Samaël - Passage

Chronique CD album (42:11)

chronique Samaël - Passage

1996. L'année de ma majorité, la planète metal est en ébullition. La fin de l'année précédente a été marquée par la sortie de X Factor, premier album d'Iron Maiden après le départ de Bruce Dickinson, mais aussi par le retour en force des australiens d'AC/DC avec Ballbreaker (qui a posteriori porte bien son nom). Mais surtout, cette année voit la plupart des acteurs majeurs de la scène proposer un album : Load de Metallica, Roots de Sepultura, The Great Southern Trendkill de Pantera, Undisputed Attitude de Slayer et de nombreux autres (CoreAndCo prépare un petit quelque chose dessus…). L'espace médiatique est presque exclusivement occupé par ces pointures. Bien sûr, j'en suis, je participe à cet emballement. Avec du recul, cette période est un moment où le style se cherche, expérimente, balayé tour à tour par le grunge et par le nu metal. Mais dans ma petite tête la date du 19 août est notée et je me constitue un petit pécule en prévision de la sortie de Passage de Samaël, me fiant uniquement à l'E.-P. Rebellion sorti l'année précédente.

 

Disque hybride, composé d'un titre éponyme original, deux relectures d'anciens morceaux, une reprise d'Alice Cooper et d'un instrumental electro-ambiant. J'avais été soufflé par le sentiment de puissance retenue du premier et par la majesté de cette nouvelle version d'« Into The Pentagram ». Ce n'est que (rapidement) après que rattraperais mon retard sur la discographie du groupe. A l'époque, le label Century Media et le producteur Waldemar Sorychta commencent à avoir réellement le vent en poupe et à proposer une pelleté d'albums référentiels. Quand Passage sort, j'ai peu d'informations dessus (une chronique lapidaire dans Hard Force, si mes souvenirs sont exacts, je n'avais à l'époque pas accès à Metallian, qui débutait tout juste), et un livret des plus dépouillé : « All music by Xy, all lyrics by Vorph, produced and mastered by Waldemar Sorychta », les paroles et puis basta. Il ne restait que l'essentiel : l'artwork et la musique. La pochette : simple et diablement efficace, nous met tout de suite face aux thématiques astrale de l'album, de même que les titres « Moonskin », « Born Under Saturn », Jupiterian Vibe »… Le groupe semble avoir abandonné le satanisme de ses débuts pour adopter une orientation plus métaphysique.

 

J'appuie sur « play ». Et là, mes aïeux… Le riff de « Rain » déboule, implacable. En trente seconde, Samaël pose les bases de sa nouvelle formule. Des guitares heavy, une batterie martiale, des vocaux rugueux et des synthés majestueux et spatiaux. La recette est inédite et procure à l'album ce côté intemporel, grâce également à la production impeccable et sans failles qui laisse s'exprimer tous les instruments qui sonnent naturels et mécaniques à la fois. Musicalement éloigné du BM, Passage en reste proche sur les sentiments dégagés : noirceur, misanthropie, haine, mélancolie… A la fois black metal, indus et dark metal, il maintient un équilibre délicat entre les trois pour se révéler d'une profondeur folle. L'équilibre est aussi présent entre la guitare et les claviers, aucun des deux ne prend le pas sur l'autre et chacun est joue un rôle aussi important dans le songwritting. A la fois concis et compact (en partie grâce au son général) mais aussi imposant et solennel du fait des synthés, Passage se découvre petit à petit dans toute sa subtilité. Chaque titre possède son identité propre : les relents technoïdes de « The Ones Who Came Before », le spleen de « Moonskin », la radicalité de « Choosen Race »…

 

Longtemps, je l'ai trouvé trop court, me disant qu'une ou deux chansons de plus ne seraient pas de refus, mais avec le temps, ce dernier aspect m'a fait comprendre que plus engendrerait de la redite, il n'y a qu'à écouter les trois chutes de studios présentes sur l'E.-P. suivant, Exodus, certes bonnes, mais trop proches dans les intentions des titres de leur grand frère. J'évoquais plus haut l'abandon des textes satanistes, c'est n'est en fait qu'en apparence, ils sont plus métaphoriques, en même temps comment faire plus directs que

 

« I spit at your god's face
I piss on the cross
I vomit on the holy bible
I shit on the blessed whore and her bastard son »

 

Tiré de « To Our Martyrs » sur Ceremony Of Opposites. Ce n'est que plus tard également que j'ai appris les changements de line-up entre Rebellion et Passage : l'éviction de Rodolphe H. aux claviers, remplacé par Xy qui abandonne la batterie, elle-même confiée à une boîte à rythmes. Cette dernière est très bien programmée et sonorisée, au point de sonner presque naturelle.

 

Un album qui n'a pas vieilli, dont je connais la moindre harmonique, et qui marque un tournant dans mon parcours musical, dans mon top 3 personnel. Et le premier qui ose en dire du mal, je connais le nom de ses enfants, l'école qu'ils fréquentent et leur club de poney.

photo de Xuaterc
le 17/04/2016

4 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 17/04/2016 à 09:16:37

C'est l'un des tous premiers samplers Metallian qui m'avait poussé à acheter l'album. Et je n'avais pas été déçu bordel. Du coup j'avais été voir le groupe en concert (au Club Dunois de mémoire) pour une date mémorable dont la 1e partie était assurée par... Strapping Yound Lad ! Souvenirs souvenirs...

Xuaterc

Xuaterc le 17/04/2016 à 09:25:05

C'était le Gibus et ça constitue l'un des plus gros regrets de ma vie cette date, j'en ai parlé à Xy il y a quelques années, il s'en souvenait très bien.

Jull

Jull le 17/04/2016 à 19:11:11

Enorme album pour un groupe qui n'a pas su confirmer ensuite... Enfin c'est mon avis

Xuaterc

Xuaterc le 18/04/2016 à 11:28:03

Les deux suivants sont très bons, ensuite Zzzzzzzzzzz...

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