Rotting Christ - The Heretics

Chronique CD album

chronique Rotting Christ - The Heretics

 

Après la relative déception constituée par Rituals en 2016 et qui se contentait de capitaliser sur les acquis tribalo-world-dark-music du combo grec, on pouvait être légitimement inquiet concernant son successeur.

Surtout que, "Heaven And Hell And Fire", le single, paru en décembre dernier, ne cassait pas trois cornes à un bouc. Le Christ pourrissant se faisait alors bien routinier.

Sakis et sa bande serait-il bon pour l'hospice des vieux adorateurs du Malin ?

Le titre "The Raven" déclamé par Stratis Steele (chanteur d'Airged L'Ham et Endomain) en janvier, bien que nous refaisant le coup de l'adaptation d'un écrivain célèbre, précisait l'apparente nouvelle direction du groupe : celle de la mélodie pas dégueulasse, disons, trottinant sur des terres goths pour ce titre précis.

Il restait alors à juger de l'ensemble de The Heretics.

 

D'entrée," InThe Name Of God" introduit une forme de religiosité inconnue jusque là chez les Grecs. On reconnaît bien sûr le jeu saccadé typique des guitares du combo mais les chœurs et les arrangements aériens des leads nous collent au plafond de la Chapelle Sixtine.

Rotting Christ aurait-il viré sa cuti théologique ? Pas du tout, le thème de l'album est en effet centré sur des grands auteurs ayant critiqué la religion chrétienne. Les Grecs les appellent, de façon très binaire, des hérétiques.

 

Et bim sortons le gros mot « concept album » tiens !

 

Nietzsche a braillé contre un christianisme moral qui valorise le non-humain, l’ascèse et l’humilité.

Edgar Allan Poe évoqué plus haut, a dit : All religion, my friend, is simply evolved out of fraud, fear, greed, imagination, and poetry.

Voltaire, malgré ses travers, s'est fighté pour la liberté religieuse et d'expression. Ses paroles constituent l'ouverture de "Fire, God and Fear". Le morceau en lui-même est un petit bijou.

Thomas Paine, le révolutionnaire rosbif a prôné la religion de la liberté et son Sens Commun a pété les scores de l'époque au niveau des ventes.

Mark Twain, génial provocateur, a montré les incohérences de la Bible et a dénoncé les crimes commis au nom du dieu unique.

John Milton, poète et pamphlétaire, a défendu la légalisation et la moralité du divorce... au XVIIème siècle.

Nikos Kazantzakis, l'écrivain crétois, a suivi les cours de Bergson et a été excommunié par l'église orthodoxe grecque. Il sera présent sur le titre "I Believe".

 

Alors, on cherche fiévreusement à qui appartient cette magnifique voix féminine imposant sa musicalité sur le second titre. Quand on découvre le nom de la soprano Irina Zybina de Grai tout devient limpide et logique. En effet le groupe de Folk Metal avait fait une reprise des Grecs sur leur dernière plaque, le très bon Ashes. Le titre envoûte malgré sa structure assez simpliste, s'achevant sur des paroles de John Muir, le naturaliste américain.

Des featurings, y'en a d'autres, comme celui d'Ashmedi (Melechesh) et Dayal Patterson, journaliste anglais ayant collaboré aux mags Terrorizer et Metal Hammer. Hasard des promos, le titre avec le frontman de Melechesh est remplacé sur ma version, par le puissant "The Time Has Come".

 

Ces participations, nombreuses, surtout au niveau instrumental, n'ont en rien dénaturé l'esprit du groupe déjà bien installé depuis Theogonia. La prise de risque musicale semble alors minime quand on connaît la qualité de certaines autres sorties des Grecs.

Pourtant, de la prod en passant par la composition au poil de yeuk des morceaux (un peu fondée sur la même structure oui, faut dire), Rotting Christ se laisse encore bien déguster en mode théâtrale.

 

Et c'est pas du vaudeville.

photo de Crom-Cruach
le 17/04/2019

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