Bleedskin - Homicidal Therapy

Chronique CD album (30:42)

chronique Bleedskin - Homicidal Therapy

Moi, j’adore me prendre des bulldozers dans les dents ; c’est mon petit côté masochiste, et en même temps un exutoire infaillible pour donner un peu de couleurs à ma routine matinale à base de café(s)-tartines-Ritaline. Seulement voilà : les bulldozers, à Paris, on ne peut pas dire que ça coure les rues. À défaut, autant donc se contenter de les laisser t’égruger les esgourdes par le biais de tes écouteurs à dix euros.

 

En l’occurrence, Bleedskin peut justifier d’un argument de poids pour aller dans ce sens, relevant d’un systémisme aussi abstrus que gratifiant. Dans le metal au sens large, le chant féminin pousse en effet constamment la gnaque à des degrés de catharsis délirants par rapport à ses homologues masculins – ce qui représente toujours, en l’état, quelque chose comme 90 à 95 % du corpus en question, de quoi donner d’autant plus de poids la thèse susformulée. Je laisse à ceux qui aiment le soin de prendre Arch Enemy et Butcher Babies comme exemples, et vous renverrai plus volontiers à Crypta ou Flagitious Idiosyncrasy In The Dilapidation au niveau de mes goûts purement personnels en la matière.

 

La beauté de la chose se manifeste d’autant mieux au niveau de la portée que j’oserais qualifier d’androgyne du chant guttural. Dès « Echoes Of The Past », la puissance du growl de Céline Mazay rappellerait sans peine les plus éclatantes inflexions de Sven de Caluwé (Aborted, pour les deux du fond). Chaque track d’Homicidal Therapy s’impose comme un champ d’expérimentation – voire de bataille – à la mesure du déploiement de son incroyable talent en la matière. « Spread Your Venom » et « The Reaper » s’imposent en hallucinantes démonstrations des différentes modulations déployables en appui de la savante brutalité ambiante. La différence avec se ressent à peine par rapport aux vocal leads que partage brillamment Rémy Adam, si ce n’est au regard de quelques octaves de différence à peine perceptibles.

 

Car sans un mastering instrumental à la mesure des ambitions dont le medley de ces talents vocaux pourrait aisément justifier, Bleedskin ne ferait bien sûr office que de bête cas d’école en termes de death brutal. Mid tempos (« Murderous Madness ») et coups de sang délicieusement blastés (« Purgatory ») rythment Homicidal Therapy avec un talent à la mesure du court passif de guitariste qu'affiche Logan Dykens chez Brutal Sphincter dans son CV. « From Hunted to Hunter » ou « Darkest Secret » n’auraient que peu à envier à Suffocation en termes de férocité dans sa forme la plus brute.

 

Deuxième album pour Bleedskin en huit années d’existence, Homicidal Therapy dégage une aussi forte qu’agréable impression de maturation savamment dosée pour la formation belge. À surveiller d’infiniment plus près !

photo de Aldorus Berthier
le 10/12/2024

4 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 10/12/2024 à 08:33:13

Aldo, "si ce n’est au regard de quelques octaves de différence à peine perceptibles."... comment dire, quelques octaves, c'est très très perceptibles, c'est ENORME !!!
''Octave'' n'est pas le bon mot ni le bon intervalle, éhéh !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 13/12/2024 à 11:34:17

Quel Auguste post concernant l'Octave !

el gep

el gep le 14/12/2024 à 19:24:22

Ahah bien joué !

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 15/12/2024 à 19:15:04

Bon je m'excuse de cette approximation technique (et applaudit Cromy pour sa blague tout en rongeant mon frein du fait qu'elle ne vienne pas de moi) et me rassure dans la mesure où c'est en forant qu'on devient forgeron (euh nan attends c'est pas ça...)
En tout cas merci pour ce petit cours musical qui me fera me coucher moins bête, car effectivement, "vieux motard que jamais" ! (rah nan attends c'est toujours pas ça...)

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