à 08:10:27

... Ou plutôt, nouveau cap, avec effectivement délaissage du bourbier d'avant, pour ce... machin délibérément, horriblement net, coupant, dénudé comme un fil électrique, et bien en accord avec les promesses de l'artwork avec ses lignes dures et vertigineuses.

cglaume

cglaume le 06/04/2018 à 10:15:21

LE groupe pour maso

sepulturastaman

sepulturastaman le 30/04/2018 à 10:34:46

Sans doute le disque le plus facile d'accès du groupe. Il a de forte chance de finir dans le top 10 de fin d'année.

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