Run Of Lava - Node

Chronique CD album (33:07)

chronique Run Of Lava - Node

Décidément, 2011 est parti pour être une année placée sous le signe des séismes d’envergure! Après la grosse séance de Parkinson tectonique qui aura durablement marqué les esprits et les compteurs Geiger japonais lors du premier trimestre, voilà que les cratères bisontins se remettent à cracher de brûlantes coulées de lave, 3 ans et demi après l’éruption Exploded Allusion. A l’époque, Run of Lava avait réussi à m’impressionner durablement, bien qu’évoluant dans des styles plus proches des accointances stylistiques de certains de mes camarades de webzine que de ma famille musicale habituelle. Car le groupe mélange en effet hardcore, punk, stoner et gros power thrash (là je retrouve mes petits…) pour en tirer une tambouille bien à lui de "Stonunkcore metal" (collectionneurs de néologisme douteux, c’est cadeau!) à la fois rageur, sombre et brut de fonderie mais qui peut également s'avérer lourd, tortueux et passablement enfumé.

 

Sur Node, le groupe ne change pas son fusil d’épaule mais au contraire le réarme, le cale plus expertement encore contre son épaule afin d'ajuster son tir, et nourrit un feu fourni qui arrose une cible toujours plus large, flirtant avec les limites du crust/grindcore, du sludge, du thrashcore, du doom psyché comme du chaotic modern hardcore. Enfin quel que soit le flacon, qu’importe: Run of Lava réussit généralement à nous enivrer. Et pour ça nul besoin des plus rafinés artifices de la technique instrumentale, le groupe préférant mettre l’accent sur le feeling et l'énergie brute (les morceaux sont souvent courts, de 1 à 3 minutes) plutôt que sur les courbettes esthétisantes. Seul membre du groupe à marquer véritablement les esprits, Bass fait cette fois encore preuve d’une grande souplesse vocale – chant clair (mais sombre!), éclats hardcore vénères teintés de punk, cris écorchés et saturés, voix légèrement retouchées et backing « tough guys » – bien qu’on notera que les incartades dans des registres plus typés « metal extrême » se font bien plus rares que sur l'opus précédent.

 

L’album s’ouvre sur 4 titres hargneux et hyper vitaminés bien représentatifs de ce dont sont capables nos 5 lascars… Et ces quatre premières cartouches se paient en prime le luxe d’être sacrément accrocheuses! Mention spéciale à « Stigma Screen », morceau aussi furieux que catchy qui capitalise sur un refrain mélodique qui fait mouche, un groove typiquement hardcore et un ralentissement ultra moshy proprement excellent (bienvenue dans une chaude mélasse casse-nuque à la marque des 2:30). Certes, il faudra une configuration neuro-auditive un peu différente de la mienne pour goûter pleinement les plans stoner pleins de riffs caoutchouteux distendus, de dissonances retorses et de clous rouillés sous les ongles. De ce fait les « Breath », « Unstable Weakness » et « Visceral Attraction » me laisseront globalement froid (bien que ce dernier consacre sa 2nde moitié à un voyage doom psyché bien tripant). Petite déception aussi sur la fin d’album avec « Ashes » qui commence sur une longue et sombre outro électro-acoustique, et qui continue sous la forme d’un morceau de metal’n’roll grassouillet et lancinant … Une reprise peut-être? Mais heureusement, les Run of Lava varient les plaisirs et continuent de parsemer leur tracklist de petites bombes chargées en blast, en crust et en grosses mosh parts puissamment groovy, comme sur l’excellent « Knot ». On remarquera en outre qu’après une première démonstration de savoir-faire carrément convainquante sur Exploded Allusion, le groupe continue d’exceller dans l’inclusion de samples cinématographiques judicieux au sein de sa musique, ce qui participe ici encore grandement à l’atmosphère de pas moins de 3 morceaux. A noter enfin une touche noise rock – tout particulièrement sur « Trigger Control » – qui m’a fait revenir à l'esprit le nom depuis longtemps entoiledaraignéisé des Portobello Bones.

 

Ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est que si vous aviez apprécié les travaux précédents de Run of Lava, Node vous apportera à nouveau ce cambouis, cette rage, cette rugosité et ces trips lourdement planants qui vous avaient mis les gonades en émoi il y a quelques petites années de cela. Une valeur sûre donc, dans un créneau toutefois bien ciblé. Maintenant à vous de faire votre marché!

 

PS: j'apprends sur le tard que le morceau bonus qui suit « Ashes » n'est autre que « Twist of Cain » de Danzig...

photo de Cglaume
le 02/05/2011

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

HASARDandCO

Electric Wizard - Dopethrone
Unsafe  - Evilution