Akercocke - Antichrist
Chronique CD album (41mn)

- Style
Black Death avant-gardiste - Label(s)
Earache - Sortie
2007 - Lieu d'enregistrement ?
Si je vous dis "Angleterre" vous me dites Iron Maiden, si je vous dis "Black Metal" vous me dites Panda, si je vous dis "groupe de black anglais" vous me dites Cradle of Filth et vous aurez completement faux. Ici point de corpsepaint grotesque, ni de heavy metal et encore moins de cris de chatons sur fond d'orchestrations grandiloquentes avec des gonzesses derrière un micro qu'elles prefereraient avoir là où vous savez plutot que devant le nez. Akercocke mes amis c'est un peu l'anti-thèse du black metal; tellement qu'on prefere ne pas se risquer a contrarier nos confrères bruleurs d'églises. Nous parlerons alors de la musique du combo rosbeef comme extreme au sens large, et assez avant-gardiste dans son approche. Après plusieurs albums plus ou moins réussis et une grosse révélation en 2005 avec "Words That Go Unspoken, Deeds That Go Undone" Akercocke apparait en 2007 avec ce "Antichrist" comme un sérieux outsider dans la scène metal extreme actuelle.
Grace à une ouverture musicale relativement importante, le groupe réussi a creuser son trou dans le milieu en proposant une mixture brute de décoffrage et a la fois très fouillée et variée. C'est là le point fort de cet album: arriver a mélanger aussi bien la brutalité primaire du black, avec des riffs bien malsains et une voix écorchée à faire palir bon nombre de groupes de "metol noir de satan de la mort de norvège"; avec la complexité des structures et des gros riffs typés death metal ("Summon The Antichrist" "Man Without Faith Or Trust" avec son solo très Immolation) et des parties mélodiques (chant clair compris sur beaucoup de morceaux comme "Axiom" par exemple ou sur la totalité du titre final "Epode"), des passages très lourds limites indus/sludge (genre Godflesh ou Zatokrev), du spoken words et même des mélodies arabisantes, "The promise" étant le plus bel exemple de ces mélanges. En parlant de passages arabisants et orientaux, on notera le morceau "Distant Fires Reflect The Eyes Of Satan" instrumental qui est assez réussi dans son style qui me fait penser un peu à du Serart (side project de Serj Tankian). Les nuances entre ces différents styles sont bien réalisées et ressortent bien au niveau des compos en elles-mêmes, ainsi les titres étant assez long (5minutes en moyenne) les structures sont assez barrées et riches. Cet aspect un peu "a tirroir" des morceaux qui n'est vraiment pas traditionnel pour ce style assez bourrin a la base rappel fortement Opeth et ce mélange d'aggressivité et de mélodies avec des jolis solos("Axiom"); de plus le chant clair nous fait parfois pensé au chant de mister Akerfeldt. Le morceau le plus emblématique de l'album est sans doute "My Apterous Angel" qui mélange vraiment tout ces aspects en 7minutes: l'intro en acoustique typée mélodies arabes, avec du chant clair (avec des intonations de Maynard James Keenan parfois), du gros braillé, des riffs death-thrash pas piqués des hanettons et du bon solo qui me fait un peu penser à du Necrophagist dans ses tonalités (mais en beaucoup moins technique évidemment). En fait la musique d'Akercocke à presque un aspect progressif (pas dans le sens branlette de manche pendant 10minutes) grâce a une bonne gestion des structure de ses morceaux, on à l'impression que tous les titres sont liés et se suivent de facon logiques tout en se complétant. Parfois d'ailleurs on se demande si on a pas déjà entendu telle ou telle partie dans un morceau précédent. Cela perturbe un peu l'écoute du disque et finalement on se retrouve devant une galette très riche dont il faut plusieurs écoutes pour en discerner toutes les subtilités. A tous les niveaux on est devant une grande variété de sons et de types de jeu: les parties acoustiques ou les arpeges sont très bien faites et bien loin des eternelles intros de black depressif (avec le bruit de la pluie en fond) les riffs rapides on une bonne vitesse d'execution et les gratteux ne défaillent pas devant la double ou la triple croche, tout comme le batteur qui maltraite bien son kit en blastant comme il se doit. On à également le droit sur un autre morceau long et riche ("The dark inside") à du son éléctro sur les grattes et a des parties plutot "rock/pop". En contrepartie les riffs les plus thrashoux et les parties de chant les plus gutturales se trouvent dans ce titre, allez comprendre.
Avec tout ca vous allez me dire que ce groupe à tout pour lui, et bien le seul défaut (encore que) de ce disque c'est sa production. Peu conventionelle sur l'approche du son dans ce style, la batterie n'a vraiment pas le son ni le mix adapté à la qualité et a la brutalité des compos. Le tout sonne assez tamisé, les toms ont un son de boite a rythme (l'aspect indus que j'évoquais un peu plus haut), la double est assez molle, la caisse clair sèche comme l'intimité d'une grand mère en fin de vie et les cymbales trop claquantes. Quant au reste, il sonne assez cru, avec un aspect très rèche/brut sur les grattes mais la basse est plutot correcte malgré tout. Le chant est mixé de facon assez étrange également, mais on est habitué a ce son sur les albums d'Akercocke... En fait cela porte a la fois préjudice à la musique du combo car la prod ne permet pas a celle ci de ressortir de facon puissante et vraiment efficace, mais elle lui donne beaucoup de personnalité et un aspect brut qui la démarque du son extreme actuel. Alors à vous de juger sur le son de ce disque (comme sur celui de son prédecesseur d'ailleurs) je suis moi même assez mitigé, mais la qualité des compos l'emporte sur ce petit point noir.
Ce n'est pas un disque foncierement technique, ni trop complexe que nous avons là, mais plutot un bon mélange d'influences assez inhabituel (du moins dans son arrangement au sein des compos) riche et bien travaillé. La cohérence est de mise et les enchainements de titres se fait de facon très fluide. Presque trop d'ailleurs on a parfois du mal a saisir à quelle piste on est rendu tant la tonalité globale est unie. Peu d'arrangements et une production assez bizarre pour un disque qui aurait je pense mérité mieux niveau rendu sont les seuls défauts de ce skeud qui n'ont pourtant pas d'incidence majeure sur l'écoute et l'appréciation de la bete. Vous allez peut etre enfin me demander à quel degré il faut prendre le titre de cet album ? Et bien apparement le groupe est assez second degré donc je doute fort que ces rosbeefs là soient du genre à cramer du curé tous les dimanches midi. Un groupe très interessant qui propose un album de cette trempe mérite donc un coup de chapeau. C'est habilement qu'il met en scène différents styles dans des compos compliquées et reussi le pari d'incorporer à un style très hermetique d'ordinaire des influences orientales et beaucoup d'ouvertures sur des arpeges en son clair qui remplacent avec brio des mids tempos qui auraient pu sonner lourdingues dans l'ensemble. Du coup les atmospheres sont variées (on passe de la noirceur et de la froideur d'un Blut Aus Nord ou d'un vieux Godflesh, aux parties rapides et vicieuses d'un Dying Fetus ou par des recoins poisseux propes à Immolation) et les apports orientaux ou pop (etc.) permettent à ce disque de s'imposer dans sa catégorie comme une avant-garde de choix. Ruez vous donc sur ce Antichrist qui vous surprendra autant par son originalité que par sa touche très personelle au niveau du son; et qui vous prendra bien au cul par son coté vicelard et teigneux. Avis aux amateurs de musique extreme, Akercocke est là et n'y va pas par quatre chemins pour se faire respecter, il y met ses tripes et la qualité est au rendez-vous !
2 COMMENTAIRES
GoD le 05/06/2007 à 07:59:05
Exellent album que ce Antichrist, Akercocke reste les meme et çà marche.
Une tuerie, un magnifique album à écouter d'urgence !
spotzy le 17/07/2007 à 18:08:03
oh putain ça tue!!!
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