1000 Bone Cylinder Explosion - Bind

Chronique CD album (49:32)

chronique 1000 Bone Cylinder Explosion - Bind

Non, l’illustration ci-dessus n’est pas l'œuvre d'un Ed Repka se remettant difficilement d'un AVC fulgurant.

Non, le disque disséqué aujourd'hui n'est pas la démo SoundClound d’Evan, lycéen introverti en situation d’échec.

Par contre oui, c'est clair, une pochette aussi dégueulasse signifie bien « J’m’en ballec’ : je fais c'que j'veux ».

 

Et l'individu qui n’en a à ce point ranafoot s’appelle Peter Hraur, jeune Américain de Pennsylvanie qui chante, joue de la guitare, de la basse et/ou du clavier au sein de tout plein de formations qui n’ont pour le moment jamais trouvé le chemin de mon lecteur (... mp3. Ce n'est pas de toi que je cause l'ami-e). Allez, énumération : Lör – Epic Progressive/Folk Metal, Ashen Waves – Post-/Progressive Metal, Botis – Progressive Black/Thrash Metal et Top Hats and Effigies – Avant-garde Metal (… Vous non plus vous ne connaissiez pas, avouez). Malgré cette activité musicale multiple, qui devrait a priori lui laisser tout loisir d’exprimer ses humeurs créatives, le bonhomme a accumulé tout un tas d’idées de compos ne collant pas avec le cadre stylistique de ses autres formations.

 

... Dites voir : le variant Rogga Johansson commencerait-il à faire des victimes aux USA ?

 

Dans ce genre de situation, vu que la période actuelle permet à tout un chacun d’enregistrer sa zic dans son propre home-studio made in Apple, le scénario habituel implique la création d’un projet one-man-bandesque permettant au compositeur stakhanoviste bridé de laisser libre cours à ses envies sans avoir la frustration de voire ses propositions retoquées par Nanard le bassiste ou Lydia aux claviers. Et pour le coup, zéro surprise : notre Peter s’est effectivement accordé ce genre de petit plaisir égoïste. Égoïste mais toutefois pas solitaire, Greg Bogart (qui tape sur des fûts au sein de Lör et Botis) ayant aidé son poto à éviter que Bind ne subisse l’effet Poc Poc des BAR programmées avec les orteils. Alors si bien souvent ce genre de projet a plus de chance de contenter son instigateur que les auditeurs de passage, il existe pourtant quelques exceptions. Et en effet, il se trouve qu'on n’est pas loin de trouver Bind carrément délectable, oui oui.

 

Si l’énumération des autres groupes dans lesquels joue Peter – cf. plus haut – vous permet de savoir quels genres 1000 Bone Cylinder Explosion ne pratique pas, le « Free Blackened Thrash/Death progressif » affiché en tête de cette chronique ne donne qu’un aperçu très imparfait de ce que Bind propose. S'il fallait ne retenir qu'un terme de cette étiquette, ce serait le préfixe « Free », qui suggère qu’il ne faut pas trop s’acharner à comprendre les règles régissant cet univers musical. La mention « Blackened » traduit quant à elle le recours à des vocaux majoritairement shriekés (quoiqu’on entende régulièrement des chœurs évanescents se confondant avec le décor), tandis que « Thrash/Death » souligne une nette tendance à meuler sévère. Le « progressif » final rappelle enfin qu’on ne patauge pas non plus dans la bestialité la plus crasse, mais qu’il y a au contraire ici de la réflexion, de la substance, voire de la sophistication.

 

Quoique bigarré, Bind n’est pas de ces patchworks décousus qui font se succéder titres Grind et morceaux de Salsa. On y remarque d'ailleurs assez vite une constante :  cette prod’ à la fois brumeuse et massive, un poil synthétique, qui rappelle aussi bien The Senseless que SYL. Sur cette trame sonore, Peter décline un univers fait de Heavy burné porté sur les solos (on pense régulièrement aux vieux Skeletonwitch – sur « Dream of Floating » par exemple), de Surf Rock (le premier riff de « Glitch »), de Punk barré (« Aporia » semble sorti tout droit d’un album de One Step Beyond ou Trollfest), de bon vieux Rock’n’Roll (le début de « Pillars » rappelle le « Nepenthe » que Sentenced a livré sur Amok), de simili-Meshugueries (« Ice Cream »), de Doom (sur toute une partie du long « Unether »), voire de musique plus atmosphérico-zen, caractéristique qui contribue – en plus des mentions à SYL et aux chœurs angéliques figurant plus haut dans cette chronique – à rapprocher notre bonhomme du célèbre Devin de Vancouver. D’autant qu’il possède lui aussi cette approche complètement barrée (cf. quelques dérapages Nawak, dont ce passage purement Ska dans « Aporia », et ces lignes de chant presque enfantines sur « Glitch »), mais également un génie certain pour pondre des riffs imparables (celui ouvrant « Unether », celui brûlant l’asphalte sur « Start », ou encore celui cavalant comme un toon sous amphètes à travers « Continue »).

 

Bon alors c’est vrai, le brouillard épais posé par la prod mitonnée maison a parfois tendance à desservir un peu les compos. Et puis certains exercices de style s’avèrent assez stériles (« Forte », au hasard). Mais au final on est bien content que Peter Hraur n’ait pas mis à la corbeille ces nombreuses idées orphelines. Comme quoi il n’y a pas qu’à Beaune que les cylindres 1000ésimé provoquent des explosions de saveurs inédites.

 

« … quoi, tu vas vraiment finir ton papier sur un jeu de mot aussi moisi ?

- Et pourquoi il n’y aurait que les musiciens qui auraient le droit de s’en ballec’ d’abord ? »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: c’est parce qu’il ne pouvait utiliser certaines idées originales au sein de ses autres groupes que Peter Hraur a créé 1000 Bone Cylinder Explosion. Et en effet, on ne voit pas trop dans quelle formation classique il aurait pu ainsi mélanger les univers de The Senseless, Devin Townsend, Skeletonwitch, Sentenced, Trollfest, Meshuggah, ainsi que quelques nawakeries pas piquées des hannetons. Cela aurait été dommage qu'il s'abstienne tant le « Free Blackened Thrash/Death progressif » résultant s’avère aussi hautement improbable que franchement savoureux.

photo de Cglaume
le 31/01/2022

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