Capsule - No Ghost

Voici un groupe dont les sorties sont à suivre avec attention. C’est totalement par hasard que je l’ai découvert et je ne voudrais pas laisser notre lecteur type aux fines oreilles passer à côté de Capsule. L’album précédent, Blue, tout bonnement incroyable distillait un savant mélange de chaos et de mélodies dans son hardcore. Touchant parfois à la noise, ou calmant le jeu, le groupe sait se diversifier et attaque toujours avec justesse les tympans aguerris de son auditoire. Fort de cet album, le groupe a su conquérir un public exigent et croulant sous les groupes du genre, découvrons donc ce que Capsule cuvée 2011 à de neuf à nous proposer.

No Ghost, le bien nommé change un peu la donne comparé à son prédécesseur, arborant plus fièrement l’étendard d’une noise franche du collier que celle d’un hardcore chaotique et violent. Moins rampante que ses mentors mais plus mélodique et aussi plus véloce, la musique de Capsule a su garder ses éléments les plus fins de son riffing particulier qui transparaissaient déjà dans Blue, et a décidé de les mettre en avant, notamment grâce aux lignes vocales plus soutenues et moins braillées. Si la batterie continue de cavaler, la basse trouve plus de place dans les lignes mélodiques et les grattes crunchy donnent une saveur plus subtile à l’ensemble, moins agressive et plus coulante (la prod y étant pour beaucoup).

La voix, quant à elle, a véritablement la part belle dans ce disque. Si dans Blue elle était noyée derrière un déluge sonique, ici elle prend toute son importance, clarifiée et nettement en avant dans le mix. La recette fonctionne ainsi très bien, donnant clairement de la personnalité à l’ensemble (et une atmosphère feutrée grâce à la prod) mais peut écœurer si on se tape la même tablée toutes les semaines. Capsule va devoir nous étonner à l’avenir à deux niveaux : sur les formats de morceaux et sur des dynamiques de morceaux différentes. L’habitude des morceaux plus rentre-dedans de leur début leur est restée semble-t-il, car la plupart des titres voguent entre 1 et 2mn50. Vu la densité de ces titres, on se retrouve vite lassé de ces lignes de chant et de ces guitares barrées, c’est ce que j’appelle « l’effet mathrock ».

En revanche, là où Capsule excelle véritablement, c’est sur des formats plus longs, où toute sa musique peut prendre de l’ampleur, et s’étaler sur plusieurs dimensions, s’aérer, bref nous faire aussi respirer. Des titres comme « Future World Citizen » ou « Rylan » suivi du superbe « Isn’t Us », ont largement plus de temps pour se dévoiler à nous et ainsi ne tombent pas dans la surenchère ou dans des structures trop denses. Quand on écoute en détail ces morceaux plus longs, la linéarité des lignes de chant y disparaît totalement, et on aimerait même qu’ils durent encore 3/4minutes de plus pour prendre toujours plus d’ampleur.

J’attendais beaucoup de ce disque car j’ai le sentiment que Capsule peut apporter sa pierre à l’édifice, mais ce No Ghost semble être une phase de transition, plus que l’apogée musicale du groupe. Ce, à cause d’une certaine linéarité et densité qui peut rendre ce disque indigeste malgré ses qualités intrinsèques au niveau écriture et sensibilité. Il ne suffirait pas de grand-chose pour transformer cet album trop plein en pièce maîtresse, et j’espère de tout cœur que ça sera pour la prochaine fois car Capsule est un met délicat et suffisamment rare pour mériter toute notre attention et notre passion. Attention à l’assaisonnement tout de même.

Viking Jazz

le 10/10/2011