Stangala - Lutun Salvia Delirium

Chronique Maxi-cd / EP (19:59)

chronique Stangala - Lutun Salvia Delirium

On savait qu'il aimait pas ça. Mais il était bien obligé de faire avec, après tout ce temps, tout le monde s'était habitué à la langue de l'Est. De toute façon, les enfants trouvaient ça ringard, naze, et peu de monde n'aidait vraiment à l'identité culturelle. Alors il a "pris le maquis", comme on dit chez des collègues du sud. Lui, il avait déjà donné, il avait milité. Mais le jour où on lui a demandé de poser une bombe, il a dit stop. Il a préféré rester dans la ferme où il s'était installé avec des soixantehuitards, et depuis il préfère rester là et ignorer le monde qui l'entoure.

Alors évidemment, quelques influences lui passaient encore dans les oreilles. Black Sabbath, dont il garde les vieux vinyles à côté de ceux d'Alan Stivell, mais aussi ce disque qu'il avait piqué à ces jeunes babouzes qui s'étaient endormis dans la campagne après avoir fumé trop d'herbe. Matmatah, un concentré de bonnes idées. Puis il a monté un groupe. Perdu dans les volutes de fumée, il a aussi perdu un peu la boule à se balader au clair de lune dans les landes. C'est ce genre de personnage qui est encore capable de te faire croire que dans ces contrées venteuses il n'y a pas que des humains qui vivent, que les menhirs ne sont pas apparus du fait des hommes préhistoriques, que les Druides avaient bien plus de savoir que ce que nos piètres livres d'histoire prétendent, et enfin que le peuple appelé Korrigans n'est pas qu'un ramassis de petites bêtes débiles sautillant dans tous les sens et amusant les raconteurs ivres et avariés.

 

A première vue, on pourrait croire à un abus, à un excès, une fausse-bonne idée : mélanger Black Sabbath aux classiques de la musique traditionnelle Bretonne avec des arrangements qui rapellent Alan Stivell. Et pourtant, je le maintiens, il fallait que ça existe. Et cet EP montre très bien que cela est parfaitement homogène et maîtrisé. La voix de Steven, qui fait penser à celle de Matmatah, maîtrise l'An dro comme le Plinn, et tout ça sur des rythmiques rock stoner qui vous réveilleraient un Fest noz de zombies. Le morceau "LSD" qui clôt cette galette est des plus réussis, avec son riff qu'on croirait sorti d'un laboratoire de drogues hallucinogènes en plein Comana. A noter que la nappe d'orgue qu'on entend plus précisément à la fin du morceau fait fortement penser à la BO d'Orange mécanique, et ça, c'est pas du tout une mauvaise idée.

 

Mon bémol ira à la boîte à rythme, qui même si elle est très bien réalisée, ne remplacera jamais une vraie batterie, et j'espère qu'un jour on pourra éditer ces morceaux avec un véritable enregistrement. Bémol aussi à la courte durée de cet EP (pléonasme je sais, mais on reste sur sa faim !). Le prochain album s'annonçant pour bientôt, on est en droit de s'attendre à une grosse claque. Affaire à suivre.

 

 

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photo de Carcinos
le 08/06/2011

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