U.s. Christmas - Run Thick In The Night

Chronique CD album (01:16:42)

chronique U.s. Christmas - Run Thick In The Night

22h22. A l’heure où la plupart quitte les apparats d’une journée trop remplie, parfois vide de sens, certains choisissent ce noir accueillant pour enfin vivre un peu de ce temps qui ne cesse de s’échapper, le salaud. D’aucuns choisiront la poésie, les livres, un film noir. D’autres sortiront, pousseront la porte des bars. Hypnotisés par les néons blafards, ils se mueront en clients le temps d’un échange furtif, lorsque les peaux se touchent, brûlent  jusqu’à l’incandescence et les  200 euros posés sur la table de chevet. Tous ont cette mélodie entêtante. Ce rythme lancinant qui les berce. Une bouffée de THC plus tard, bien avant l’engourdissement, les sens sont en alerte. C’est donc ce satané synthé à moins que ce soit ce discret theremin,  mais bon sang ces mélodies ! La nuit sera décidemment toujours trop courte pour satisfaire cette soif de savoir. Il fait aussi parfois bon rester chez soi, la nuit, « Fire is sleeping ». 

 

Run thick in the night est le cinquième album de US Christmas (USX). Les trois premiers étant introuvables, sortis sur CD-R par des microstructures. Mais avec le net… Deuxième grand bain de foule donc, pour les natifs de Caroline du Nord, hébergés et choyés par Neurot Recording. Ça y est, tu salives, là au fond, je te vois ! Le précédent opus Eat the low dog est, paraît-il, une pièce maîtresse de la maison-mère, ou un album contemplatif et hermétique de trop.  Lorsque l’on sort un titre comme « The Leonids », on doit avoir des préoccupations bien éloignées de ces considérations. On cherche le beau ! Allez voir dans vos archives, ce groupe me fait penser à Blunderwheel, l’album Roly Poly avec sur la pochette, la blatte sur le sein piercé (1993), même gouaille un peu funeste, même relents du grand Zep (au ralenti), même avidité des sens. Et puis la voix de Nate Hall. Mince, pour un peu, ils auraient pu faire du grunge ! Le violon omniprésent a tôt fait de couper court à ces divagations. 

 

Lorsque le groupe emprunte la voie la plus noble de l’Americana, il est comme dans 80% des cas hautain et surfait. Lorsqu’il plonge en pleine terre – Earth –il touche parfois au génie, comme dans « Maran » ou l’excellent « In the Night » qui m’a inspiré le début de cette chronique. « The Quena » mené par une basse parfaite accompagné par des guitares sous perfusion de flanger est même le genre de titre que Robert Smith rêve de mettre en scène. Interlude parfait avant le magistral « Deep Green » où USX invoque les immenses God Machine pour une communion toute solennelle. Là l’engourdissement a pris place. Ils auraient dû être inspirés et se retirer sur cette plage magnifique, les trois petits derniers qui suivent font plutôt office de remplissage, ne présentant que peu d’intérêt.

 

Il y’a des sommets dans ce disque, des longueurs aussi, et l’Americana n’est décidemment pas ma tasse de thé. Avis aux connaisseurs qui dans ces plages pourront peut-être y trouver leur compte.

Le jour se lève, j’ai claqué trop de fric, j’ai trop fumé, il faut que j’oublie ses yeux malicieux, ses petits seins insolents.  Je regagne la voie expresse qui me ramène vers le bienveillant, le bien comme il faut, la sécurité. J’attends de pouvoir regagner le danger dans un futur proche. Vivre ou croire autrement que je le fais. Exit.

photo de Eric D-Toorop
le 03/05/2011

3 COMMENTAIRES

Sam

Sam le 03/05/2011 à 12:48:40

J'ai adoré Eat The Low Dogs, mais alors je croche pas du tout à ce Run Thick In The Night...

Pidji

Pidji le 03/05/2011 à 14:33:32

J'ai aimé l'écouter une fois. Mais la voix tellement fausse sur certains titres m'a rebuté pour me le remettre dans les oreilles. Tout comme sa durée d'ailleurs.

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 03/05/2011 à 15:38:09

Je trouve des titres vraiment intéressants et prenants. J'ai bien du mal avec les passages plus "americana" mais ce n'est vraiment pas mon truc.
J

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