Scat Opera - About Time

Chronique CD album (44:12)

chronique Scat Opera - About Time

Quand l’été, la plage et les « Chichis, beignets, chouchous... Ils sont bons mes chouchous! » vous manquent, il est bien sûr possible d’organiser une soirée diapos avec les voisins pour comparer leurs souvenirs de bronzage à La Grande Motte avec vos photos de coups de soleil made in Sable d’Or les Pins. Mais il est quand même plus raisonnable – voire plus sain, si vous n'êtes pas vacciné contre la Bidochonite aiguë – de s’envoyer dans les oreilles un bon petit album de Fusion plein de soleil. Arrivé à ce stade, dilemme: Reggae Metal ou Funk Metal? L’année dernière vous aviez été plus surf’n’skate que spliff’n’sieste: ce sera donc Funk Metal! Aaaaah la basse slapée qui tournicote sur son trampoline, la guitare espiègle et sprinteuse, le flow Happy-Hip-Hop, les joggers californiens…

 

Comment? Londoniens? Vous rigolez ou quoi? D’où ils sortent alors ces palmiers et ce sable fin?

 

En blind test, impossible de miser sur la perfide Albion quand on entend les 9 compos de About Time. Parce tout ici sent le vieux Red Hot, Mordred, Infectious Grooves et tous ces garnements en bermudas qui – en des temps moins Trumpiens – jouaient des tours pendables aux métalleux trop sages de la Bay Area. Quand Scat Opera se met à thrasher plus franchement, c’est tout de suite joyeux, façon Crossover goguenard (« Filo », « Family Man »). Et quand c’est la basse qui mène la danse, ça part en boucles zébulonnesques à la Primus (« On Your Own »). Même la prod’ d’époque respire la West Coast, quelque-part entre Frisco et L.A. (... alors que c’est Colin Richarson aux manettes!).

 

Londres, donc. Vous êtes bien sûrs? OK…

 

Si l'acte de naissance de Scat Opera s’intitule About Time, ce n’est pas un hasard. C’est que le morceau de même nom est de trèèèèèèèèès loin le meilleur de l’album, ceci grâce à ZE riff ultime, que le groupe fait tourner quasi-non stop pendant les presque 6 minutes que dure le titre. Ah ça c’est sûr, quand on pond une telle ligne mélodique, on doit sentir la main du dieu Rock’n’Roll guider ses doigts sur le manche!

 

Le problème est que ce titre est emblématique de la façon dont nos Anglais envisagent le travail de composition, la méthode étant invariablement la même: 1) trouver un riff qui claque 2) le faire tourner en boucle 3) couvrir généreusement de Zboïïngs de basse 4) ajouter du chant Rap goguenard à lunettes de soleil… Et roule Abdul! Dans l’absolu, la recette est sympa. Mais Scat Opera abuse crassement de la simplicité de cette formule pour pondre un album entier avec une demi-douzaine d’idées à tout casser. Alors forcément, en dehors des morceaux tout riquiquis qui évitent le phénomène d’usure (« B.G.V. » et son riff « scratché » sponsorisé par Spontex dure tout juste 2:06), l’exercice lasse très vite. Oh c’est sûr, avec de tels ingrédients, au premier contact c’est enthousiasme et sourire immédiats. Mais au bout de 11 titres, on se demande quand même si l'on n’aurait pas un peu affaire à un sacrée bande de fumistes. Notamment après un « Pig Head » qui assure le minimum, recycle encore et encore, et tourne fatalement très vite en rond. Ou après « Flex » qui ne démarre qu’au bout d’une minute de néant absolu. Et pire, au terme de « Overture », qui n’est guère plus qu’une pitrerie à la Crotchduster (alternance de « I Love You » gnangnans avec du bordel Grind/Punk) étirée sur 4 longues minutes. Pour en rajouter une couche, derrière ses faux airs de joyeux luron typique de la scène, Ernie Brennan a plutôt tendance à tirer les morceaux vers le bas avec ses refrains basiques (cf. « Be Mine », ou encore « Premonition ») et son manque occasionnel de feeling. Car quand « Flex » démarre, on sent que le morceau possède un vrai potentiel explosif… que le lascar vient malheureusement réduire à néant avec ces « Do you realize » répétitifs et monotones. Ah c’est sûr, n’est pas Patton qui veut!

 

Forcément, l’attitude espiègle, la basse typique, quelques morceaux sympas (« B.G.V. », « Family Man ») et le riff de tueur de « About Time » nous obligent à la clémence. Mais on est également obligé de reconnaître que derrière la bonne humeur et les joyeuses badaboumeries inhérentes au genre, sur ce premier album c’est minimum syndical et inventivité 0 – si l'on excepte les quelques bons plans de gratte pondus par Steve Yates. Du coup le côté cul-entre-2-chaises de la chose nous force à attribuer à l'album un 7 tout tiède… C'est un peu du gâchis, certes, mais on s'appliquera néanmoins à voir la canette About Time à moitié pleine...

 

Allez, on se repasse le morceau-titre, et on repart tenter un kickflip…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: About Time, c’est le skate, le soleil, les palmiers et la basse slappée du Funk Metal californien… Mais made in London! En première approche, l’album file une patate d’enfer. Par contre, sur la longueur, on se rend compte que les bougres ne se sont pas foulés beaucoup pour écrire leurs morceaux: une idée ou deux et c’est parti monkey Ki! Heureusement, le morceau-titre est une tuerie absolue.

photo de Cglaume
le 04/11/2018

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 04/11/2018 à 13:03:57

Bim le coup de vieux.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements