Burial Dance - Structures

Chronique CD album (15:40)

chronique Burial Dance - Structures

Le début de cette deuxième partie de l'année est décidément riche en sorties screamo & assimilés de bonne facture, ce dont je ne saurais me plaindre, étant un consommateur régulier – et assumé – de ce type de friandises.

 

Voyez plutôt : après Hawak, Supine ou encore Demersal, chroniqués récemment en ces pages par moi-même et notre bon camarade Freaks, c'est au tour de Burial Dance (que j'avais tendance à confondre avec Buried Inside en y regardant de pas assez près) de faire grésiller les tympans, en les reliant directement aux artères coronaires. Parce que oui, l'une des caractéristiques principales de ce style musical, c'est tout de même de proposer des plans, des mélodies, des breaks et un chant qui viennent faire vibrer le palpitant.

 

Plusieurs artifices sont généralement utilisés pour atteindre cet objectif. Soit on brode des mélodies aériennes avec un chant souvent clair et des cris vaguement tristounes pour donner du relief, du genre emo-midwest, soit on sature l'espace sonore et on hurle quelque chose qui se rapproche plus de la colère et de la désillusion, et on cale de gros breaks plombants en jouant sur la sincérité de l'époumonage.

Et c'est plutôt dans cette seconde catégorie que l'on inscrira Burial Dance, quand bien même on retrouve quelques breaks mélodiques (généralement strictement instrumentaux) dans les morceaux, notamment sur « At What Cost » et « Nostromo ».

 

Pourtant, avec un nom pareil, on pouvait s'attendre à quelque chose de plus larmoyant, certes sombre, mais plus axé sur la tristesse d'un point de vue des sentiments exprimés. Mais comme le nom de ce LP l'indique, c'est des Structures économiques, sociales et politiques de US que l'on parle ici. Alors le quatuor est un peu énervé, se fait comprendre, et on le comprend.

 

C'était déjà le cas sur leur mini-EP autoproduit A Shadow / A Vessel, sur lequel j'étais tombé par hasard à l'époque, mais dont la très courte durée me l'avait par la suite fait oublier, malgré la bonne qualité des deux pistes qu'il contenait.

 

Sur ce premier (un peu plus) long format, et bénéficiant d'une production plus propre et travaillée, le groupe poursuit dans la lignée de ce qu'il avait alors proposé : un screamo à tendance plutôt émoviolence (on pourra déceler des similitudes notamment avec Heaven in Her Arms sur le titre d'entrée « False Flag Blues », même si à première vue on aurait pu penser – à tort – à une référence à un fameux morceau de Godspeed You! Black Emperor), parfois vaguement blackened, généreux en changements de rythmes et de tempo et agrémenté de quelques breaks plus mélodiques plus contemplatifs qu'exhubérants. Dans le style et dans les intentions, on est vraiment très proche de ce qu'ont proposé les déjà cités Demersal à la mi-septembre, dans la veine de Funeral Diner, A Company of Heroes ou Loma Prieta pour une vision d'ensemble.

 

En ce qui concerne le chant, rassurez-vous (ou pas, selon ce que vous recherchez), pas de voix claires ici. Plutôt saturé et très légèrement en retrait dans le mix, il sait transmettre une bonne dose de passion et de sincérité, et c'est souvent le point qui va modifier mon rapport à un groupe ou à un album, et me donner envie d'y revenir ou non. Ici, c'est pour moi tout à fait convaincant.

 

Il faut dire que quand bien même cette entité, toute jeune qu'elle soit, ne débarque pas non plus de la dernière pluie puisque ses membres proviennent d'autres formations (Au Revoir, The Saddest Landscape, Capacities, A Film in Color) déjà actives depuis plusieurs années.

 

Aussi dès le premier court morceau « False Flag Blues », l'intensité s'installe entre blasts, breaks typiquement screamo, poursuivant sans transition sur « In Frame / Out of Focus », où viennent s'encastrer des sections mid tempo à la limite du post-hardcore, pour tirer ensuite vers un tremolo très saturé et naviguer entre ces eaux-là. Si « Providence » évoquera plutôt des territoires arpentés par Birds in Row qui aurait forcé sur la dose de postcore, « At What Cost » démarre en trombe emoviolence/post-black pour s'abandonner dans un break mélodique réussi et un très beau final.

 

Tous les morceaux ont finalement ce petit quelque chose de post-hardcore qui sert de liant, dans le fond, même si la façade générale est bien différente et plutôt rapide. Mais tous explorent des directions relativement diverses, ce qui est plutôt satisfaisant au moment de faire les comptes.

 

Et à propos de compteur, quinze minutes, c'est court. Les cinq pistes glissent toutes seules et il y a presque une certaine frustration à ne pas avoir plus de matière à se glisser dans les conduits auditifs, parce que Burial Dance offre sur Structures un contenu réellement qualitatif, qui m'a pleinement convaincu dès la première écoute. Je sais fort bien que c'est aussi inhérent au genre de proposer des albums courts (en tout cas pour les groupes qui jouent plutôt dans la catégorie emoviolence), mais je n'aurais absolument pas été choqué d'avoir quinze minutes de plus à avaler, bien au contraire. Mais si cela évite de faire du remplissage et de finir avec quelque chose de trop surfait, alors ça me va aussi d'en rester là.

 

Bref : un disque vibrant, sincère, qui articule intelligemment emoviolence et post-hardcore pendant un gros quart d'heure, et dont je recommande sans hésiter l'écoute à quiconque apprécie le style. L'une des très bonnes sorties de l'année dans ce registre, qui reviendra souvent résonner dans mon salon.

photo de Pingouins
le 08/10/2021

1 COMMENTAIRE

Freaks

Freaks le 09/10/2021 à 17:09:01

Y a d'la tension dans l'air ;)
Excellente sortie.. le nom de Saddest landscape donnait déjà quelques garantis ;)

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