Capra - In Transmission
Chronique CD album (32:27)

- Style
Punk-hardcore à tiroirs - Label(s)
Metal Blade Records - Date de sortie
23 avril 2021 - écouter via bandcamp
Jeune groupe issu d'une région du monde plus habituée à accoucher de groupes de sludge qui râclent bien la poussière, Eyehategod par exemple, Capra, avec ce premier album In Transmission, s'émancipe des clichés des exportations musicales de Louisiane en délaissant les ambiances sales et traînantes pour aller envoyer un pavé beaucoup plus frontal et à multiples tiroirs.
Ouvrez celui-ci que des émanations de black metal s'en dégagent. Si l'on ne se fiait d'ailleurs qu'à l'intro et au début de la première piste (« Hollow Doll »), avec larsen et tremolo picking qui pose une ambiance déjà bien sombre, pas grand chose ne porterait à croire que l'on a ici affaire à un groupe dont l'ossature centrale est résolument punk-hardcore. On retrouvera des sensations blackisantes similaires sur le morceau de cloture « Samuraiah Carey ».
Ouvrez celui-là, et entre toutes les babioles ce sont des riffs plutôt post-hardcore qui viennent vrombir dans les enceintes ou les écouteurs (« Transfiguration »).
Dans cet autre, au milieu, des touches de hardcore chaotique qui peuvent évoquer tantôt l'ombre de Botch ou de guitares tranchantes à la Breach (juste l'ombre, hein, n'exagérons pas), en tout cas, au-delà des comparaisons douteuses, des plans comme on aimait en faire au début des années 2000. Pas beaucoup de poussière sur ce tiroir là, on sent bien qu'ils l'ouvrent souvent. Après tout, l'artwork de la pochette fait lui aussi un peu penser à un petit disque de ces années-là, un certain Jane quelque chose.
C'est à partir du troisième morceau que l'on perçoit ce dans quoi sont rangés ces tiroirs, en rentrant sur un terrain décidément plus hardcore, terrain qui sera la base sur laquelle se construira une bonne partie du disque. Il se structure en un mix de riffs un peu plus old-school et de choses plus modernes, toujours en ouvrant ces petites boîtes pour ajouter ici et là des assauts powerviolence, plus loin des parties plus groovy (« Paper Tongues »), et d'autres petites surprises disséminées tout au long de la grosse demi-heure que dure In Transmission.
Alors, me direz-vous, cette decription peut correspondre à pas mal de groupes qui sillonnent l'autoroute de nos tympans ces dernières années. Mais le petit plus, peut-être, c'est que les membres de Capra parviennent à utiliser leur boîte à outils sans que ça ne soit surfait ou trop téléphoné, en donnant l'impression d'un résultat assez abouti, complet et varié.
« Medusa », plus long titre de l'album avec ses 4 minutes et quelques, et qui a aussi été choisi par le groupe pour faire une vidéo, en est un parfait exemple : la cavalcade punk-hardcore en constitue le pilier central, mais de gros breaks plus chaotiques viennent mettre de bonnes gifles par là-dessus, le tout dans une ambiance plutôt sombre, avec une chanteuse qui ne se donne pas de répit.
Côté chant, puisque l'on en parle, Crow Lotus (parfois secondée par un autre vocaliste pour rajouter de la profondeur) scande ses textes et sa colère d'une voix relativement peu hurlée (pour un groupe du style), plutôt criée, assez claire et distincte, et qui à la longue peut parfois sembler un peu monotone sur certains morceaux, mais qui s'adapte finalement très bien au style de musique pratiqué et à ses paroles : entre contestation et désespoir existentiel, c'est un bel exutoire que de pouvoir gueuler tout ça.
Bref, un bon premier effort pour les cinq de Louisiane, qui devrait ravir les adeptes du genre. Si l'on sent que le groupe est encore jeune, on attend volontiers et avec curiosité le prochain, qui, avec plus d'expérience accumulée et une personnalité de plus en plus affirmée, devrait réserver de très belles choses.
P.S. : Dans un registre proche, pour les amateurs et amatrices du genre et avec une voix plus hurlée, je ne saurais que trop conseiller de vous jeter sur le dernier Amygdala, il y a toutes les chances qu'il vous plaise aussi, histoire de faire d'une pierre deux coups.
5 COMMENTAIRES
Tookie le 01/09/2021 à 10:37:25
J'vais peut-être me la jouer Emmanuel Macron, mais c'est l'album du "en même temps" :
Simple, direct mais, en même temps, propre et travaillé.
Défouloir primal mais, en même temps réfléchi.
Bourré de touches classiques et en même temps moderne.
De la Start-up hardcore comme ça j'en veux plein.
(Ha et la pochette me rappelle celle de ce groupe de screamo français : Draft sur Slow motion suicide. Rien à voir mais j'avais envie de le dire et éventuellement rappeler aux bons souvenirs de cette demi-décennie durant laquelle la France se mettait à faire du screamo)
Freaks le 01/09/2021 à 12:21:14
Tout est stylé dans cet album, la pochette inclus effectivement ;)
Aaaahhh les Havrais de Draft, que ce groupe m'a fait vriller... A l'époque j'ai même appris à screamer en calant Slow Motion Suicide a toute berzingue dans la bagnole Aha! J'ai pourtant jamais réussi à approcher l'émotion que Jean Marc mettait dans ses déchirements vocaux. Un tueur en live...
Bref! comme tu dis Tookie... Que de bons souvenirs... :)
Crom-Cruach le 01/09/2021 à 18:48:26
Son de batterie de chiotte mais le reste vrombit et postillonne à l'avenant.
Pingouins le 01/09/2021 à 20:54:03
Ah ben merde alors, vu les retours j'ai l'impression d'avoir été un peu frileux sur la note ! Mais bon tant que la musique plait, on s'en fout :)
pidji le 02/09/2021 à 11:37:52
+1 pour la batterie, dommage !
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