Blues Pills - Holy Moly!

Chronique CD album (41:30)

chronique Blues Pills - Holy Moly!

L'ami Sepult' vous a parlé de sa charmante ex-copine répondant sous le doux nom de Blues Pills. C'est qu'il a aimé lui filer rencard dans son petit van Volkswagen en 2014. C'est qu'entre lunettes rondes aux verres fumés et bandanas à fleurs et vieil ours à dreads mal léché, l'osmose ne paraît finalement pas si saugrenue. Le problème, c'est que la madame a fini par prendre (un peu trop) ses aises. Non contente de faire de l'effet, elle en veut toujours plus. Et vas-y que l'on passe un bon coup de pommade tout plein de strass et de paillettes dorées et ça évolue en mode pouf' un brin superficielle dès 2016 qui espère franchir les portes de Broadway, avec en bonus, la vie toute rose de star. Et ça, le père Sepult', si simple et épicurien qu'il est, a senti comme un arrière-goût désagréable de couleuvre. Jusqu'à fuir, purement et simplement, dégoûté de la vie. Pas qu'il se soit fait moine pour autant, mais on l'imagine sans mal pester du fin fond de sa grotte d'ermite contre la gente féminine. « Les femmes toutes les mêmes, on leur dit qu'elles sont belles, elles finissent par péter plus haut que leur cul jusqu'à virer du côté con(sensuel) ! Pour la peine, je m'en vais rester du côté du viril qui pue un max comme Entombed A.D. , au moins restent-ils fidèles à eux-mêmes ».

 

On pourrait s'amuser de son malheur mais on n'est pas comme ça chez Core And Co. On se crache peut-être sur la gueule, on se vanne mais au final, on n'est pas si méchant. Donc, au final, on ne lui dit pas forcément directement mais on compatit dans cette vieille peine de cœur. Aujourd'hui d'ailleurs, je compatis d'autant plus. Parce que même si on n'a pas trop de news de lui, on imagine qu'il s'est quand même un peu remis de sa déception. En revanche, par un mystérieux hasard, je suis tombée sur ladite donzelle, une grande première depuis quatre ans. Et elle est venue balayer d'un revers de main tous les mauvais a priori que l'on pouvait avoir d'elle par rapport à son évolution passée. Certes, ça n'excuse en rien les conséquences fâcheuses qui ont eu lieu auparavant mais ce qu'elle m'a raconté, dans les plus pures confessions, aussi herbagées qu'à flanc de goulot de gnôle maison, permet au moins de les remettre en perspective. Si elle a mal tourné, c'est qu'elle s'est laissée séduire par un espèce de prince charmant capitaliste qui lui promettait monts et merveilles. Naïvement, elle n'a pas marché mais carrément couru dans ses bras. Et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle s'est rendue compte du pot-aux-roses : il n'avait rien de vraiment très princier ce salaud. Au contraire, il s'en est très vite dégagé une forte odeur de maquereau. Le souci, c'est la prise de conscience est arrivée un peu trop tard, le mal était fait, elle avait déjà envoyé bouler son cher et tendre – on doute un peu de ce dernier adjectif mais laissons le bénéfice du doute – et toute la merde était bien enclenchée. Et c'est ainsi qu'une énième nana a dû se contenter de tapiner sur un boulevard du Bronx à quelques kilomètres du Broadway pourtant promis. Tellement banal comme piège. Et pourtant toujours aussi triste de constater que bon nombre s'y laissent encore prendre.

 

Pourtant, il serait fort dommage de la juger juste pour cette erreur qui peut finalement arriver aux meilleurs d'entre nous. Parce qu'elle a peut-être fait sa pute, oui, mais elle a au moins le mérite de s'en être aperçue. Et par-delà de cet élan de lucidité, elle a surtout agi pour s'extirper de tout ce merdier. Ce qui a pris du temps et ne s'est d'ailleurs pas fait sans anicroches – avec notamment la perte d'une de ses entités guitaristiques, partie se mettre au vert dans des contrées plus folks – mais quand bien même le point de rupture était proche, il n'était nullement question de choisir la facilité de s'en sortir en jouant la carte de l'overdose. C'est ainsi, Blues Pills revient aujourd'hui, avec un nouveau recueil de cantiques, Holy Moly!, toutes droit sorties du confessionnal qui aura permis sa reconstruction. Et dès le démarrage, le bilan est sans appel : « Proud Woman » serait sorti au cours des 70's, nul doute qu'il aurait traversé les âges en tant qu'hymne féministe par excellence. Ni pute, ni soumise, clame-t-elle fièrement à demi-mot et ça fait plutôt plaisir à entendre, d'autant plus que par-delà du message, la section musicale donne tout pour que la fièvre soit aussi communicative que contagieuse.

 

Passé cette entame déjà béton, le reste d'Holy Moly! représente fort bien ce qu'il est advenu de ce pauvre petit bout de femme lorsqu'elle était dans la tourmente. Il n'a pas été que question de se défaire du poids du maquereau qui l'utilisait et la dilapidait plus qu'autre chose, c'est également se remettre en question, trouver une nouvelle étincelle et la saisir afin de continuer à vivre avec mordant et conviction. De ceux qui la connaissaient de bien avant 2014, ils pourront d'ailleurs clamer que l'étincelle n'est pas forcément si nouvelle que cela, qu'au final, c'était davantage se réapproprier celle qui l'animait dans la fleur de l'âge lorsque tout a commencé au fin fond du garage, bars et salles des fêtes du village. Holy Moly!, c'est donc renouer avec le délire revival 60's / 70's dans ce qu'il a de meilleur et non par volonté purement mercantile : le bon feeling et la spontanéité, le tout mis en relief avec une prod' aussi garage que délicieusement chaleureuse. Bref, il n'est pas question ici d'être surpris ici avec des idées révolutionnaires qui viendront faire avancer les délires blues rock à tendance psyché et soul de la grande époque Woodstock mais davantage de le prolonger avec du neuf qui n'a rien à envier du vieux. Le tout en le faisant dans le bon esprit de simplicité, sans la moindre volonté de détrôner les légendes mais plutôt de leur rendre honneur avec humilité (« California » qui reprend certaines composantes du « With A Little Help Of My Friend » de Joe Cocker). Mais rester modeste ne signifie pas pour autant que le talent n'est pas au rendez-vous. Car de tous les prétendants de ces dernières années au genre, c'est bien Blues Pills qui pourrait se targuer d'avoir une des meilleures gouailles du circuit, une réincarnation inespérée de Janis Joplin (les fulgurances de fin de « Wish I'd Know », mêlés avec les chœurs gospel, de quoi bien coller du frisson bien senti). Et du fin talent de composition pour obtenir des ensembles aussi variés dans les plaisirs (des passages rock plus véloces comme « Low Road » aux frasques plus soul et intimistes à la « Dust », en passant par les mid-tempo groovy aux refrains entêtants tels que « Kiss My Last Goodbye ») que pertinents dans sa démarche première (pas réellement de fioritures ou autres tricheries modernes ici).

 

Bref, ce qui a été pondu dans Holy Moly! vient du cœur, reste dans la catégorie « brut de pomme ». Exit le champagne snobinard et bienvenue au cidre fermier artisanal. Voilà qui devrait mieux parler au père Sepult' à n'en point douter. En espérant pour lui qu'il ne se montre pas trop rancunier et accepte cette jolie mamelle que la sainte Blues Pills lui tend aujourd'hui.

photo de Margoth
le 30/12/2020

2 COMMENTAIRES

sepulturastaman

sepulturastaman le 01/01/2021 à 13:23:06

J'aurais du t'écraser avec mon tapis volant. Qu'est-ce qui est le pire : se faire insulter incel ou de conducteur de combi ?
Bon c'est une fausse question les incels sont bien pires que ces couillons en combi. Les nuls en combi on peu au moins espérer qu'ils prennent feu avec leur tas de merdes, ou que le moteur surchauffe à la première difficulté ; oui un combi c'est un tas de merde juste à éblouir les bobo.
Pour les tartufes incels leurs cas semblent de toute façon perdus, déso mesdames pour le désagrément...

Mais screugneu-neu, un el camino c'est pas un combi, c'est au pire un coupé-utilitaire, rien à voir avec ce tas de merde qu'est un combi. Et pour la couleur Vert pomme c'est un rappel avec la couleur du muscle car (hum tu la sens la virilité là, oui c'est navrant, surtout que ce genre de virilité ça ne va pas trop mal qu'en ligne droite ; chassis, frein... tout c'est trucs utiles ça doit être pour TRVE car ???) de la pochette de Earth pentastar: in the style of demon.

Ça y est je suis déjà de mauvaise humeur, merci, mais pas merci !

Margoth

Margoth le 02/01/2021 à 12:24:37

Ravie que ça te plaise et bonne année ;)

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