Ahtme - Mephitic

Chronique CD album (36:28)

chronique Ahtme - Mephitic

A force de lire les commentaires et avis postés à gauche et à droite, on réalise que certains sujets mettent d’accord 99% des amateurs "avisés" de Death metal. Tiens, un exemple facile: Six Feet Under est devenu aussi moisi que les dreads de Chris Barnes sont mastocs. Bon, celui-là était particulièrement évident… Autre sujet moins saillant mais pas moins consensuel: les sorties d’Unique Leader Records sont toutes lisses et sans âme. Si si, on lit ce genre de propos ici-même, tout autant qu’ailleurs. Notamment dans la bouche / sous la plume de gens au goût par ailleurs fort recommandable, et pas forcément si trve que cela. Alors c’est vrai que les nombreuses sorties Deathcore lovées dans son catalogue sont autant de balles que ce label floridien spécialiste en Death de bûcheron se tire régulièrement dans le pied (en même temps je fais moi-même preuve de vils préjugés en écrivant cela). Pour autant, crotte de bique (il est fâché lapin!), on y trouve aussi Afterbirth, Deeds of Flesh ou encore Exocrine. Et Kronos tout comme Gorod ont eux aussi par le passé poussé quelques vagissement dans l’étable Unique.

 

Alors quoi?

[voix off d’Anne-Sophie Lapix: ] « … Nos enquêteur ont mené l’enquête pour vous » [voix: off]

 

Pour vérifier ce qu’il en est vraiment, étudions le cas AHTME. Ancien groupe de Deathcore autrefois appelé The Roman Holiday, ces Américains originaires du Missouri pratiquent aujourd’hui un Death metal fulgurant mais technique, exigeant mais méchant… Là, parfait: on est en plein dans le segment où officie le label – c’en est presque caricatural pour tout dire!

 

C’est dès les toute premières secondes qu’AHTME impose son style. Brutaux mais propres, hyperviolents sans être destructeurs, les Américains sont plus buffle fulminant que monstre démoniaque, plus champion-tacticien de MMA que psychopathe sanguinaire. Cette puissance massive associée à une précision technique de tous les instants – le tout délivré dans un écrin sonore d’où ne dépasse pas un poil – rappelle un peu l’école polonaise. Et Decapitated, tiens, justement, maintenant que vous me le dites. Au fur et à mesure que les titres défilent, que les soufflantes s’enchaînent et que les yeux s’écarquillent, les qualificatifs tombent: précis, sec, impressionnant, foisonnant. Malheureusement le groupe souffre de ce qui perd trop de ses confrères de la même chapelle: le tourbillon hallucinant produit par ces fines lames peine trop souvent à maintenir une ligne directrice. Des morceaux comme « Node » (malgré sa courte durée), « Dent », « No Stone Sacred » ou « Putrid Perforation » témoignent de ce travers vraiment pénalisant. En conséquence nos amis s’essoufflent sur la durée, et peinent à atteindre le but qui devrait être celui de tout groupe balançant sa musique à la gueule du monde: hameçonner durablement l’auditeur. Pourtant AHTME sait parfaitement y faire quand il le veut. Il le montre en partie sur « Dissolve », dont le riff principal, répété à l’envie, possède une accroche tout à fait dans l’esprit Exocrine / Gorod. Mieux encore, sur le plus mid tempo, plus groovy « Valley of the Gourds », le groupe écrase tout autant qu’il accroche. Là, oui: on accueille la déferlante avec les yeux fermés et le sourire conquis de l’auditeur qui s’abandonne.

 

Mais si les Afterbirth et Exocrine précédemment cités (oui, les Bordelais aussi, même si je sais que vous n’êtes pas tous d’accord) sont autant de groupes dont les sorties affirment avec force la qualité dont Unique Leader sait parfois faire preuve, du côté d’AHTME le constat est un peu moins positif. Les qualités techniques des petits-gars de Kansas City sont indéniables, et quand ils montrent les crocs on a aussi peu envie de plaisanter que face au lapin tueur de Sacré Graal! Sauf que les albums comme Mephitic – dont le son est un peu trop synthétique, et dont toute trace de sueur semble avoir été gommée avec Photoshop – ne permettent pas au label de s’extraire de l’image d’Epinal évoquée en début de chronique. D’autant que ces cascades de riffs qui s’enchainent via une averse incessante de breaks font monter le niveau d’entropie des compos à un niveau bien souvent trop élevé pour réussir à développer cette accroche durable tant espérée. Pour le coup Mephitic s’adressera surtout aux fidèles du label, et de notre côté, bien que l’on reconnaisse la qualité du boulot abattu, on attendra une sortie moins générique pour jouer plus efficacement les avocats du label / diable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: groupe archétypal de l’écurie Unique Leader, AHTME fait preuve d’une brutalité et d’une technicité irréprochables. S’il ne cède pas à la facilité des mosheries Deathcore qui entachent les compos de certains de leurs confrères, s’il déchaîne d’impressionnantes orgues de Staline et réussit à la marge à nous harponner les sens, il reste trop souvent dans l’anonymat de compos touffues, impersonnelles et manquant de direction claire. Bref, de la belle œuvre en surface (quoique certains se plaindront du son clinique), mais on aimerait un brin plus de fond et de singularité.

photo de Cglaume
le 08/01/2021

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 08/01/2021 à 09:18:01

On attendra la chro du dernier Humanity's Last Breath pour battre en brèche plus efficacement les préjugés...

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