Chon - Grow

Chronique CD album (34:11)

chronique Chon - Grow

« … Votre mission, si vous l’acceptez, consistera à chroniquer Grow, premier album des américains de Chon, sans faire de blagues foireuses à base de Patachon, Reblochon, Bidochon ou Cornichon. Si vous veniez à commettre ce genre de calembour lamentable, la rédaction de CoreandCo nierait avoir eu connaissance de vos agissements. Ce promo s’autodétruira dans 3… 2… 1… »

 

Arf, ça va être dur… En même temps qu’elle idée d’avoir choisi un tel patronyme? Certes, aux You-Esse-È, quand tu appelles un film « Tron » ou un groupe « Chon » (« Tchôn’ », limite « John », même, je suppose), ça fait tout de suite moins accent berriChon (Attention…). Mais quand même, là il y a un vrai risque qu’on ne le range pas avec les serviettes: il a eu tort, Chon, sur c'coup-là! (… 1ere sommation!)

 

Bon alors Chon: qui, quoi, qu’est-ce? Eh bien cette formation se place en plein dans la mouvance moderne « Le Prog instrumental est dans le pré » de Scale The Summit, voire du 1er Animals As Leaders (hop: c’est le bon moment pour signaler que Matt Garstka – le batteur de AaA donc – apparaît sur « Book » et « But ». Là, c'est fait), mais sans cette touche Djent qui en irrite certains. Car la musique des américains, loin de se crouter les genoux sur les graviers de la Saccade Tout-Puissante, adopte une approche fluide, délicate, qui dévale les vertes pentes en une riante course (… façon La Petite Maison dans la Prairie, c’est ça). Ici les oiseaux gazouillent, les pétales s’ébrouent pour faire couler la rosée, et les papillons nous chatouillent les tempes de leur volètement amical…

 

Non non, je n’ai rien fumé et ne souris pas bêtement à mon écran en laissant échapper un filet de bave: c’est vraiment le type de sensation que l’on ressent quand on est exposé au tapis de mousse que Drew pose à la basse, aux pétillements de la batterie de Nathan, et au complexe mais doux entrelacs de notes tressé par les guitares de Mario et Erick. On a même parfois l’impression de traverser les criques paradisiaques d’And So I Watch You From Afar, ceci même si les natifs de San Diego ont troqué le côté Snorkies barjots des Irlandais du nord par un côté plus sage – plus scout presque.

 

« Mais mais… Pourquoi il casse ce joli tableau plein de lumière avec une référence sarcastico-couteau-dans-l'dos aux scouts le vilain chroniqueur? »

 

C’est histoire de vous rappeler, ami(e)s lecteurs(/trices), l'habituel penchant "Neuneu Metal" du label Sumerian Records, et surtout d’aborder le Couac suivant: s’il reste pendant 10 morceaux dans le registre purement instrumental, sur « Can’t Wait » et « Echo », le groupe s’essaie au chant… Et il faut bien reconnaitre que ces complaintes doucereuses nous donnent envie d’aller affuter notre baïonnette à même le râpeux de leurs omoplates. Bordel que c’est « niaiseux » – comme diraient les cousins du grand Nord-américain! A un tel point que ça irait presque jusqu’à entacher l'immaculé flot des autres morceaux, dont on imagine qu’ils auraient pu, eux aussi, « bénéficier » de cette atroce enluminure gluante et sucrée. Car on réalise que – merde c’est vrai: la plupart des titres de l’album auraient tout à fait eu le potentiel pour passer sur les ondes "grand public" – voire même chez Drucker –, ceci sans nullement heurter les oreilles de Mme Michu. D’autant que, contrairement aux us et coutumes de Progland, les morceaux du groupe naviguent souvent entre 2 à 3 minutes, ce qui rend la chose d’autant plus facilement assimilable.

 

...Dis-donc: il ne le pousse pas un peu loin, le bout, Chon? (… 2e sommation!)

 

Mais quels que soit les éventuels / occasionnels excès de guimauve, comme c’était déjà le cas avec le 1er album de Rendezvous Point, on pardonne très vite à la jeune formation. Car on fond complètement au contact du bienveillant et frais « Book ». On pétille au diapason avec le début de « Fall », puis on s’abandonne avec des frissons de volupté au farniente ensoleillé proposé par son accueillant prolongement… On écarquille les esgourdes avec attention et plaisir sur le florilège « Perfect Pillow », et plus encore sur le foisonnement miraculeux « Splash ». Geysers de notes espiègles, délicats flocons duveteux, coups de pinceaux experts, scintillements mutins, fins jets d’eau malicieux… On a l’impression de se promener, un verre de punch à la main, entre les bougainvilliers et les banians, dans l’amical réseau de rayons de soleil tissé par les branchages exotiques du  jardin botanique de Deshaies...

 

Vous l’aurez compris: certes il fait dans le « Prog Moltonel épaisseur triple », mais sa musique a du caractère – genre art-déco – Chon (3e sommation!). Les amateurs de Scale The Summit, d’experts tricotages et de musique respectueuse de l’environnement vont kiffer. Par contre si tu n’aimes pas que le Metal te caresse délicatement dans le sens du poil, je te le soutiens Georges: tu n’aimeras ni Grow, ni Chon (‘fallait la faire… Non?4e sommation: PAN!)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Pieds nus dans les herbes, le soleil amicalement posé sur l'épaule, près du ruisseau qui rigole follement: c’est Grow, le 1er album de Chon, qui passe dans tes écouteurs. Batifolant à proximité des terres de Scale the Summit et And So I Watch You From Afartu te sens bien, en accord avec la nature... (d'ailleurs prends garde ou tu vas finir par avoir envie de te taper un écureuil !)

photo de Cglaume
le 12/02/2016

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