Cave Ne Cadas - Era of Rupture

Cave Ne Cadas, formule latine signifiant « Prends garde à la chute » est aussi le nom que s’est donné le combo Hardcore Rennais. Après un No Border// No Nation qui ne manquait pas de panache Anarcho-punk, le groupe revient 4 ans après cet effort pour nous livrer un Era Of Rupture plein de riffs désenchantés et d’un réalisme politique qui fait toujours mal aux utopies.

Un album qui s’ouvre sur le souffle continu d’un Dj Ridoo, accompagné de la bande son de Shining. Du moins, c’est ce que m’inspire cette introduction. Une ouverture inquiétante de mystère. La suite vous la connaissez déjà, les accords tombent de hauts et viennent poser les quelques bases de l’album. Dans cette entame instrumentale, on retrouve un peu de ce que Nine Eleven avait fait sur Sentinel, le son se rapprochant aussi de celui des Tourangeaux-Caennais, notamment sur les accords aux tonalités mediums. Ambiance crypto Post-Hardcore dévoilée, les beats binaires et Crusty vont pouvoir faire décoller Era Of Rupture et lui donner enfin son caractère Punk. En effet, l’album peine un peu à dévoiler sa ligne de fuite, quelques balbutiements lourdauds sur « Karma Kancer » nous renseigne peu sur l’identité intrinsèque du groupe. Il faudra bien attendre plus de deux minutes pour que les tours montent et que l’énergie se déploie.

Nous y sommes ! le deuxième titre « Rapist », la crudité, la vélocité et la férocité sont de mises sur un titre qui dans son final lorgnerait presque sur des lignes Black. Un titre très bien construit qui n’autorise aucune équivoque, l’efficacité Hardcore et la méchanceté des lignes vocales donnent au propos la consistance Hardcore qu’il manquait peut-être sur l’entame du skeud. « Era Of Rupture » est le titre éponyme, le plus soigné dans son écriture. Un titre qui cavale hostilement (le D-Beat aidant) et ou les combos de skills sont nombreux. Le tempo retombe sur un pont metalcore aux accents presque Sludgy. Une petite parenthèse fermée avec une série d’arpèges bouclée et mélodiquement stridents contrebalancée par une rythmique toujours aussi univoque dans son envie d’en découdre.

Les guitares de « Bankster of Death » me font une fois n’est pas coutume repenser à Sentinel de Nine Eleven. Un morceau à géométrie variable dans lequel on retrouve étonnement un solo très Heavy. Les Rennais sont là pour s’éclater on le sent. Un final radicalisé par la double pédale même si le son de la gratte en lead n’y est pas du tout. Bien trop clair pour ce final d’ampleur, la guitare irai très bien si la prod se voulait Garage. C’est dommage ! ça casse un peu la dynamique et contre joue la saucée rythmique que l’on prend. Le petit cri d’oiseau carnassier qui ponctue ce titre, un peu à la manière de Jacob Bannon fait plaisir à entendre. Un petit détail qui compte et enthousiaste le fétichiste de circonstance que je suis.

Pour finir l’album on restera dans l’ensemble sur des emprunts à la scène Crust, Metalcore et Punk. Des articulations et intentions dont les tournures sont convaincantes. On regrette seulement le manque d’accroches mélodiques quand les guitares se retrouvent à plaquer l’émotion lors de succins arpèges. L’approche sur Era Of Rupture reste foncièrement Hardcore donc ma remarque vaut ce qu’elle vaut, j’en attendais peut-être un peu plus au niveau du riffing et des lignes mélodiques.

Gros point positif sur Era Of Rupture, même si dans l’ensemble tout fonctionne, les lignes de chant. Les voix sont omniprésentes voir un peu trop généreuse dans le mix. Pas de malaise ! elles sont agressives et invectivantes comme on aime donc c’est cool.

Era Of Rupture est un album de qualité qui fonctionne très bien, c’est peut-être malheureusement son plus gros défaut, son coté trop fonctionnel et une dispersion qui contrarie un peu l’attachement que le groupe mérite pour autant.

Freaks

le 13/12/2021