Asian Dub Foundation - More Signal More Noise

Chronique CD album

chronique Asian Dub Foundation - More Signal More Noise

Quand on a pondu trois albums aussi essentiels que Facts And Fiction (1995), R.A.F.I (1997) et Community Music (2000), qu'il doit être dur de retomber dans un oubli relatif, surtout dans un pays comme la France. L'hexaclone avait en effet craqué pour le collectif anglais grâce à ses prestations lives énormissimes et ses prises de positions antiracistes.

Le groupe eut, alors, du mal à se remettre du départ du toaster bengali Deeder Zaman dont le chant faisait une bonne partie de l’originalité du combo.

Perso j'ai lâché le groupe, en 2005, avec Tank, un album pas mauvais en soi mais qui ne reflétait plus que l'ombre de la formation.

 

Asian Dub Foundation a continué son chemin pour finalement accoucher cette année de la présente galette.

La recette des Rosbifs ne change pas en réalité et ce n'est pas plus mal. A part l'utilisation régulière d'une flûte dont je ne me rappelle pas la prépondérance par le passé. Nous naviguons donc dans des eaux éminemment groovy, entre bhangra (danse et musique indienne du pendjab prisée par les communautés indienne et pakistanaise du Royaume Uni), hip hop au niveau du chant, rock punky, ragga et drum 'n' bass. La plaque commence d'ailleurs vraiment canon avec un "Radio Bubblegum" funky et "The Signal And The Noise" qui ferait danser un moine orthodoxe grec.

 

L’album contient également quatre instrumentaux. Si "Blade Ragga" est un dub mâtiné de drum'n'bass plutôt classique, "Hovering" est bien plus tendu grâce à un beat puissant et des riffs de gratte en sourdine. "Get Lost Bashar", lui, pourrait faire penser à du Prodigy syrien. Le quatrième instru dans l'ordre non chronologique mérite un petit développement thématique.

Le titre "Semira" rend hommage à Semira Adamu. La jeune femme est morte mardi 22 septembre 1998 à la clinique St-Luc à Bruxelles. Elle était dans le coma depuis plusieurs heures suite à une tentative d'expulsion réalisée par la gendarmerie belge sur l'ordre de l'Office des Étrangers. Elle avait vingt ans... Elle s'était enfuie du Nigéria parce que l'on tentait de lui faire épouser de force un sexagénaire dont elle aurait été la quatrième femme. Ainsi, ADF ne perd pas de vue la nécessaire dimension politique de la musique.

Au rayon des scories, on ne trouve guère que "Flyover", un remix du titre d'ouverture de l'album Tank. Aucun intérêt donc.

 

Le retour d'ADF fait plaisir, un peu comme si on retrouvait un vieux pote baroudeur qui a pris un peu de bide, des poils blancs au menton mais dont on écoute encore les aventures avec joie.

photo de Crom-Cruach
le 25/07/2015

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