Blighted Eye - Agony's Bespoke
Chronique CD album (61:01)
- Style
Death Prog un peu mélo mais pas trop - Label(s)
Beyond the Top Records - Date de sortie
20 septembre 2024 - Lieu d'enregistrement Ghostalgy Prods
La news de Papi est tombée le 16 juillet mais, trop et mieux occupés par vos vacances , vous n’avez peut-être pas fait trop attention alors que derrière le jeu de mot (dont seul lui a le secret) qui l’introduisait se cachait peut-être bien l’annonce d’un banger...Un banger ultime en ce qui me concerne...
Et pourtant...
Blighted Eye s’est formé récemment, en 2019 et après un EP et quelques singles, ce groupe qui réunit des membres Aethereus, Mesmur et Pantheist et se réclame de d’Opeth, Swallow the Sun, Rotting Christ et Dark Tranquility (pour le name dropping, je pense qu'on est bon là) accouche de son premier bébé avec Agony's Bespoke . Un disque étiqueté comme Progressive Blackened Death Metal. En plus, les 4 gadjos viennent d’un endroit froid, déprimant, soit grisouille, soit grisâtre, situé au nord et où il n’y a pas grand-chose à faire. Je vous le donne en mille : Seattle ! Seattle ? Bah ouais, Seattle... Bon, passons sur la provenance, pour le reste je ne vais pas vous mentir, des tableaux comme celui du paragraphe au-dessus, j'en vois passer pas mal dans la boîte aux lettres de CoreAndCo et je peux vous dire qu’y a d’la croute, y a d’l’amateurisme et du barbouilleur en pagaille.
Et pourtant...
Tous les FFO annoncés sont effectivement au rendez-vous, à part Dark Tranquility que j'ai toujours trouvé un peu trop mélo. Par contre, on trouve aussi du Abysmal Dawn (en moins dawn) ou du The Arcane Order pour des références plus actuels. Mais c'est clairement pas du barbouillage qui mange à tous les râteliers. Là, on est plutôt sur du Caravage. La comparaison est peut-être dithyrambique mais c'était histoire que vous voyiez le tableau ! Surtout que le Caravage, il était connu pour sa maîtrise du clair-obscur et...Blighted Eye semble avoir décliner la version musicale de cette dinguerie picturale. Si leur death progressif n'est pas d'une originalité confondante, il fait preuve d'une qualité d'écriture surprenante, jonglante entre des phases lumineuses et d'autres ténébreuses avec une assise death metal indiscutable.
Le format est dense, une belle heure pour 9 pistes, attendez-vous à faire un long voyage et si c’est parfois à bonne vitesse, on est plutôt sur du mid-tempo qui se balance parfaitement entre lourdeur pesante et envolées épiques.
Technique, non ! Death-metal, oui ! Rien de savant ici et la grille de lecture est facile, tout s'enchaîne bien, les leads sont abordés à l’ancienne, ça tricote mais on n’est pas sur instagram à faire le kéké pour choper du followers. Ca envoie du gros mais ce n’est pas non plus du death dégoulinant qui sent la viande froide. Il y a bien un côté "mélo" mais finalement très subtile, comme une ceinture de sécurité pour ne pas tomber dans le death acide et violent. Côté basse, on est sur de la cinq cordes, donc va falloir tendre l’oreille, un peu trop peut-être. Quelques mises en avant plus fréquentes de ces grosses fréquences auraient été bienvenues. Le parent pauvre habituel même si ce style a plutôt tendance à lui donner de la place. Mais pas là...En tout cas, pas assez.
La voix est divine dans toute sa méchanceté. Le timbre est très savamment à mi-chemin entre voix black et voix death growlée et joue de ce curseur laryngique avec une facilité déconcertante. Et quand les cleans s’invitent à la fête, c’est beau, c’est harmonisé avec talent, ça en fait pas des caisses. Je me suis même dit « C’est ouf, on dirait Opeth mais sans le côté verveine/camomille/j’ai mangé la mousse des arbres ». Par contre, c'est en mode "surement mais rarement".
La prod est d'une propreté immaculée. Les guitares ont ce gain très maîtrisé, presque léger mais qui prend ton son essor grâce à une attaque franche des guitaristes et un très beau mixage...Un peu comme ce qu’on peut trouver chez Gorod (par exemple): c’est vivant, chaleureux, très rond, à peine piquant. Le jeu est droit mais le son respire. L’ensemble est très circonscrit (ça ne dégouline pas de partout) et enveloppe confortablement l’auditeur dans l’intention épique et/ou inéluctable de la musique; un mixage qui limite la fatigue et donc tout à fait adapté au format long de l'album.
Car Agony's Bespoke est long. Bien que ce soit un sans faute du début à la fin, on peut tirer un peu la langue au troisième tiers du parcours. Ce n’est pas de l’ennui, ce n’est pas non plus la densité de l’ensemble (bien que les compositions soient très riches) mais il y a peut-être une certaine linéarité entre les titres, leur présentation et l’intention. C’est évidemment normal mais sur une heure, ça peut être long. Les fans de prog habitués n’en feront qu’une bouchée de pain, les plus pressés y reviendront aussi mais à l’occasion d’un morceau ou deux.
S'il n'est pas d'une originalité incroyable dans sa catégorie, Agony's Bespoke est un album ultra solide, sans aucune faute de composition, maîtrisé du début à la fin quand bien même celle-ci serait un peu loin pour certains. Porté par une écriture riche mais très lisible, il s'en dégage de très bonnes vibes, sombres, intenses, mélodiques et dures mais sans un quelconque pessimisme musical qui écraserait l'ensemble, et mieux encore sans le côté verveine/camomille du mélo. Que ce soit en musique de fond ou en écoute active, à l'occasion d'un titre pris au hasard ou dans son ensemble (si vous avez l'endurance), ce sera un album avec lequel on revient avec le même plaisir.
On aime bien: le côté clair-obscur musical, un excellent album de death prog, le travail sur les voix, du death mélo qui dose parfaitement le mélo, l'artwork (signé Caelan Stokkerman)
On aime moins: une basse un peu absente, des cleans de qualité mais un peu rares
3 COMMENTAIRES
cglaume le 30/10/2024 à 09:30:44
"on dirait Opeth mais sans le côté verveine/camomille/j’ai mangé la mousse des arbres"
🤣🤣🤣🤣
Crom-Cruach le 30/10/2024 à 11:17:37
La pochette fait référence à The Nightingale, chef d'oeuvre traumatisant de Jennifer Kent de 2018.
Crom-Cruach le 30/10/2024 à 11:19:33
Nom du septième titre d'ailleurs...
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