Aversio Humanitatis - Behold The Silent Dwellers

Chronique CD album (36:02)

chronique Aversio Humanitatis - Behold The Silent Dwellers

Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette chronique du second album des Madrilènes d’Aversio Humanitatis, sorti en juin dernier chez Debemur Morti Productions, devrait être lue moins par les fans avertis et « experts » de Black Metal que par ceux qui s’en sont détournés ces derniers temps ou qui souhaiteraient s’y (re)coller et savoir ce que cette musique aurait bien à offrir en cette année 2020. Or, l’écoute de Behold The Silent Dwellers offre une réelle opportunité pour effectuer cette mise à jour et se rendre compte des tendances actuelles du BM européen. Aversio Humanitatis permet un condensé commode : il ne s’agit là ni d’un compliment dissimulé, ni d’un reproche péremptoire, mais d’un simple constat, qui nécessite bien sûr quelques explications.

 

Déjà perceptibles en 2017 avec le très bon EP Longing for the Untold, les qualités de la production, à nouveau portée par le studio espagnol The Empty Hall, sautent aux esgourdes. Travail net, puissant, millimétré au service d’un Black Metal qui effectue un joli balayage musical, puisqu’il puise aussi bien dans le Dark, le Post-BM et même dans le Death. Je comprends alors aisément les raisons pour lesquelles la formation ibérique a intégré pour ce second album le roster de Debemur Morti. Moi qui ai écouté attentivement et/ou chroniqué les dernières offrandes de Blut Aus Nord, Ulcerate et Selbst, s’en dégage une réelle teinte « Debemur ». La maîtrise de son Art Noir – là encore, simple constat ! – passe par les mêmes ingrédients : la dissonance, la froideur, la brutalité. Et ce Aversio Humanitatis participe à cet indéniable homogénéité, flagrante même à l’écoute du deuxième titre "The Presence in the Mist", excellent par ailleurs (ce qui n’est pas forcément le cas des trois titres qui lui succèdent, efficaces, mais marqués par quelques redondances et lourdeurs dans le rythme et dans les compos, surtout avec "The Watcher in the Walls").

 

Je ne suis pas le premier à le souligner : ce trio se place assez loin de l’incandescence de la plupart des groupes hispaniques (Grimah, Lostregos, Balmog), tant l’influence est sise en Pologne (MGŁA, Kriegsmachine, Behemoth, Outre) et surtout en France (BAN, Deathspell Omega, Moonreich). L’ambiance méticuleusement tissée est ici froide, brumeuse et hostile à l’image du nom du groupe et de l’artwork de l’album. Rompu seulement à l’occasion de l’intermède épique de "The Wanderer of Abstract Paths", le growl cryptique d’A.M. – un gros atout ici – crache à merveille ce désespoir sincère, cette rage misanthropique.

 

Me voilà, une fois achevée l’écoute de ces 36 mn, pris dans un entre-deux :  Behold The Silent Dwellers, et ce dès les premières notes du très bon "The Weaver of Tendons", déploie certes un Black Metal d’école, peu novateur, a fortiori peu révolutionnaire, mais il prend dans le même temps les traits d’une création accessible, d’une expérience inclusive dotée de réelles qualités qu’illustre le dernier titre "The Scribe of Dust". Une fragilité tout autant qu’une force en somme.

 

 

photo de Seisachtheion
le 31/08/2020

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