Watchtower - Concepts Of Math: Book One

Chronique CD album (29:39)

chronique Watchtower - Concepts Of Math: Book One

C’est un péché mignon relativement casse-gueule pour quelqu'un qui prétend parler de musique sans avoir le bagage technique pour, mais bon, c'est comme ça: j’ai un faible pour le Metal exigeant, celui dont les complexes rouages sont taillés au laser par des joaillers au perfectionnisme maniaque. Et cette attirance n'a que faire des chapelles, qu'il s'agisse de Death, de Heavy (cf. Dragonforce), de Prog (bon, peut-être un peu moins, mais j’essaie, promis) ou de Thrash. Alors forcément, quand on se focalise sur le petit dernier, dans la famille du Techno-Thrash qui gambade joyeusement dans les fraîches clairières printanières, les noms de Coroner, Believer, Mekong Delta, Wolfspider ou plus récemment Vektor sont de ceux qui font invariablement chboum-là-d’dans au sein de ma délicate mécanique cardiaque. Bizarrement par contre, j’ai toujours eu un peu de mal avec le pourtant légendaire Control And Resistance des Texans de Watchtower. Peut-être parce que celui-ci manque un peu de poils, que le chant ne brille pas par ses excès de testostérone, ou tout simplement parce que ladite galette rime plus avec « accidenté » qu’avec « fluidité ».

 

« Va savoir Charles… »

 

En même temps, à l’époque de l’acquisition de cette riante galette (auprès d’un disquaire tourangeaux, pour la petite histoire-dont-on-se-fout-mais-bon), j’étais en pleine phase Melodeath sucré, et en tout début de découverte du Black. Ça n’a pas dû jouer des masses en la faveur de la Tour de guet…

 

Mais revenons-en au fait. Après quasiment 20 ans d’inactivité, Ron Jarzombek (aussi connu pour ses exploits au sein de Blotted Science et Spastic Ink) et ses boys nous revenaient en 2010 avec le single « The Size of Matter », avant de balancer, 5 ans plus tard, 3 autres titres, toujours au format digital. Devant cet incompréhensible lancer de confiture dans la porcherie du web, Prosthetic Records s’est logiquement dit qu’il serait bon d’offrir un support physique à tout cela, qu’il soit vinyle ou laser. Et qu’avec un petit morceau bonus (« Mathematica Calculis », plus de 10 minutes: les geeks métalleux ont du mal à s’en empêcher…), ça serait encore plus joliment emballé!

 

Vous comprenez donc à présent le pourquoi et le comment de la chronique d’aujourd’hui. Maintenant est-ce que le XXIe siècle a fait du bien à nos vétérans de la chirurgie métallique, ou va-t-on devoir une fois de plus pousser les fauteuils roulants de vénérables anciens du haut de la falaise de l’opprobre? Heureusement pour nous (… et pour eux!), ce retour est franchement gagnant. Légèrement boosté mais à peine, le son du Watchtower nouveau roule plus joliment des pectoraux que par le passé, sans pour autant perdre rien de ce qui faisait sa personnalité (un chant plus couillu aurait quand même été apprécié, m’enfin bon…). Insensibles aux modes, nos 4 mousquetaires proposent cette fois encore ces broderies complexes qui font le bonheur des afficionados du genre. Sauf qu’en dehors du morceau le plus récent – plus long, plus alambiqué, donc moins bigDiscoLove, quoique plein de plans juteux – la complexité en question n'aboutit nullement à l'exécution de galipettes stériles. Et les Texans de nous prouver pour l'occasion que virtuosité et exigence ne sont pas forcément synonymes de bâillements pour les novices. L’instrumental « M-Theory Overture » ou le superbe voyage « Arguments Against Design » devraient vous en convaincre mieux que mon blablah. Tout comme « Technology Inaction » dont la structure accidentée (… les fans d’Atheist vont aimer) est judicieusement contrebalancée par un « refrain » entêtant (T-T-T-Teeeeeee-chnology Inaaaaaaa-ction!), ainsi que par le merveilleux ping pong auquel se livrent les leads sur fond de basse groovy – cf. un peu après la barre des 4 minutes. Car cet EP est non seulement parsemé de moments provocateurs de Oooooh! et de Aaaaaah!, mais il propose en plus de vrais bons morceaux, pensés par des êtres humains pour des êtres humains, et non pas par des machines pour des agrégés en musicologie.

 

Alors certes, les 5 morceaux de Concepts Of Math: Book One possèdent des structures parfois un peu heurtées, parfois un peu tortillonneuses. Certes les solos virevoltants et autres pirouettes techniques provoqueront des hochements appréciatifs chez les « connoîsseurs » à petit doigt levé… Certes la nouvelle génération préférera sans doute la fougue de Vektor. Pourtant ce qui nous est offert ici est non seulement exactement ce que l’on pouvait attendre d’une telle référence, mais également un bel album de Thrash technico-progressif qui permet de ressentir des sensations et de se laisser glisser de belles mélodies en atmosphères spatio-futuristes. Un album que l’on recommandera donc chaudement aux profs de math afin de mettre un peu d’huile dans une rentrée houleuse, et permettre que calculs d’intégrales et trigonalisations de matrices se fassent la nuque au chaud et le sourire aux lèvres…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: avec Concepts Of Math: Book One, Watchtower signe un retour épatant, pas loin du sommet de la chaîne alimentaire du Techno-Thrash. Du coup on attend avec impatience de travailler les espaces vectoriels riffés et les transformations headbangantes de Fourier à l’occasion du Book Two

photo de Cglaume
le 17/10/2016

5 COMMENTAIRES

sepulturastaman

sepulturastaman le 17/10/2016 à 09:43:55

Moi c'est la caisse claire et les cymbales ou timbales trop mis en avant qui me choque, car la voix est parfaitement adaptée à leur zic.

cglaume

cglaume le 17/10/2016 à 12:00:14

Question de goûts, comme d'hab' !

Black Comedon

Black Comedon le 16/03/2024 à 09:52:45

La plus grosse claque depuis qu'on est rentré dans les années, c'est devenu au fil des écoutes un album doudou tellement que je le trouve extraordinaire.
Les mecs sont en tournées aux US, un des rares groupes que j'ai vraiment envie de voir live, même la tournée de Bungle me fait moins d'effet.
Bref un album technique, une  prod, un chanteur au top, je suis bluffé à chaque fois.

Black Comedon

Black Comedon le 16/03/2024 à 09:53:12

années 2000 je voulais dire

cglaume

cglaume le 16/03/2024 à 11:08:35

Faut que je le refasse tourner : il m'avait plu, mais sans me souffler

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