Faith No More - King for a Day... Fool for a Lifetime

Chronique CD album (56:46)

chronique Faith No More - King for a Day... Fool for a Lifetime

« Tiens, c’est marrant: je ne le connais pas cet album de KMFDM!? Par contre, dis: il est où le fameux cadre noir qui borde habituellement l'illustration de leurs pochettes? Et d'ailleurs, mais… C’est écrit « Faith No More » à la place de « KMFDM »?!? »

 

Ouais bon: j’exagère un peu. Ce n’est pas tout à fait la même "patte" graphique. M’enfin cette touche psyché-chaotique outrée, ce côté urbain, cette agression des sens en rouge et noir (couchée Jeanne!)… On ne me retirera pas de l’esprit qu’il y a un petit quelque-chose. Tout comme on n’arrivera pas à me faire croire qu’il n’y a pas un petit air de l’entame de « Killing In The Name » au début de « Ricochet » (… bien que ce soit plutôt un clin d’œil à Nirvana que le groupe est censé faire en interprétant ce titre, théoriquement écrit le jour de la mort d’un certain Kurt)…

 

« Dis: tu ne serais pas en train d’essayer de nous dire quelque-chose toi? »

 

Mouarf, mais non. Parce que si King For A Day… peut éventuellement rappeler ceci ou cela au détour d’un recoin de morceau, cet amoncellement de tout, de n’importe quoi, et même du reste demeure du pur Faith No More. Parce que, qu’il manque de déchirer sa camisole sur « Ugly In The Morning », qu’il rêvasse dans un hamac brésilien face à la mer (« Caralho Voador »), qu’il thrashe toute basse dehors (« The Gentle Art Of Making Enemies ») ou qu’il fasse chanter les cuivres à Broadway (« Star A.D. »), Faith No More reste Faith No More. Du moins celui de Angel Dust, avec cette classe folle et ce côté pince-sans-rire-dans-la-chambre-capitonnée qui n’appartiennent qu’à lui, et qui lui permettent de ne pas glisser dans le 100% Mr Bungle... Et la tâche est loin d'être aisée étant donné la présence dans le line-up non seulement de Mike Patton, mais également de Trey Spruance – ce dernier assurant la transition au poste de guitariste après le départ d’un Jim Martin plus vraiment branché par les nouvelles élucubrations de ses anciens camarades.

 

Le gros atout – mais également le gros élément déstabilisateur – de ce 5e album, c’est donc d’être une course folle dans un grand huit stylistique passant de sommets de folie à des grands creux d’intensité sans transition aucune. Eh oui les copains: ça aurait été trop facile de clairement séparer les ballades au soleil des coups de grisou sur chacunes des 2 faces d’un même disque. Alors autant pousser le concept jusqu’au bout et alterner la nonchalance ensoleillée et funky de « Evidence » avec la tension de  « The Gentle Art Of Making Enemies », puis les paillettes de « Star A.D. » avec la crise d’épilepsie coprophile « Cuckoo For Caca », pour sombrer enfin dans la torpeur bossa-novesque de « Caralho Voador », avant de se réveiller avec les doigts dans la prise « Ugly In The Morning »… Le mal de mer bordel!! A noter d’ailleurs – puisqu’on vient d’évoquer les 2 – la troublante gémellité entre « Cuckoo » et « Ugly » qui commencent de manière symétrique sur une dynamique descendante et des patterns de batterie assez similaires, avant de partir l’un comme l’autre en live total…

 

Mais laissons plutôt parler le cœur… Alors: King est-il vraiment le King? Ou bien le Fool de fan s’est-il fait enfler?

 

Non non, pas d’arnaque. C’est juste que le morceau est encore plus gros à avaler que sur l’album précédent. D’où une réception de l’album assez mitigée à l’époque. Et c’est vrai qu’on n’a plus guère ici de traces de cette bonne vieille Fusion d’époque, même si « Get Out » a un faux-goût de Mucky Pup dernière période, et si « Cuckoo For Caca » est parfois à 2 doigts du phrasé Rap. M’enfin quoi, les refrains de « Ricochet », de « The Last To Know » et « What A Day » sont tout simplement superbes! « The Gentle Art Of Making Enemies » n’est rien de moins qu’un chef d’œuvre… Et puis on se refait avoir comme des bleus sur le petit frère d’« Easy » ou plutôt LES petits frères devrais-je dire, tant on retrouve autant de ce titre dans « Evidence » que dans « Just A Man », les 2 étant à la base bien trop doux pour nous convaincre… Et pourtant!

  

Bon alors oui, King For A Day est un peu moins époustouflant qu’Angel Dust. Oui, il est impossible de faire plus hétérogène stylistiquement parlant sans tomber dans le Nawak pur et dur. Oui, on retrouve moins de purs hits que par le passé. Oui, si cet album peut servir de pont vers la Fusion, cela marchera mieux avec Tata Gisèle qu'avec Cousin Necro-Kevin. M’enfin il n’empêche que l'opus participe à 100% à la légende Faith No More – caractéristique dont ne peuvent se targuer ni les albums pré-The Real Thing, ni The Album Of The Year. Et puis tiens: on peut le coller sur l’autoradio sans engendrer trop de protestations… Quelle meilleur façon de couper à Fun Radio et Maître Gims, je vous le demande (… veinards qui n’êtes pas les heureux parents de jeunes fripouilles vilainement influencées par leurs copains)?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: moins fiévreusement foufou que The Real Thing, moins flashy’n’classy qu’Angel Dust, King For A Day est par contre plus large d’épaule stylistiquement parlant… Ce qui l’empêchera à tout jamais de plaire aux métalleux – ou à tout mélomane quel qu’il soit – peu ouverts d’esprit. Country, Metal, Fusion, Bossa Nova, chromes from Broadway, Rock, psycho, intimiste: ce 5e album nous fait passer par un putain de panel d’émotions musicales. C’est riche, peut-être trop. Mais c’est bon... Oh oui!

photo de Cglaume
le 14/02/2016

7 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 14/02/2016 à 12:51:55

Le début de la fin...

Jull

Jull le 14/02/2016 à 18:32:41

Et ce son putain ce son quoi!!!!! La batterie de Bordin est le meilleur son de batterie de ces 30 dernieres années

Geoffrey Fatbastard

Geoffrey Fatbastard le 16/02/2016 à 14:41:52

On dit que c'est le mieux ou on ne le dit pas?

cglaume

cglaume le 16/02/2016 à 16:47:31

Passez devant très cher... Et prenez les tomates ! :P

mcmetal

mcmetal le 17/02/2016 à 12:12:10

9/10 mike patton au sommet de son art , de grands titre la première partie surtout ,moins convaincu par les 2 derniers morceaux

cglaume

cglaume le 17/02/2016 à 12:23:27

Comment comment mr Laurent: pas titillé par la puissante nonchalance de "The Last to Know" ?

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 17/02/2016 à 15:53:24

Pour l'anecdote, Jim Martin fut débranché pour de vrai lors de leur passage à Werchter en 1993. ^^

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