Vanhelgd - Temple of Phobos

Chronique CD album (44:08)

chronique Vanhelgd - Temple of Phobos

 

« … c’est par contre une puissante dépression en provenance du cercle polaire qui s'abat sur la région, provoquant abondantes chutes de neige, baisse considérable des températures et blizzards réfrigérants. Dans ce contexte météorologique particulièrement hostile, les autorités préconisent de laisser les véhicules au garage et demandent que, dans la mesure du possible, chacun reste chez soi dans l’attente d’une embellie. En cas de nécessité absolue, il reste également la possibilité de trouver refuge au sein du Temple de Phobos le plus proche. »

 

C’est donc les narines baignant dans d'éphémères mais réguliers nuages de condensation, et les mains chichement protégées par des mitaines mitées que je m’en reviens aujourd’hui vous donner des nouvelles du fin fond du mélo-congélo où Vanhelgd a établi domicile. Peut-être vous souvenez-vous que, il y a 2 ans de cela, leur 3e album Relics of Sulphur Salvation avait déposé tout plein de flocons étoilés au fond de nos mirettes émerveillées? Eh bien haut les cœurs, chauds les radiateurs: Temple of Phobos prolonge la promenade en traineau, toque en fourrure profondément enfoncée sur les oreilles, snowboots aux pieds, le coutelas rangé bien au chaud dans son fourreau en cuir de caribou.

 

Fans de Dissection, Necrophobic et de toute la clique, réjouissez-vous car les Suédois continuent de faire rimer nuit obscure et engelures, Zéro degré Kelvin et mélodies coquines, sombres processions et re-congélation. Leur caverne à flanc de montagne abrite toujours de ces cérémonies occultes où les fidèles se réchauffent en buvant du sang de jeune élan à même le heaume. Par contre il est vrai que l’heure est dorénavant moins à la diversité et aux assauts de guerriers sanguinaires, le grand changement de ce 4e opus résidant principalement dans une propension plus grande à la résignation et à l’accablement. Car sur Temple of Phobos la nuit est encore plus noire, les monceaux de neige encore plus pesants, la situation à la fois plus grave et plus désespérée. Et même si le groupe s’ébroue parfois pour laisser jaillir quelques bouffées de blasts broussailleux à la mode Black sylvestre, c’est plus majoritairement lors de marches pesantes, sur des mélopées entêtantes et persistantes – dans une approche pas si éloignée que ça du Doom – que nos amis déclinent à présent leur Death/Black hivernal. Autre petite nouveauté: on assiste sur « Den klentrognes klagan » et « Allt hopp är förbi » à l’application d’une légère couche de vernis à base de chant féminin, ceci se faisant en touches délicates, sans trop appuyer pour ne pas dénaturer les contrastes qui caractérisent cet album de givre et de noir charbon.

 

Très homogène, souvent lancinant, Vanhelgd prend le temps de poser ses riffs tournoyants au cours de longues compositions tragiques afin que ses mélodies nous pénètrent bien jusqu’aux os. Et quand parfois le ton se fait plus épique, c’est pour évoquer le spleen du viking dérivant sur une morne épave et les froids embruns qui lui cinglent violemment la couenne. Mais puisque même devant l’évidence il demeure toujours des sceptiques à convaincre, les Suédois ont décidé de démontrer par A+B le bienfondé de leur choix consistant à préférer le rythme des marches funèbres à la fièvre des cavalcades à travers la steppe, ceci en proposant en morceau bonus une version rugueuse et accélérée de « Allt hopp är förbi », sans plus aucun ajout de miel ni de chant féminin… Et il faut se rendre à l'évidence: ce velours pourpre tapissé en fond de cercueil, ça a un peu plus de gueule que la vieille tombe boueuse creusée à l'arrache à l'orée du bois!

 

J’avoue que, préférant la diversité et les joyeux coups de hache à 2 mains dans la clavicule, ce léger virage stylistique n’oriente pas Vanhelgd en direction du monde merveilleux du « Metal extrême qui bute selon Lapin jaune ». M’enfin Temple of Phobos n’en reste pas moins un très bon album, idéal pour réussir son premier Flocon, ou pour poireauter agréablement sous l’avalanche en attendant l’arrivée de Bernard, ses aboiements amicaux, son tonneau de rhum…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Amateurs de Metal extrême à écouter en haut des pistes, quand la visibilité est nulle et que la poudreuse commence à pénétrer sous l’écharpe et dans les chaussettes, sortez les hautbois, faites résonner les musettes: le 4e opus de Vanhelgd propose un excellent Death / Black mélodique. Par contre celui-ci abandonne dorénavant les pistes de bobsleigh et les slaloms géants pour se concentrer sur les longues pistes de ski de fond où l’on en chie dans les côtes…

photo de Cglaume
le 28/10/2016

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