Beneath The Massacre - Fearmonger

Chronique CD album (29:56)

chronique Beneath The Massacre - Fearmonger

Vous aimez votre Metal touffu.

Vous aimez votre Metal tout fou.

Vous pensez que ce monde est foutu.

(Vous pensez que je vais essayer de placer également le mot « tofu »... Gagné)

 

Vous avez donc la configuration psychologico-auriculaire idéale pour apprécier à sa juste valeur Fearmonger, l'album du retour de Beneath The Massacre. Notez quand même qu'avoir des tympans en adamantium et des synapses dopés au jus de sapho sera un plus indéniable si vous voulez profiter pleinement de cette petite demi-heure de maelström musical surhumain.

 

Mais avant de vous parler de Death technique à l’heure du transhumanisme, commençons par un court paragraphe « Alain Decaux » pour vous expliquer sans fard ce qui se cache Sous Le Mascara (…haha, hilarant lapin). C'est il y a 15 ans, via l'EP coup de poing Evidence of Inequity, que le groupe des frères Bradley et d'Elliot Desgagnés se fait connaître, apportant une nouvelle pierre de taille dans l'édifice du Tech Death à la Québécoise, et ravissant par la même occasion cette catégorie des fans de Necrophagist et Cryptopsy pour qui la violence n'est jamais assez violente ni la technique assez technique. Cette fulgurance, cette maîtrise, cette science de la cyber-mosh part saccadée... Le loustic qui vous cause est encore parcouru de frissons de plaisir à l'évocation de titres comme « Regurgitated Lullaby for the Born Dead » ou « Nevermore ». Deux ans après le groupe confirme les espoirs mis en lui à l'occasion de la sortie de son premier album, Mechanics of Dysfunction, qui lui aussi contient de véritables petites pépites telles que « Society's Disposable Son » ou encore « Modern Age Slavery ». Nos brutes chirurgicalement épaisses sortiront encore 2 albums et un EP du même tonneau, puis se mettront finalement sur répondeur pendant 8 ans…

 

Forcément, après tout ce temps à changer des couches, à se mitonner une bedaine à la Bud et à rembourser les traites de divers crédits, il y avait de quoi craindre que nos amis se soient mis au Bidochon-core... Penses-tu! On n’a jamais vu le groupe tartiner aussi fort qu’en 2020! Et on ne parle ici bien évidemment pas de biscottes à la marmelade allégée, mais bien de grosses tranches de miche perdue sous un monceau de poutine bien graisseuse. Sauf que non, la métaphore est mauvaise: ce que ces dix morceaux nouveaux évoquent, c'est l'annihilation totale par le fer et le feu, c'est la Terre dévastée par les machines de Terminator, c'est un lotissement paisible transformé en reconstitution de la bataille de Verdun par un bataillon de ED-209 reprogrammés par le Joker.

 

Car il n'est pas possible d'aller humainement plus vite que les ultra-gravity blasts d'Anthony Barone, ni d'envoyer valdinguer la double à une cadence plus élevée. On voit également assez mal comment les cordes des guitares pourraient être mises plus à contribution sans être portées à incandescence. Et pourtant, loin de proposer une bouillie inaudible à la Last Days of Humanity dégageant la chaleur robotique d'un Compressorhead, Beneath The Massacre non seulement captive, mais fait de son apocalypse sonore le plus jouissif des spectacles. Et non, je ne vous embobine pas. Car de ces tourbillons de violence millimétrée jaillissent des mélodies d’un autre monde. Et du milieu de ces mosh-parts terrassantes – qui pourraient sans mal faire s'ouvrir à nouveau la Mer rouge – naissent des montagnes de groove. Alors certes, découvrir ce genre de musique live n’est sans doute pas la meilleure chose à faire tant un son pur est nécessaire pour y voir clair. Par ailleurs la chose ne doit pas se siffloter aisément sous la douche. Mais « Phobophile » et « Spheres of Madness » non plus, alors il va falloir trouver mieux comme objection!

 

Si jamais vous décidez de ne pas accorder aux Québécois plus d’un morceau pour leur laisser une chance, passez-vous en priorité « Return To Medusa »: c’est sur ce titre plus qu’ailleurs que leur génie explose. Car si la DCA n’en finit pas de vomir ses langues de feu, un majestueux ruban mélodico-épique en émerge rapidement pour s’imposer, puis sublimer le déluge de notes afin de donner une direction à ce magnifique sprint sans fin. Si, intrigué, vous vous décidez à tenter un autre morceau, zappez sur « Hidden In Plain Sight » qui déploie tout autant de mélodie (même si celle-ci est moins évidente à la première écoute), et dont la mosh-part centrale se voit décorer d’une guitare lead subissant de judicieuses déformations – qu’on se demanderait presque si Gautier Serre (Igorrr) ne ferait pas un micro-featuring sur ledit titre. Le recours à ce type de mini-intervention électroïde n’est d’ailleurs pas un one-shot, « Bottom Feeders » laissant s’échapper un nuage de guitares synthétiques vers 1:16, tandis que « Autonomous Mind » semble abandonner sa dernière mosh-part aux mains de The Algorithm (après la barre des 2 minutes). Mais en-dehors de ces interventions ciblées – et si l’on met de côté le feeling très « mécanique » de cette musique flirtant avec les limites de l’humain – tout n’est que tapping luxuriant, descentes de manche effarantes et labourage de toms générateurs de litres de sueur.

 

Alors que ceux à qui le dernier Archspire a fait pousser des ailes, ainsi que les amateurs de Cryptopsy, Necrophagist, et plus encore Braindrill se précipitent sur cette nouvelle sortie qui va marquer les esprits tout autant que les oreilles!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: dur de ne pas rester pantois d’admiration, la mandibule béante, devant la débauche de violence, de technique et de talent que constitue Fearmonger. Dans la petite bulle du Metal Extrême technique, on a l’habitude de se faire sulfater l’épiderme. Mais rarement au niveau atteint par ce 4e album de Beneath The Massacre. Et le groupe ne se contente pas de nous laisser hagards, rôtis sur place: non, les Québécois ayant injecté de la mélodie et du groove par intermittence dans ce fabuleux enfer sur Terre, les bougres réussissent à nous faire atteindre l’orgasme auriculaire! Rhaaaaa...

photo de Cglaume
le 12/03/2020

5 COMMENTAIRES

8oris

8oris le 13/03/2020 à 13:23:27

Chronique parfaite pour un album parfait. Je n'aurais ni mieux ni moins bien dit.
Par contre, l'album n'est pas sur Bandcamp et ça c'est très dommage!

cglaume

cglaume le 13/03/2020 à 16:45:38

Sans déc', t'aurais parlé de tofu toi aussi ? :D

Merci pour la chro !

Et pour Bandcamp c'est l'effet Century Media je suppose...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 14/03/2020 à 17:34:56

ça meule pas mal vot'truc là Msieur !

fred_pictures on silence

fred_pictures on silence le 31/05/2020 à 16:05:00

Super chronique...vous m'en faites découvrir des nouveautés..!!! MERCI  les gars

cglaume

cglaume le 31/05/2020 à 19:48:56

Tout le plaisir est de ce côté-ci de l'écran :)

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