Jack and the Bearded Fishermen - Interview du 06/05/2011

Jack and the Bearded Fishermen (interview)
 

On va commencer de façon très banale, comment a commencé l'aventure J&TBF ?

Et bien, j’aurais envie de te répondre : assez banalement en fait. Nous (Hervé qui tient une guitare et chante aujourd’hui et moi même, qui tient une autre guitare) avons commencé à jouer (en duo, avec une boîte à rythme) en 2005, pour occuper les longues plages de temps libre que nous offraient nos premières années à l’université. On avait chacun de notre côté joué dans des groupes durant nos années de lycée. Après une petite année à vivoter, les choses ont assez vite évolué… On a troqué la boîte à rythme contre un batteur en chair et os, on a recruté une bassiste et enregistré dans la foulée notre première démo. Cette deuxième mouture a duré deux ans, le temps d’enregistrer un premier EP, toujours sorti avec les moyens du bord et de faire une courte mais réjouissante tournée franco-espagnole. Après le départ de la bassiste et du batteur, certains de nos amis proches se sont montré intéressés pour prendre la relève et continuer l’aventure ensemble. C’est ainsi que Bastien (batterie puis actuellement guitare, chant et clavier) et Thomas (Basse) se sont intégrés au groupe. Pour la batterie, on a d’abord joué avec Bastien puis Fre (batteur de Membrane, puissant groupe de noise-core vesuliens), puis c’est Boris, une autre connaissance de longue date qui a pris le relais depuis l’année dernière.

 

D'ailleurs, on a du vous poser la questions maintes et maintes fois, mais pourquoi ce nom ? Quelle est son origine ? Vous êtes fan de pêche ?

Hum hum. Notre nom, c’est quelque chose d’un peu obscur… En fait c’est un reste de nos débuts en duo. Avant qu’on rajoute de la basse et qu’on accorde nos guitares si bas, on était en fait parti pour faire quelque chose de bien plus garage ou punk rock. On avait donc choisit un nom qui reprenait certains codes des groupes garages des années 1960, où on distinguait souvent le nom du chanteur et celui de l’orchestre qui l’accompagne (style « ? and the Mysterian »). Et en forçant un peu le caractère souvent grotesque de ces noms de groupes garagistes, on a trouvé « Jack and the Bearded Fishermen ». Maintenant, pourquoi des pêcheurs et pourquoi ce système pileux développé… le mystère restera entier… il l’est d’ailleurs encore en parti pour nous…

 

Commençons par parler technique : le choix de Serge Morattel s'est fait rapidement ? Comment s'est passé l'enregistrement ?

Le choix du studio, c’est le croisement de différents facteurs : esthétiques, bien sûr, d’un côté ; et pratiques, forcément, de l’autre. Pour Serge Morattel, on avait beaucoup aimé certains des trucs qu’il avait enregistré, surtout L’Amour, la mort, l’enfance perdue d’Impure Wilhemina ou plus récemment Overlook Hotel de V13. Surtout, ce qui nous avait plût, c’était le traitement des guitares, massives et électriques et en même temps très distinguable les unes des autres. Avec nos trois guitares (en plus de la basse), c’est quelque chose qui nous avait toujours été difficile en studio. Voilà pour l’esthétique. Pour le côté pratique, il s’est trouvé que nos agendas respectifs s’accommodaient bien avec celui du Rec Studio et que Genève n’était au final pas très loin de chez nous…

 

Pensez-vous travailler de nouveau avec lui dans le futur ?

Si l’occasion se représente sans aucun doute. Le maître des lieux est d’une telle générosité et d’une telle gentillesse, qu’on irait parfois même jusqu’à appréhender d’aller enregistrer ailleurs, tant ce fut un moment de total plaisir.

 

Votre musique est bien rock, noise, stoner, sludge, etc... (rayez les mentions inutiles !), et bien énervée aussi par moments, mais sans jamais lever le ton : aucun hurlements ou cris. C'était un choix ? Out c'est tout simplement ce qui collait le mieux avec votre musique ?

C’est un choix en fait. Malgré notre affection pour les guitares saturées et les rythmiques plombées, nous ne sommes pas des afficionados exclusifs des musiques typées extrêmes. On aime aussi beaucoup le rock sous ses déclinaisons plus « soft » … et c’est clair que c’est peut-être dans la voix que cela se ressent le plus fortement.

 

Cela donne d'ailleurs un esprit bien rock n' roll, qui vous va comme un gant. Et puis, de toutes façons, Bas votre chanteur a de quoi hurler dans Run Of Lava, non ?

« Avait » de quoi hurler… En effet, Run Of Lava ont mis fin à leurs activité le mois dernier.

 

D'ailleurs, quels sont vos autres groupes à tous (si vous en avez bien sûr) ?

Bastien chantait donc dans Run Of Lava. Boris jouait aussi jusqu’à récemment dans Somadaya, dans une veine plus pop que la notre. Et moi même je joue dans Jelly Bears, un duo acoustique pour me reposer les oreilles.

 

Le synthé aux sonorités HAMMONDiennes, présent sur quelques titres, permet l'exploration d'autres univers ; le son me fait d'ailleurs penser à du DOG FASHION DISCO mais j'imagine qu'il y a d'autres influences pour ce choix ?

Ce n’était pas forcément pensé à la base, mais avec l’adjonction de l’orgue au maelstrom de guitare, on retrouve un peu l’esprit plus garage de nos débuts, dont on s’était un peu éloigné. Comme nous jouons à trois guitares, ça permet aussi de varier les plaisirs et d’alléger par moment la sauce, en y ajoutant une goutte de psychédélisme.

 

 

Le choix du titre "Invisible song", c'est pour les cris à la "Immigrant song" de Led Zeppelin ? D'ailleurs, c'est un sample ou vous avez ré-enregistré ces cris ?

Héhé... nous avons bien enregistré ces cris dans la cage d'escalier du Rec studio. Nous étions bien conscient de la référence à Led Zepplin, mais nous ne sommes pas de grand spécialistes du groupe et très honnêtement le titre était déjà donné à cette chanson avant d'avoir l'idée de cette voix de tête. C'est un ami après l'enregistrement qui nous a fait remarqué la similitude des titres... Franchement on ne se souvenait vraiment pas que la chanson de Led Zepplin s'appelait Immigrant song,,,le hasard fait parfois bien les choses.

 

Question récurrente chez COREandCO, est-ce que vos paroles sont influencées par la littérature, d'une quelconque manière ?

Les paroles sont plutôt inspirée de la nos vécus respectifs. Pas de références littéraires explicites. Mais dans la forme, on peut trouver quelque chose de littéraire. Chaque chanson est en fait une histoire « à tiroir », c’est à dire une histoire a priori simple qui cache dans ses recoins des éléments de vérité politique ou émotionnelle. A l’origine, on a été un peu influencé par J.-P. Manchette par exemple, pour l’alliage savant entre une structure narrative plutôt banale et le truchement d’élément de réflexion plus complexe.

 

Pour accompagner cet excellent disque, une tournée nationale est-elle prévue ?

Pas exactement de tournée nationale à l’horizon, mais plus des concerts un peu éparpillés. Nous rentrons actuellement de Paris et de Belgique et nous nous apprêtons ces prochaines mois à jouer quelques concerts dans notre région (Strasbourg le 1er Juin, Pontarlier le 8 Juillet, Champagney le 26 Août et Lons-le-Saunier en Septembre). Nous jouerons très probablement une série de concerts en France aux vacances de la Toussaint. Par contre, pour ce qui est des autres pays, nous partons deux semaines entre Juillet et Août cet été pour quinze concerts en Europe de l’Est (Allemagne, Pologne, Hongrie, Lituanie, etc…).

 

D'ailleurs, le futur idéal pour JACK & THE BEARDED FISHERMEN, c'est quoi ?

Ce serait de pouvoir continuer à faire sincèrement et sérieusement, en continuant à étendre nos horizons musicaux, humains et géographiques.

 

On va finir avec vos coups de coeur musicaux récents ?

On écoute pas mal de trucs différents, mais on peut citer The Thermals, excellentissime groupe de Portland, Killing Joke, ou comment prendre de l’âge en gardant la fraîcheur des vingt ans, Joe Lally, ex bassiste de Fugazi et auteur de plusieurs albums solo bluffant. Et puis en vrac The Hex Dispensers, The Estranged, Baton Rouge, OFF!, Valina, PJ Harvey, Yuck...

photo de Pidji
le 23/05/2011

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